« L’arrivée de la 5G est capitale pour notre business. » La formule de Brice Agnès, qui a cofondé en 2015 la startup lyonnaise Tikaway, illustre la forte attente d’une partie de l’écosystème envers la cinquième génération de réseau mobile. Son lancement est attendu à partir de la fin de l’année en France, notamment sur la bande de fréquences 3,5 GHz. À la clé : des débits bien supérieurs et une réduction importante du temps de latence.
Tikaway conçoit des modules caméra de lunettes connectées destinées à l’assistance par vidéo dans l’industrie. Grâce à la 5G, la jeune pousse va pouvoir optimiser son produit et mieux répondre aux attentes de sa clientèle. « Il y a quelques années, on pensait réellement que la 3G et la 4G allaient suffire. Mais aujourd’hui, on se rend compte de leurs limites » , témoigne Brice Agnès. Sa société n’est sûrement pas un cas isolé. « En ce moment, six startups participent à notre saison d’accélération spécifique sur la 5G » , indique François Dufour, directeur startup scouting chez Orange, qui travaille activement sur le sujet avec son équipe. « Et plusieurs dizaines de startups sont accompagnées ou passées dans nos 5G labs » . Celles-ci œuvrent principalement dans la réalité augmentée, le divertissement mais aussi la robotique et la logistique.
Distinguer les détails de petites pièces industrielles
Pour identifier ces jeunes pousses, Orange avait organisé un challenge à l’échelle européenne l’année dernière. Pas moins de 280 candidatures avaient été enregistrées. Tikaway a déjà testé la 5G dans ce cadre. « Grâce à la performance de la bande passante, on a pu transporter un flux vidéo très lourd, en 4K, depuis nos lunettes. Sans la 5G, nous ne proposons que de la HD » , explique Brice Agnès. « C’est important pour nous car nos utilisateurs ont besoin de détails et d’instantanéité. Les machines sur lesquelles ils interviennent sont complexes, les pièces peuvent être très petites, mais ils doivent pourtant être capables de distinguer une surface craquelée par exemple. D’où l’importance d’avoir une résolution maximale. »
Pour le moment, l’algorithme de Tikaway est parfois contraint de baisser la qualité de la vidéo pour réduire au maximum la latence, en fonction de la bande passante. Si le gain en qualité doit donc être flagrant pour les clients de l’entreprise avec la 5G, il ne sera pas visible dans l’immédiat pour ceux, plutôt nombreux, établis dans des zones industrielles rurales.
La 5G, une « assurance supplémentaire »
« Changer de braquet » grâce à la 5G, c’est aussi l’ambition de TwinswHeel. Pour le moment, ses robots de logistique sont commercialisés pour être utilisés dans des sites fermés en complément d’un travailleur ou de manière autonome. Mais la 5G doit permettre à TwinswHeel, qui fait travailler 12 personnes à Cahors, dans le Lot, d’accélérer sur un relais majeur de croissance, la livraison en ville. « Lorsque l’intelligence artificielle anticipe une éventuelle collision, il faut que quelqu’un puisse reprendre la main sur le robot. Cela implique d’avoir la bande passante la plus large possible pour remonter les flux des caméras et des nombreux capteurs. Le temps de latence doit aussi être le plus court possible, par exemple pour que le conducteur de secours enclenche le frein de manière instantanée » , détaille Vincent Talon. « Pour nous, la 5G est une assurance supplémentaire concernant notre conformité avec la réglementation.«