10 octobre 2018
10 octobre 2018
Temps de lecture : 5 minutes
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Autonomy, trois jours pour mettre la mobilité au coeur des débats publics

Depuis 2015, le salon Autonomy s'est fait une place de choix sur la scène des événements français incontournables sur le monde de demain. Dédié à la mobilité urbaine, il marque un temps de pause collective et réunit entreprises, usagers, citadins et industriels qui souhaitent échanger sur la façon dont nous nous déplacerons demain. Aymeric Weyland nous raconte en quelques questions la prochaine édition qui aura lieu à la Grande Halle de La Villette.
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Maddyness : Pourquoi vous êtes-vous initialement lancé dans la création d'un salon dédié à la mobilité ? Quelle a été la genèse de cet événement ?

Aymeric Weyland (Directeur Général d'Autonomy). A l'origine de la création d'Autonomy en 2015 il y a trois constats, qui alimentent tous l'obsolescence de la voiture comme mode de transport unique et universel :

  • le constat d'une trop grande quantité de voitures dans nos villes européennes, lourd héritage de décennies d'auto-solisme. La résultante est assez criante à Paris, dont 50% de l'espace est dédié aux infrastructures routières, tandis que seuls 17% des parisiens conduisent ! Un mode de transport qui ne convainc donc déjà plus les citadins, et qui ne répond pas non plus aux nouvelles problématiques de mobilité.
  • le constat d'une congestion de plus en plus problématique dans nos métropoles. Et pour cause, dans la capitale, 90% du parc automobile demeure immobile la plupart du temps. Or nous sommes convaincus que les solutions digitales doivent pouvoir permettre d'organiser plus efficacement le flux.
  • le constat de villes malheureusement en conséquence de plus en plus polluées. Nous en avons la démonstration tous les jours, la plus récente étant une hausse de 30% de la qualité de l'air à Paris lors de la Journée sans Voiture du 16 octobre dernier. Au delà d'une nécessaire prise de conscience de la dangerosité des énergies thermiques, nous souhaitions que les citoyens découvrent d'autres solutions de mobilité, plus respectueuses de l'environnement mais aussi de leur organisme (avec la mobilité dite active : vélo, trottinette...)

Nous avons donc créé Autonomy, persuadés que les points de rencontres physiques sont in fine les meilleurs vecteurs de messages aussi puissants. Et nous avons choisi Paris car notre capitale a intrinsèquement tous les atouts pour devenir la capitale mondiale de la mobilité (écosystème entrepreneurial puissant, savoir-faire industriel historique, réseau d'infrastructures très dense, engagements politiques certains...) ! 

Maddyness : Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’événement, de la première édition en 2015 à aujourd'hui ?

Aymeric Weyland. La première année nous a permis de tester l'appétence des acteurs publics pour les questions de mobilités, mais aussi celle des entreprises privées et des citadins. Cet intérêt, nous l'avons confirmé en année 2 avec une prise de parole encore plus pregnante des institutionnels. Cette année, c'est évident, la mobilité est au coeur des débats publics. En tête des sujets : les partenariats publics / privés avec l'illustration des échecs Vélib' et Autolib'. Côté innovation, les projets sont de plus en plus nombreux, boostés par une nouvelle mais néanmoins puissante concurrence américaine et chinoise.

 

Maddyness : Quelles sont les nouveautés cette année sur le salon ?

AW. En termes de thématiques abordées, nous ne pouvons que constater le déploiement rapide et massif des trottinettes électriques ! Plus de 10 exposants proposeront cette année des démonstrations de nouveaux prototypes et le sujet sera au coeur des débats et annonces. Le sujet de la multi-modalité des acteurs historiquement focalisés sur un seul mode de transport sera également débattu.

En termes d'évènements, les nouveautés sont : 

  • Future Of Fleets : programme inédit destiné à rapprocher les gestionnaires de flottes des entreprises innovantes de mobilité.
  • Un Open Innovation Challenge : organisé par La Fabrique des Mobilités, cet atelier participatif permettra de réfléchir à la production de ressources ouvertes utiles aux communautés des mobilités.
  • Une journée gratuite et ouverte au Grand Public (le 20/10) : pistes d'essai, ventes privées...
  • Une scène de pitchs au coeur du salon pour les startups sélectionnées par le programme Funding The Movement.

Maddyness : Quelle place donnez-vous aux startups françaises et internationales sur les trois jours de salon ?

Une place centrale et renforcée cette année. Nous avions lancé en mai dernier un appel à projets "Funding The Movement", pour lequel nous avons reçu plus de 110 candidatures de startups à travers le monde. Nous en avons aujourd'hui sélectionné 20, dont 7 sont françaises, qui auront l'opportunité de pitcher sur le salon, devant un publics de VCs et d'incubateurs de l'écosystème.

Il nous parait essentiel de favoriser ces rencontres sur Autonomy en ce que nos pépites, a fortiori européennes, ont un besoin crucial en financements pour exister davantage sur la scène internationale face à une concurrence américaine et chinoise très organisée.

Maddyness : Quelles relations Autonomy entretient avec ses partenaires (groupes automobiles, gestionnaires de réseaux...) et quel rôle ont-ils à jouer dans l'émergence de nouvelles solutions de mobilité ?

AW. Nous avons avant tout un rôle d'ambassadeur, en ce que nous promouvons leurs solutions et actions auprès des institutionnels, puis un rôle d'entremetteur, en ce que nous mettons en relation ces acteurs privés très innovants et les décideurs publics à même d'acheter et de déployer leurs services.

Maddyness : Est-ce que les villes sont prêtes pour la révolution des solutions de mobilité ?

AW. Aujourd'hui non. Les infrastructures routières prennent encore trop de place, la régulation est balbutiante (exemple de la trottinette sur les trottoirs)... Tout cet écosystème se cherche encore mais nous sentons une réelle volonté des villes, qui s'y préparent solidement.

Maddyness : On parle beaucoup des véhicules autonomes mais qu’en est-il des infrastructures qui peuvent les accueillir ?

AW. D'un point de vue strictement technique, les véhicules autonomes sont prêts. En revanche, ni les infrastructures, ni la législation ne l'est ! Et si la route sera longue... chaque pas sera également couteux. C'est aussi pour cela que se développent rapidement les alternatives aériennes, telles que les jets Lilium ou encore le drone Volocopter, qui sera présenté en avant-première sur Autonomy cette année.

Maddyness : Quels sont d’après vous les 3/4 grands enjeux de la mobilité d’aujourd’hui et de demain ?

  • La réussite des partenariats entre publics et privés
  • La concentration des informations : de plus en plus d'applications et de possibilités de services de mobilité qui doivent être rassemblées par les collectivités et territoires
  • L'"après énergie thermique" et l'essor de l'électrique
  • Les révolutions d'usage et la fin de l'auto-solisme
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