Longtemps cantonnés dans leur laboratoire, les chercheuses et chercheurs sont de plus en plus nombreux à vouloir en franchir le seuil pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Mais si fonder une startup est déjà compliqué, en monter une dans la deeptech l’est sans doute encore plus. “Une grande quantité d’argent est nécessaire pour financer la R&D, le développement d’un produit est long et surtout, les chercheurs ont tendance à penser technologie avant de penser produit” , souligne Xavier Duportet, fondateur du concours Hello Tomorrow qui évangélise la deeptech depuis 2014 et de la startup Eligo Bioscience qu’il dirige à temps plein en tant que CEO. Pour “pousser les chercheurs à s’interroger sur la transformation de leurs recherches en produit et faire émerger des solutions qui changeront le monde” , l'entrepreneur lance le programme d’accompagnement DeepTech Founders avec Bpifrance en 2018. Deux ans plus tard, la structure cherche les futurs participants et participantes de sa cinquième session.  

Adopter l’esprit entrepreneurial

Destiné aux chercheurs et chercheuses, seul·e·s ou en groupe, le DeepTech Founders s’articule en deux parties : inside the lab et outside the lab. Dans un premier temps, les porteuses et porteurs de projet sont accompagnés par des operating partners qui leur expliquent les rouages de l'entrepreneuriat, en tête à tête, deux heures par semaine. En parallèle, les entrepreneur·e·s en herbe travaillent sur leur projet (business model, création du produit, clients potentiels..) une soirée par semaine. À la fin de cette première phase, ils présentent leur projet devant un panel de VCs et de partenaires industriels. “En général, ils se prennent une grande claque car ils ont pensé leur projet en interne sans interagir vraiment avec leurs cibles” , poursuit Xavier Duportet. C’est là que débute la deuxième partie de l’accompagnement où ils testent le market fit de leur solution en allant à la rencontre de clients potentiels ou d'industriels. L'équipe de DeepTech Founders, qui compte plus de 50 mentors, accompagne également le chercheur sur le rôle qu'il souhaite jouer dans son entreprise. “On a souvent tendance à dire qu’il doit être CSO (directeur scientifique) et pas CEO. Mais un chercheur peut être un très bon communicant. On leur explique donc ce que chaque rôle implique, c’est presque un travail introspectif” . À l’issue des 5 mois du parcours, les participantes et participants décident s’ils sont prêts à se lancer, sans aucune obligation de créer leur startup ! 

Créer un vrai réseau deeptech français 

Contrairement au web où il existe tout un écosystème qui s’entraide, celui de la recherche scientifique est encore très fragmenté. “Les choses sont encore pilotées de manière très unidisciplinaire, par secteur et par chaque centre de recherches” , constate Xavier Duportet. Quand les chercheurs et chercheuses se posent des questions sur la voie à suivre, le financement, le business model ou simplement la constitution d’une équipe, ils n’ont personne vers qui se tourner. “Ils disposent de peu de rôles modèles auxquels s’identifier” , avoue Xavier Duportet.

De nombreux scientifiques sont prêts à partager leur expérience mais la France manque encore d'un “réseau assez fort pour que la transmission se fasse”. Ce rôle de catalyseur, DeepTech Founders entend bien le jouer. “Nous voulons créer un réseau interdisciplinaire, intergénérationnel  sur tout le territoire  qui aura le pouvoir de connecter de jeunes chercheurs avec d’autres chercheurs entrepreneurs ou des stars qui ont des levé des milliards d'euros”. Ce modèle, Xavier Duportet l’a trouvé à Boston lorsqu’il y faisait sa thèse. Afin de faciliter son déploiement national et de travailler avec et au service des acteurs locaux, DeepTech Founders multiplie les partenariats avec des écoles et des centres de recherches comme CNRS Innovation, la SATT Ouest Valorisation de l’école Centrale de Nantes, l'ENS Lyon et de nombreuses universités. La formation a également reçu le patronage des ministères de l'Économie et de la Recherche. 

Depuis mars 2019, les alumni du programme ont crée 25 sociétés dont 12 ont déjà levé pour plus de 30 millions d'euros comme Alice&Bob, qui a réalisé un tour de table de 3 millions d’euros en plein Covid. Une centaine de personnes ont également été recrutées par ces startups, preuve que, malgré la crise, la deeptech a de l’avenir ! 

Si vous souhaitez en découvrir plus ou postuler, les candidatures sont ouvertes jusqu'au 15 septembre 2020 !