Tribunes par Alexis Bollaert
6 janvier 2021
6 janvier 2021
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
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French Tech, le temps de l’indulgence est bientôt révolu

Avec un impact croissant sur nos vies et face à l’émergence d’un front technophobe, les acteurs de la French Tech sont sous le feu des projecteurs des contre-pouvoirs et de l’opinion publique. L’écosystème doit désormais se tenir prêt à rendre des comptes.
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Crédit : Awen Jones.

Quand on a un impact réel sur le quotidien des gens, il est normal que l’on soit scruté de près. La French Tech est en train de prouver qu’elle peut bouleverser les usages et les quotidiens. Pensez à Alan, Back Market, Doctolib, Lydia ou encore Ynsect. Les entrepreneurs et investisseurs français  s’attaquent avec détermination, ambition et promesses à des sujets structurants du quotidien des Français. Rançon du succès : les acteurs et actrices de la French Tech sont dorénavant attendus au tournant.

La technologie fascine autant qu’elle inquiète. Avant 2016, la technologie était la solution aux maux de nos sociétés et son impact économique et social était assez peu questionné. Après 2016, c’est l’exact inverse qui se produit : quelques acteurs globaux captent l’immense majorité de la valeur et l’antitrust américain commence à les regarder de près, le rôle des réseaux sociaux dans la polarisation extrême de nos démocraties est pointé du doigt, et l’accélération de la gig economy via les plateformes pousse les autorités à se pencher sur ses zones d’ombres.

La Tech est maintenant devenue un symbole politique que l’on brandit pour montrer que l’on est soit du côté du "progrès", soit du côté du "peuple". 5G, robotisation, intelligence artificielle, données personnelles... tout est re-questionné à l’aune des impacts sur l’environnement, la santé, la vie privée, l’emploi ou encore la vie démocratique.

L’écosystème Tech français est pour le moment essentiellement et légitimement attendu sur sa capacité à faire émerger des licornes, à être davantage inclusif et à créer des innovations qui rejaillissent sur l’économie dans son ensemble. Mais comme le montre la récente plainte d’UFC-Que Choisir contre Leetchi, l’attention des contre-pouvoirs et de l’opinion publique se dirige maintenant vers les acteurs de la French Tech.

La raison d’être des startups et de leurs investisseurs, est de bouleverser rapidement les usages et les règles du jeu. Cette posture, claire et enthousiasmante, ne suffit plus à mesure que ces acteurs grandissent. Passées les premières années où les startups peuvent travailler à l’abri relatif des regards extérieurs, le succès venant, elles sont jugées comme toutes les entreprises matures :

  • Sur leurs performances économiques et financières, leur responsabilité sociale et environnementale, ou sur leur climat social. Les pionniers BlaBlaCar, Criteo, Dailymotion, Deezer ou Parrot en savent quelque chose ;
  • Sur les effets concrets de leurs actions sur une industrie donnée ou sur nos quotidiens comme récemment Ulule et Tipeee au centre de l’affaire du documentaire Hold-Up, ou encore Frichti et ses livreurs sans papiers

Le temps de l’indulgence est bientôt révolu ; place maintenant à celui de la vigilance. La French Tech, ultra-médiatisée, va devoir savoir répondre aux immenses attentes placées en elle. Accepter cette nouvelle donne et s’y préparer, c’est assumer toutes les responsabilités qui vont de pair avec le succès, et se donner une chance de plus de créer les grandes entreprises qui feront l’économie.

Alexis Bollaert est président du cabinet de conseil en communication
Casablancas