“AI is the new electricity“. Cette phrase d'Andrew Ng, fondateur de Coursera et ancien directeur de l'IA de Baidu, était certainement l’une des plus marquantes au sujet de l’intelligence artificielle. Andrew Ng, expliquait au Stanford MSx Future Forum que l’intelligence artificielle est une révolution aussi forte que celle de l’électricité qui enclencha la 4e révolution industrielle. 

L’intelligence artificielle est une révolution. C’est vrai. Mais toute révolution soulève une question emblématique sur la nature de cette révolution et surtout sur son avenir. Ces questions peuvent être résumées par une interrogation unique de nos jours : valorise-t-on correctement cette révolution ou participe-t-on à la création d’une bulle ?

On compare souvent la révolution de l’intelligence artificielle, que l’on vit actuellement, avec celle d’internet en 2000. Des milliers de startups qui se créent, 3.2 milliards d’investissements dans des startups en 2012 et plus de 17 milliards en 2018. Google Brain devient Google AI. Un marché à plus de 3 trillions. Une technologie qui révolutionne toutes les industries sans exception. Un intérêt des médias qui ne s’arrête pas. Une méconnaissance de ce que cette technologie est ou implique réellement. Des scénarios prédictifs sur le futur de l’emploi qui n’ont aucun sens… 

Et c’est vrai. Nous créons donc une forme de bulle. 

L’afflux massif des financements en intelligence artificielle n’est pas encore justifié pour certaines sociétés. Une bulle se crée lorsque la valeur d’un actif n’est pas justifiée par les mécanismes d’offres et demandes de marché. A titre d’exemples, j’aime beaucoup le cas de la voiture autonome. Des centaines de millions sont investis dans des dizaines de startups (Pony.ai, Drive.ai, Zoox etc..) sur un time frame de 5 à 7 ans pour un fonds d’investissements. 

Mais si on considère les mécanismes éthiques et sociaux à mettre en place avant de voir cette technologie évoluer au grand jour comme la responsabilité en cas d’accident, les lois et règles du code de la route à mettre à jour etc. Nous n’aurions pas investi un euro. Il y aura un retour à la réalité fracassant pour ces fonds, parce qu’à mon sens cette technologie ne sera pas accessible avant une quinzaine d’années et ce même si elle est mature d’un point technologique. La bulle éclatera. 

Néanmoins, il existe une différence fondamentale entre la révolution que l’on vit et la bulle internet qui réfrénera les conséquences économiques.

En 98, HTTP était un nouveau protocole fondamental qui faisait office de nouveau paradigme pour toute personne qui n’avait jamais imaginé possible la communication d’ordinateurs via un réseau. L’intelligence artificielle est une révolution technologie certes, mais n’est pas à l’origine d’un changement de paradigme, c’est une couche supplémentaire à ajouter au-dessus du web. Elle n’existe pas sans le web. J’aime beaucoup cette référence à Frank Chen, Partner D’Andreeseen Horowitz, qui explique que c’est la 3e révolution plateforme après celle du cloud et du mobile. Ce sont 3 révolutions qui évoluent en périphérie d’Internet. Et donc difficile de comparer ces deux révolutions en termes d’impacts.

Je rejoins néanmoins Stéphane Mallard qui explique que l’IA n’est une simple révolution non plus car elle s’attaque à l’outil propre de l’humain : son cerveau. Là où les autres révolutions comme la lecture, l’électricité ou Internet n’étaient que des extensions d’attributs humains comme la mémoire ou la communication.