En attendant les vélos, la plateforme de covoiturage BlaBlaCar entre sur le marché des trottinettes électriques en libre-service, via une alliance avec la start-up suédoise Voi Technology. "L'idée, c'est de rentrer dans les villes", a expliqué à l'AFP le directeur général de BlaBlaCar, Nicolas Brusson. La plateforme française cherchait depuis quelques mois un partenaire dans le secteur de la micro-mobilité pour "créer une place de marché cohérente où on trouve différents modes de mobilités", a-t-il raconté.
Les trottinettes de Voi et l'application vont être rebaptisées "BlaBla Ride" à partir du 5 juin. Les noms de Voi et BlaBlaCar resteront présents en sous-titre, selon des images présentées à la presse. Pour les utilisateurs de Voi --dont les engins sont actuellement déployés à Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux--, la transition devrait être indolore. Et les trottinettes seront accessibles "dans les prochains mois" avec le profil des membres de BlaBlaCar.

"On est vraiment sur un partenariat, on n'est pas sur du rachat capitalistique", a insisté M. Brusson. BlaBlaCar et Voi Technology restent deux entités indépendantes. BlaBlaCar va concrètement apporter sa notoriété, sa plateforme et ses 18 millions d'inscrits en France, tandis que la start-up suédoise continuera à fournir les trottinettes et à en gérer la flotte, a-t-il noté. "L'idée, c'est de créer un champion multimodal en France", a déclaré à l'AFP Lucas Bornert, le directeur général de Voi pour la France. Après avoir été retenu à Marseille, Voi espère sortir vainqueur des appels d'offres lancés à Paris et Lyon pour encadrer le nombre d'opérateurs de  trottinettes en libre-service, a-t-il relevé. "Il y a clairement une idée d'aller beaucoup plus loin. (...) On a l'ambition de devenir numéro un en France et d'opérer dans toutes les villes ouvertes à la trottinette en France."

Un univers commun

"Pour l'instant on parle de France et de trottinettes. L'ambition, si ça
marche, c'est d'aller vers le vélo électrique, et potentiellement d'explorer
d'autres marchés", a ajouté Nicolas Brusson, citant l'Espagne et l'Allemagne. BlaBla Ride a vocation à être proposée sur les plateformes de l'entreprise, en complément de BlaBlaCar (covoiturage longue distance), BlaBlaBus (autocars interurbains) et BlaBlaLines (covoiturage domicile travail), relève le directeur général de l'entreprise française. La trottinette permettra le cas échéant parcourir le premier ou le dernier kilomètre du voyage en covoiturage ou en bus. Avec une variation sémantique, a pointé M. Brusson: si BlaBla Ride s'écrit en deux mots, c'est pour mieux distinguer "l'univers commun" proposé par le groupe et les différents modes proposés (dont évidemment BlaBlaCar, qui est actuellement à la fois le nom de l'entreprise et de la plateforme de covoiturage). Un changement de nom en "BlaBla" n'est pas encore acté, selon lui. "Potentiellement, vous pourriez imaginer agréger du train", a même hasardé M. Brusson. BlaBlaCar est pour l'instant allié à la SNCF, qui est entrée à son capital l'an dernier en lui cédant ses autocars Ouibus --devenus depuis BlaBlaBus-- et propose son offre de covoiturage.

Pas de BlaBlaBus avant le début de l'été

Pour le moment, la priorité est à la reprise des activités après le confinement. BlaBlaCar attend les annonces de l'exécutif, plus tard dans la semaine, pour savoir comment relancer ses autocars. "De toute façon, on ne relancera pas les bus avant le début de l'été parce qu'il nous faudra plusieurs semaines pour se mettre en ordre de bataille", a prévenu Nicolas Brusson. Il attend notamment de savoir si les règles de distanciation l'obligeront toujours à ne pas vendre plus d'un siège sur deux. "On peut le faire pendant une certaine durée, pendant la phase de relance", a-t-il estimé. "Mais sur le long terme, pour BlaBlaBus, c'est ingérable économiquement.

"Du côté du covoiturage, "on voit déjà un retour assez rapide en Allemagne",
avec "quasiment un tiers d'une activité normale" retrouvé en quelques jours,
a-t-il constaté. "C'est assez encourageant!" Il espère que la tendance sera la même en France, citant "une très, très forte demande des passagers" qui ne verront que le conducteur s'ils covoiturent --les trajets étant pour l'instant limités à deux personnes par voiture, "relativement bien séparées"--, alors qu'ils croiseraient beaucoup de monde dans un bus, un train ou un avion.