Après des expérimentations lancées par Transdev, la RATP ou encore SNCF en 2019, le MaaS — ou la possibilité de se déplacer en ville grâce à une seule plateforme — est revenu sur le devant de la scène à la sortie du confinement. En juin dernier, c’est le groupe SNCF qui ouvrait le bal en annonçant l’entrée de nouveaux partenaires dont Uber dans son application, l’Assistant SNCF. De son côté, l’opérateur de mobilité Transdev a lancé son application multimodalités fin septembre et plus récemment c’est la RATP qui faisait parler d’elle en rachetant Mappy. Autant d’initiatives maintenues en pleine pandémie, signe que le sujet de la mobilité urbaine est au centre des stratégies de ces opérateurs de transports publics.
Dans le cadre du salon Autonomy, Olivier Vacheret (chargé de la politique informations voyageur IDFM), Camille Vedel (project manager Transdev) et Vania Ribeiro (chief digital officer RATP) se sont exprimés sur l’avenir du MaaS, et cette nouvelle manière de penser le déplacement des usagers, face au Covid. Loin d’être mort, celui-ci pourrait bien bénéficier de cette crise à long terme.
Un coup d’arrêt difficile à gérer qui profite aux micro mobilité
Les acteurs du secteur sont unanimes : le premier confinement a entraîné une baisse drastique de la fréquentation des transports en commun. « Nous avons observé un taux de fréquentation équivalent à 5 à 10% des usages habituels qui est remonté à 50% en juin et à 70 voire 80% en septembre suivant les modes de transport » , détaille Camille Vedel. Pendant ce second épisode de confinement, la baisse devrait être un moins violente (60 à 70% seulement) en raison d’un confinement moins struct avec les déplacements autorisés pour les élèves et les dérogations professionnelles possibles.
Vania Ribeiro, la chief officer de la RATP, observe deux phénomènes majeurs : « Deux bons tiers des voyageurs ne veulent plus prendre les transports comme avant et la micro-mobilité connaît un véritable essor en complémentarité ou en remplacement des transports habituellement utilisés » . Un phénomène également constaté par Maureen Le Baud, head of Venture capital chez Via ID selon qui « la micro-mobilité a fortement bénéficié de l’après-Covid, grâce à un push réglementaire, poursuit l’investisseuse. Les mutations avait déjà commencé mais se sont amplifiées et beaucoup d’opportunités vont se créer autour de cela. »
Le MaaS, une solution qui rassure et fluidifie les trajets
En plein état d’urgence sanitaire, les acteurs de la mobilité ont aujourd’hui comme mission de « rassurer leurs usagers pour les faire revenir dans leur moyen de transport » , estime Camille Vedel. Et le MaaS pourrait être un allié. S’il existe un risque que les Français·e·s retournent vers la voiture personnelle, « le Covid peut aussi être une opportunité » , poursuit-elle. « La question de l’attente dans une situation de congestion est un vrai stress surtout avec le Covid. Créer une fluidité pour éviter les zones d’attente prolongé est essentiel » , reconnait Olivier Vacheret. En permettant à ses utilisateurs·rices de découvrir d’autres moyens de transport à proximité de chez eux, le MaaS aurait ainsi ce pouvoir de fluidifier les trajets mais aussi de décongestionner certains moyens de transport.