Chaque année, les aquaculteur·rice·s sont confronté·e·s à la même peur : la récolte sera-t-elle au rendez-vous ? En effet, il arrive que des phénomènes environnementaux variés provoquent la perte d’une grande partie de leur exploitation. Une situation très préoccupante, aux lourdes conséquences économiques, qu’ont souhaité solutionner Samuel et Charlotte Dupont, en lançant leur startup Bioceanor en décembre 2017. La jeune pousse spécialisée dans la qualité de l'eau utilise des technologies de rupture (IoT et IA) pour protéger et valoriser les environnements aquatiques. 

Des aquaculteur·rice·s confrontés au risque de perdre une partie de leur exploitation

Samuel Dupont, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, travaillait dans le développement de technologies innovantes dans l'aquaculture. C’est lors de cette expérience que l’idée de créer Bioceanor lui est venue : "J’ai pu constater qu’il n’était parfois pas possible d’anticiper des phénomènes, souvent inexpliqués, qui engendrent une grosse mortalité des cultures.” Un constat particulièrement préoccupant, notamment en fin d’année, période de très forte demande en fruits de mers, crustacés, et poissons, où se joue une grande part du chiffre d’affaires annuel. 

Samuel et sa femme Charlotte - biologiste systémique et experte en analyses de données -  qui avaient à coeur de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et de mettre leurs compétences au service d’un produit, ont alors décidé de se lancer afin d’apporter des solutions concrètes aux aquaculteur·rice·s avec lesquels ils discutaient. Ils ont ainsi créé une station sous-marine connectée, permettant de prédire et de suivre l’état sanitaire de l’eau, grâce à 14 paramètres différents (comme la température de l’eau, la teneur en oxygène, etc.) qui sont mesurés toutes les 20 minutes. 

Au-delà de prévenir d’un éventuel changement de l’état de l’eau, la startup a développé des solutions permettant de contrer les phénomènes parfois destructeurs. À titre d’exemple, Samuel Dupont explique : "Nous nous sommes particulièrement focalisés sur la problématique d’oxygène dans l’eau, car si celle-ci est trop élevée, ou pas assez, cela peut provoquer d’importantes pertes de biomasse. Nos solutions et notre protocole d'accompagnement viennent justement éviter cela”. Concrètement, une fois la technologie installée, la solution va aider les exploitants dans le bon maintien de leur exploitation. Qu’il s’agisse d’adapter l’alimentation des animaux, de modifier la teneur des aliments, ou encore de déclencher des bulles artificielles, différentes solutions sont déployées pour éviter ou surmonter les crises. 

Une force commerciale musclée pour s'attaquer aux marchés étrangers

“À date nous sommes dix-sept personnes dans l’équipe, alors qu’on a commencé l'année 2020 à quatre” , raconte le co-fondateur de Bioceanor. Un recrutement important rendu possible grâce à la levée de fonds de 1,5 million d’euros réalisée en mars 2020, qui avait pour but de renforcer les équipes de R&D, de développement commercial, mais aussi d’activer l’internationalisation de la solution. En effet, la startup "a ouvert des bureaux en Norvège, le berceau européen de l'aquaculture du saumon, et à San Francisco pour se lancer sur le marché nord-américain, notamment au Canada, où on retrouve de grandes cultures de saumon”.

L’entreprise se donne plusieurs objectifs pour 2021 : elle souhaite continuer à renforcer ses postes commerciaux et s’attaquer aux grands marchés européens de l'aquaculture - la Norvège toujours, mais aussi l'Irlande, l'Ecosse, et la Grèce. Elle espère également réaliser ses premières ventes aux Etats-Unis, et démarrer un partenariat avec le Chili qui est un très gros producteur de saumon. 

Si l’aquaculture représente 90% du chiffre d’affaires de l’entreprise, la société s’ouvre également à d’autres activités. Elle a par exemple souhaité se lancer dans la surveillance des plages (sur les plans de la qualité de l’eau et des risques environnementaux associés) afin de prévenir les risques sanitaires, et anticiper la fermeture desdites plages. Cette solution sera d’ailleurs lancée dès 2021, sur les plages de la métropole de Nice.

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