C'est une statistique qui fait la grande fierté de l'écosystème : 94% des emplois créés par les startups françaises le sont en CDI. Tiré du baromètre annuel réalisé par EY et France Digitale sur l'écosystème, dont la dernière édition date de 2018, ce chiffre reflétait alors "l'avenir radieux" promis à l'écosystème, ainsi que ses "grandes ambitions" . Car oui, les jeunes pousses créent des emplois, pour la grande majorité très qualifiés. Fortes de taux de croissance à trois chiffres et de levées de fonds qui se comptent désormais en centaines de millions, certaines scaleups recrutent des talents là aussi par centaines, faisant les beaux jour d'un secteur qui se targuait jusqu'à présent de ne jamais connaître de crise.

Puis le coronavirus est passé par là, donnant un coup d'arrêt brutal à certaines activités et plongeant la plupart des startups dans le désarroi face à l'incertitude de leur situation. Sans surprise, les recrutements ont pâti de cette crise inattendue. Selon une étude réalisée par talent.io, plus d'un tiers (38%) des entreprises tech européennes ont gelé leurs recrutements en CDI et une entreprise sur cinq (21%) a réduit la voilure aux besoins essentiels.

Ces ajustements se font d'abord au détriment des collaborateurs les plus précaires. Une étude menée par la startup Yaggo montre ainsi que 60% des entreprises ont maintenu leurs recrutements en CDI, alors que ce ratio tombe à 30% pour les CDD, les stages et les alternances.

Et celles qui ont maintenu tout ou partie de leurs recrutements ont pour la plupart choisi de repousser les entretiens, comme en atteste la chute de 70% des propositions d'entretiens en France (55% en Allemagne, 75% au Royaume-Uni).

Des raisons d'espérer

Faut-il donc s'inquiéter pour les perspectives de recrutement à long terme des entreprises innovantes ? Hé bien non. Il existe tout de même des signaux rassurants pour les recruteurs comme pour les candidats ! D'abord, la France a été moins fortement touchée par le gel des embauches que ses voisins. Talent.io a ainsi observé une baisse de 45% du nombre d'entreprises parisiennes publiant de nouvelles offres d'emploi, contre 55% à Berlin, 57% à Londres et même 70% à Amsterdam. Les régions sont plus durement touchées mais là aussi, la France s'en tire un peu mieux que ses voisines puisque Lyon, Lille, Bordeaux et Toulouse cumulent 60% de baisse, tandis que Munich affiche à elle seule -55% et Hambourg -68%.

Surtout, l'Hexagone a visiblement passé le plus gros de la tempête. "La chute et le plateau qui a été atteint par la suite a duré trois semaines (du 1er au 21 mars environ) avant que le volume d’offres d’emploi tech reprenne fortement" , note ainsi Talent.io pour étayer son analyse européenne. "En effet, le passage des entreprises au télétravail permet à ce volume de revenir à son niveau moyen pré-COVID-19 à savoir 3000 à 4000 entreprises publiant des offres d’emploi chaque semaine." Et, là encore, la France s'en tire bien puisque le marché parisien est reparti à la hausse dès le 23 mars et en région dès le 6 avril.

Attention toutefois à ne pas s'emballer, comme le souligne l'étude. "Ce retour à un niveau 'normal' ne s’est pas encore stabilisé. De mi-avril à fin avril, le nombre d’entreprises postant des offres d’emploi de manière hebdomadaire a été revu à la hausse sur tous les marchés sur lesquels cette étude se porte. Ces offres sont maintenant à 70% de leur niveau 'normal'." Pas encore tout à fait au niveau pré-Covid, donc.