24 septembre 2020
24 septembre 2020
Temps de lecture : 4 minutes
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ProovStation industrialise l'inspection automobile grâce à l'IA

Lancé il y a seulement deux ans, la startup lyonnaise ProovStation lance un portique capable d'industrialiser et d'automatiser l'inspection d'automobile.
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Récompensée du prix de l'Innovation Awards lors du CES Unveiled l'an dernier, ProovStation présentait mercredi 23 septembre à la presse son outil d'inspection de véhicules. La startup lyonnaise, fondée fin 2018 par Cédric Bernard, Gabriel Tissandier, Alexandre Meyer et Jean-Luc Manceron, confirme la transformation numérique opérée par le secteur automobile.

Réduire le temps d'expertise des véhicules

Saviez-vous qu'entre la sortie d'usine et sa vente à un particulier, une voiture subit environ onze contrôles ? Transportés sans protection, les véhicules sont soumis à des chocs et d'éventuelles rayures capables de dévaluer leur valeur très rapidement. Ces inspections, également sollicitées par les loueurs, les concessionnaires d'occasion et les enchérisseurs possèdent deux problèmes : leur durée et leur coût. "Ce type de prestation prend en général une vingtaine de minutes à un inspecteur qui communiquera son compte-rendu sous 6 à 30 jours" suivant son emploi du temps, révèle Cédric Bernard. Pendant ce temps, ces véhicules sont immobilisés, ce qui engendre une perte sèche pour certains acteurs comme les logisticiens. Afin de réduire ce temps d'attente et faciliter le chiffrage des réparations, la startup a mis au point une solution capable de réaliser cette analyse en seulement quelques minutes. Le concept est financièrement soutenu par le groupe Bernard, Bpifrance et des banques locales.

L'IA, aussi forte que l'oeil humain

En trois secondes, votre véhicule est scanner, en moins de deux minutes, le diagnostic est effectué. Voilà en somme la promesse de ProovStation. Grâce à une arche bardée de capteurs et de caméras, la voiture est enregistrée sous toutes ses coutures. Les images sont ensuite analysées par plusieurs algorithmes qui vont ainsi détecter les rayures, les chocs, les éraflures et les mesurer. "Pour le moment, nous détectons 80 à 85% des dommages de plus de 4 mm" , détaille le CEO de l'entreprise qui compte bien arriver à "95% d'ici à la fin de l'année".

Le challenge est de taille et pour le réussir la startup n'a pas hésité à recruter une quinzaine de personnes durant le confinement. Ces nouveaux arrivants viendront compléter son équipe de R&D mais aussi son pôle de data scientists ainsi que son unité spécialisée sur l'IA où les algorithmes sont entraînés. Dans une optique sociale, la startup a même développé un partenariat avec Pôle emploi pour former une quinzaine de personnes pour labelliser les images utilisées pour entraîner l'IA.

Le pari du Made in France

"Nous avons choisi de labelliser en France les images, ce qui signifie que chaque dommage est d'abord photographié puis annoté par un expert avant d'être catégorisé par un IA trainer dans la matrice de l'IA afin de lui apprendre de quel type de dommage il s'agit" , complète Gabriel Tissandier, directeur général de ProovStation.

À ce jour, plus d'un million d'images ont déjà été répertoriées. Pour stocker ces données, la société a acheté son propre data center et propose à ses clients d'enregistrer leurs propres données en local ou dans la blockchain. En cas de litige entre une usine de fabrication et un concessionnaire, il est ainsi facile de vérifier quand le dommage a été causé et quelle partie est responsable. Cette solution permet aussi d'avoir une base de travail pour chiffrer le prix d'une voiture d'occasion ou de sa remise en état.

Devenir le leader européen de l'inspection industrialisée

ProovStation n'est pas le seul acteur sur ce secteur. "Nous avons quelques concurrents, notamment un en Allemagne et en Israël mais par exemple aucun aux États-Unis" , glisse Cédric Bernard qui voit dans l'Europe et même le monde un terrain de jeu à conquérir. La jeune entreprise, qui s'apprête à fêter ses deux ans, a déjà vendu 73 de ses stations. Dix sont déjà déployées et les autres suivront dans les mois qui viennent. Au total, la startup sera présente en Afrique du Nord, en France, au Danemark, en Suède et bientôt au Royaume-uni chez des entreprises qui préfèrent, pour l'instant, rester discrètes. Malgré le "confinement et la crise économique, nos clients n'ont pas annulé leur commande mais on jute décalé de quelques semaines le déploiement de nos solutions", révèle Cédric Bernard. Ce qui laissent les fondateurs assez confiants sur l'avenir de leur entreprise qu'ils imaginent déjà "devenir le leader européen de l'inspection automobile industrialisée".