31 mai 2021
31 mai 2021
Temps de lecture : 5 minutes
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Que font les fonds ? Le portrait de Headline

Dans le paysage foisonnant de l'investissement, les fonds se multiplient... et ne se ressemblent pas. Parce qu'une levée, ce n’est pas simplement encaisser de l'argent et une occasion de communiquer, nous brossons le portrait des fonds pour aider les entrepreneurs à s'y retrouver et à choisir le bon investisseur. Au tour de Headline.
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Ne l’appelez plus e.ventures, mais Headline. Ce fonds qui fait toujours plus parler de lui au sein de l’écosystème tricolore est "actif sur quatre continents et axé sur les startups à forte dimension internationale" . Il s’est rebaptisé courant mai 2021 pour coller davantage à son ambition. "C'est un clin d'œil à tous les entrepreneurs avec qui on a la chance de travailler et qui font les gros titres en changeant le monde" , sourit ainsi Jonathan Userovici, partner et responsable du bureau parisien, qui a été inauguré fin 2020. En adoptant une approche locale en différents points de la planète, Headline veut s’établir comme un acteur majeur du capital-risque. Né il y a 20 ans déjà, le fonds a été créé par des Européens installés aux États-Unis. Il dispose de 7 véhicules d’investissement, "principalement en early stage et dont au moins un par géographie" – c'est-à-dire Amérique du Nord et du Sud, Asie et Europe. Tous ensemble, ces derniers représentent une capacité d’investissement de l'ordre d’un milliard d’euros.

Un fonds européen de 200 millions d’euros

Headline affirme miser sur "des entrepreneurs expérimentés, qui ont déjà réussi à scaler" par le passé. Un critère visant à répondre à son souhait d’aider l’internationalisation des entreprises, avec le concours de ses bureaux de San Francisco (États-Unis), Sao Paolo (Brésil), Berlin (Allemagne) et Londres (Royaume-Uni). "Depuis une dizaine d’années, la moitié des fondateurs est revenue en Europe pour être sur le terrain, explique Jonathan Userovici, qui est précédemment passé par Idinvest Partners. Il n’y a rien de tel que de constituer des équipes locales, qui parlent la langue du pays" . Le responsable du bureau parisien, qui juge son fonds "très ambitieux" , assure cibler des sociétés "qui veulent devenir très internationales et, pourquoi pas, des leaders paneuropéens ou transatlantique". Et, pour ce faire, il se pose une question en priorité : "Cet entrepreneur sera-t-il, à terme, capable de faire monter sa société en puissance ?"

Le ticket moyen investi par Headline est compris entre 1 et 5 millions d’euros. Peuvent y prétendre des startups aussi bien B2B que B2C. "Nous sommes actifs dans la FinTech, la santé, l’e-commerce, le divertissement, mais également l’automatisation des entreprises" , expose Jonathan Userovici, qui indique être présent au capital de plusieurs entreprises remarquées, telles que Homa Games, Sorare et Kili Technology. En plus de la petite dizaine de deals déjà signés en France, quatre autres s’apprêtent à l’être selon le responsable du bureau parisien. "Cela concerne deux FinTech, une FoodTech et une experte de la productivité" , révèle-t-il. Le véhicule Headline Europe, qui concerne l’ensemble des opérations menées par le fonds sur le Vieux Continent – et donc, en France –, a été abondé à hauteur de 200 millions d’euros par "des institutionnels, des corporates, des family offices, des banques et assurances ainsi que des écoles". Le fonds, qui n’hésite pas à réinvestir dans les startups, procède "au cas par cas, avec des montants variables selon la série" engagée.

Une technologie analyse les investissements

Le septième véhicule de Headline a, d’ailleurs, été spécifiquement pensé pour le growth capital. "C’est un fonds international, qui nous permet de suivre jusqu’à l’IPO [introduction en Bourse, ndlr]. Les startups sont ainsi suivies jusqu’au bout du chemin" , se réjouit Jonathan Userovici, qui précise qu’une dizaine de sorties ont déjà eu lieu suite à une IPO à l’échelle mondiale – c’est le cas de l’expert américain du Hi-Fi sans fil Sonos. Dans ce cas, les tickets s’établissent "plutôt autour de 7 ou 8 millions d’euros" . Le responsable du bureau parisien, qui a "co-construit" avec Headline le projet français, estime que le pays a de quoi "exploser". "On a démontré notre capacité à absorber du fait de l’ampleur des amorçages que l’on a réalisés jusqu’ici" , avance-t-il, arguant que l’expertise internationale du fonds aide son équipe à identifier les acteurs prometteurs dans l’écosystème.

L’atout mis en avant par Headline : une technologie propriétaire, à même d’analyser les investissements afin d'en optimiser la rentabilité. Parmi les 70 salariés du fonds dans le monde, "plusieurs dizaines de développeurs et ingénieurs" qui s’évertuent à perfectionner l’outil dans lequel "plusieurs millions d’euros ont été investis" . À Paris, Headline emploie trois personnes. Un à deux recrutements supplémentaires sont prévus d’ici à la fin de l’année 2021. "Nous voulons établir un équilibre entre des professionnels du VC et d’anciens entrepreneurs" , assure aussi le partner, qui insiste sur la nécessité de "parler plusieurs langues".

Encore modeste, ce renforcement de l’équipe tricolore traduit toutefois la volonté de donner plus de place aux investissements français dans le dealflow du fonds. "Alors qu’on a signé un deal par an en 2019 et 2020, nous en sommes à sept en 2021. L’implantation d’un bureau a provoqué une accélération" , appuie Jonathan Userovici, indiquant qu’une quinzaine d’investissements sont réalisés chaque année par le fonds en Europe – contre 40 dans le monde. La tendance paraît, en effet, être pour le moins favorable à l’Hexagone : "On sera le fonds early stage international qui y aura mené le plus de tours de table d'ici à la fin de cette année " , avance-t-il sans ambages.