Cofondée en juin 2017 par Clément Goehrs et Louis Letinier, deux jeunes médecins, et un ingénieur, Bruno Thiao-Layel, Synapse Medicine a pour mission de rendre véritablement accessible une information médicale fiable. Pour cela, ils ont mis en place une plateforme en ligne à destination des médecins, qui offre deux fonctionnalités principales. La première prend la forme d’un assistant virtuel intelligent spécifique au domaine médical, à qui le médecin peut s’adresser en posant des questions – à l’écrit ou à l’oral – au sujet de médicaments, et ce afin d’obtenir des informations à leur sujet.

" C’est vraiment le Google Assistant du médicament ", compare le Dr Goehrs. " On peut lui poser toutes sortes de questions comme : est-ce que je peux utiliser tel médicament pour telle situation ? Quelle est la dose recommandée pour tel médicament ? Quelles sont les contre-indications ? " C’est à partir de ces questions-là que l’assistant peut s’activer de manière automatique et fournir des réponses claires, lesquelles sont régulièrement mises à jour.

La deuxième fonctionnalité de la plateforme est sa capacité à analyser une ordonnance qui a déjà été prescrite. " Il suffit de prendre une ordonnance en photo avec son smartphone pour être renseigné sur les médicaments qui ne seraient potentiellement pas appropriés pour des raisons spécifiques de cas, de dosage ou d’interaction avec d’autres médicaments de la liste. Le médecin peut ainsi l’ajuster très rapidement ", précise le Dr Goehrs.

L’analyse de documents médicaux : clé de voûte de la startup

La plateforme reste constamment en veille et alimente ses résultats à partir de plus de 30 000 documents médicaux référencés, dont 15 000 présents sur des sites dédiés aux médicaments. Pour cela, ses algorithmes parcourent des milliers de fichiers en permanence, en tenant compte des mises à jour disponibles. Grâce au NLP (traitement automatique du langage naturel), qui s’appuie notamment sur des réseaux de neurones, les informations fournies par les documents sont traduites et structurées en une vaste base de données, à laquelle les utilisatrices et les utilisateurs ont accès, suite à une requête. " C’est la rencontre de plusieurs facteurs qui a séduit les investisseurs, notamment le fait que l’on soit une boîte de Deep Tech avec une vraie technologie pour laquelle nous avons un brevet ", explique le Dr Goehrs.

" En outre, nous avons répondu à un véritable besoin de terrain, grâce aux constats des médecins de notre équipe, et cela a été vérifié par nos utilisatrices et utilisateurs, composés de 350 médecins, pendant les six mois de phase de test ", ajoute-t-il. En effet, dans la pratique quotidienne, l’accès à des informations fiables pour prescrire une ordonnance est soit " difficile " soit " chronophage ", estime le Dr Goehrs. De ce fait, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Selon lui, l’iatrogénie médicamenteuse – c’est-à-dire les effets indésirables des médicaments – engendrerait entre 10 000 et 20 000 morts par an en France, et plus de 150 000 hospitalisations. La plateforme propose donc une solution concrète à un problème qui l’est tout autant pour les professionnels de santé et les personnes qu’ils traitent. " Nous avons été impressionnés par les retours très positifs des premiers utilisateurs. Synapse met dans la main des médecins une technologie puissante, facile d’utilisation et offrant un vrai gain de temps ", ajoute Guillaume Meulle, directeur associé chez XAnge.

L’intelligence artificielle est scrutée de près par la médecine

Synapse Medicine a réalisé sa première levée de fonds d’un montant total de 2,5 millions d’euros, menée auprès du fonds d’investissement européen XAnge (déjà investisseur dans différentes MedTech) et avec la participation de BNP Paribas Développement, Kima Ventures (le fonds d’amorçage de Xavier Niel), Bpifrance et la Région Nouvelle-Aquitaine. Le Dr Goehrs estime que Synapse Medicine " n’avait pas forcément besoin, financièrement, de faire une levée de fonds ". Et ce pour une raison simple : la phase de test leur avait déjà permis de générer du chiffre d’affaires. Mais il précise que " ce modèle est un moyen pour aller plus vite, face une révolution qui est en train de surgir ". En effet, selon lui, " l’essor de l’IA (intelligence artificielle, ndlr) en Europe et dans le monde offre des perspectives immenses pour des services aux professionnels de santé, hôpitaux et patients, mais malheureusement, très peu de startups s’y intéressent ".

Cette levée de fonds permettra à Synapse Medicine de renforcer son équipe en recrutant des talents capables d’accélérer son lancement commercial, mais aussi de faciliter le développement de nouvelles fonctionnalités sur la plateforme. " Il y aura d’autres levées de fonds d’ici vingt-quatre mois, mais cela va dépendre de la trajectoire que nous allons emprunter, des retours d’utilisateurs et de nos objectifs ", conclut le Dr Goehrs.