Connectée, intelligente, durable, verte sont autant de caractéristiques convoitées par un grand nombre d’élus locaux qui ont fait du développement de la Smart city leur cheval de bataille pour renforcer l’attractivité du territoire. Au centre du jeu, l’intelligence artificielle suscite des débats mouvementés entre partisans de l’édification de villes modernes et pourfendeurs d’une technologie qui menacerait la préservation de la donnée publique.

D’ores et déjà, nos concitoyens voient la qualité et la tranquillité de leur cadre de vie s’améliorer grâce à de nombreux projets intelligents : applications mobiles au service de la démocratie participative, capteurs IoT, infrastructures connectées et transports en commun électriques, chaque ville définit sa propre stratégie de développement et se dote de solutions technologiques pour se mouvoir en Smart City. Malgré la défiance qu’elle suscite à certains égards, l’intelligence artificielle se popularise et apparaît comme un outil au service de l’optimisation des politiques publiques.

L’intelligence artificielle appliquée à des projets urbains mobilise particulièrement une technologie : la vision par ordinateur. Intégrée à un réseau de caméras de vidéo-protection, elle consiste en un ensemble d’algorithmes qui permettent d’analyser tous types d’environnements et de transmettre des informations en temps réel aux opérateurs des Centres de Supervision Urbain (CSU).La capacité de ces algorithmes à détecter des événements imprévus - embouteillages, accidents, déchets sauvages, chute de personnes - permet une intervention adaptée des autorités compétentes afin d’améliorer la gestion de l’espace public. Au cours des dernières années, le secteur privé - l’industrie, les transports ou encore la grande distribution - a largement ouvert la voie au développement de l’IA. Désormais, c’est au tour des collectivités locales de se saisir des opportunités dont cette technologie regorge.

Une large majorité de villes françaises ont par exemple intégré dans leur organisation une infrastructure de vidéoprotection capable d’exploiter les performances de l’IA et d’interconnecter différents services municipaux. Pourtant, des freins au déploiement de l’intelligence artificielle subsistent, principalement en raison des craintes inhérentes à cette technologie et à ses capacités. En effet, l’imaginaire collectif a parfois une perception biaisée de l’IA, illustrée par des œuvres de fiction dénonçant certaines dérives liées à l’utilisation abusive de données privées et publiques. D’où l’importance d’un développement de solutions IA en collaboration étroite avec la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) et dans le plus strict respect du Règlement général pour la protection des données (RGPD).

Plus qu’un effet de mode, l’IA offre concrètement aux opérateurs l’opportunité de consacrer leur temps à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ils acquièrent ainsi une connaissance du terrain et quittent le rôle de spectateur pour adopter un comportement proactif. Grâce aux données transmises et traitées par l’IA, leur prise de décision est en effet plus rapide, précise et éclairée.

Aujourd’hui, les Smart Cities se développent encore trop lentement en raison du coût que représentent les projets intelligents. Un rapport du cabinet Capgemini publié en juillet 2020 souligne que 70 % des élus locaux jugent l’adoption de ces solutions trop onéreuse, malgré l’adhésion que remportent de tels projets auprès des citoyens. En effet, 54% des citadins pensent que les Smart Cities améliorent considérablement la qualité des services publics. À l’aube d’un nouveau mandat municipal, le recours à l’intelligence artificielle transcende les clivages partisans et trouve un écho très large auprès des nouveaux exécutifs locaux. Pour les aider à franchir le pas et à investir à la hauteur des enjeux de la ville de demain, il est plus que temps de mettre à l’agenda du plan France Relance - et d’y adjoindre les moyens nécessaires - le développement de Smart cities plus écologiques, inclusives et durables.

William Eldin, CEO XXII Group