40% des admissions aux urgences donne lieu à une radiographie. Seules 18% d’entre elles sont interprétées en temps réel par un·e radiologue, selon une étude de la Société Française de Radiologie, nécessitant donc l’organisation d’une lecture différée des clichés par un·e professionnel·le. Ce problème, qui contribue aussi à l’engorgement des urgences, a été identifié par Alexandre Parpaleix, alors interne en radiologie. En 2018, associé à Malo Huard et Ronan Riochet, deux polytechniciens, il a donc créé Milvue, une startup qui développe une IA capable d’interpréter les radiographies automatiquement.

Née du terrain, l’idée est donc de lutter contre le retard des diagnostics et la grande variabilité des interprétations des médecins urgentistes. Ces derniers ne sont souvent pas formés pour prendre des décisions dans ce domaine, avec le risque inhérent d'un mauvais diagnostic et d'effets sur la guérison des patients.

Tri et sélection des radios prioritaires

À partir des données de plusieurs centaines d’examens et diagnostics réels, l’algorithme a appris à identifier sept des pathologies les plus souvent identifiées aux urgences en traumatologie. L’intelligence artificielle permet ainsi de trier de manière fiable les examens et de lister ceux qui appellent en priorité un avis radiologique. Grâce au deep learning, cette technologie continue de progresser à mesure que les examens d’imagerie défilent sur sa base de données.

"Nous apportons une réponse sûre, immédiate, fiable et intégrée dans les systèmes d'information de l’hôpital, affirme Aissa Khelifa, directeur général de la startup. Nous avons pour cible l’ensemble des centres de santé dotés d'un service d'urgence, soit environ 850 établissements en France" . La technologie appliquée au secteur de la radiologue semble en tout cas inspirer l'écosystème français puisque nombre de startups - à l'image de AZmed, Incepto ou encore Gleamer - sont positionnés sur le même créneau. L’IA de Milvue est déjà fonctionnelle sur une dizaine de sites de l’Hexagone et l'équipe, de 11 personnes actuellement, pourrait tripler d’ici fin 2021 selon les prévisions de l'entreprise.