Mise à jour d’un article initialement publié en février 2020
Le rêve de Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante de Leetchi, Thibault Lanthier, fondateur de Mon Docteur et Isabelle Rabier, fondatrice de Jolimoi, prend forme. Leur lobby à payer. Le gouvernement s’est inspiré de leur initiative Parental Act – une charte proposant un mois de congé entièrement rémunéré au deuxième parent à la naissance d’un enfant — pour réformer le congé paternité. L’allongement de 14 à 28 jours du congé de paternité sera financé par la Sécurité sociale pour un coût lui aussi doublé et estimé à plus de 500 millions d’euros en année pleine. Les trois jours du congé de naissance seront toujours à la charge de l’employeur. Les 25 autres jours seront indemnisés par la Sécurité sociale.
Depuis 2014, le compteur était resté bloqué, même si Marlène Schiappa se disait, début juin 2019, convaincue qu’il fallait allonger le congé paternité à un mois. Une situation jugée « d’un autre âge » par Romain Mazieries, PDG de Mangopay.
Un premier éveil des consciences
Pourtant, de nombreuses entreprises françaises ont pris la question de la parentalité à bras le corps, depuis quelques temps déjà, à l’image de Joone, Leetchi, Ÿnsect, MyLittleParis ou encore PayFit, mais aussi de grands groupes comme Kering, Chanel, Aviva ou Axa. Le Parental Act a été signé, à date, par 391 entreprises, concernant plus de 40 000 salariés. Preuve que la taille ne suffit pas à expliquer l’avancée de certaines sociétés sur d’autres.
A contrario, l’âge des employés a engagé certaines directions à s’intéresser à la question dès leur lancement. Chez Zenly, entreprise qui développe une application de map sociale, « nous sommes une startup avec une moyenne d’âge assez jeune, la question était très importante pour nous » , explique Claire Pluvinage, responsable des ressources humaines. Dès 2017, un congé paternité, devenu second parent par la suite, a été instauré. En janvier dernier, l’entreprise est même allée plus loin en le passant à 16 semaines.
Dans d’autres entreprises, c’est la naissance d’un premier enfant qui a enclenché le processus, comme chez Mangopay, par exemple qui en a « profité pour octroyer 20 jours à l’ensemble des salariés, partout en Europe » , indique Romain Mazieres.
Du côté des grands groupes, en 2017, l’assureur Aviva faisait figure de « pionnier » en annonçant offrir 10 semaines de congés second parent à tous ses employés, sans restriction de genre.
Un nouveau droit, encore pas si bien vu
Pour toutes ces entreprises, quelque soit leur taille, la mise en place d’un tel congé s’est fait « très naturellement » , assurent les interrogés. La question de la durée, par exemple, est arrivée assez simplement chez Joone : « Nous avons demandé au papa de combien temps il avait besoin, il a répondu quatre semaines » , répond simplement Carole Juge-Llewellyn, fondatrice et présidente de la startup à l’origine de couches éco-responsables. Ce standard d’un mois a d’ailleurs été repris dans le Parental Act.
Mais octroyer ce droit ne suffit pas. « Nous avons beaucoup communiqué en interne sur le sujet pour que les salariés ne pensent pas que ce serait mal vu d’en profiter. Nous l’avons même inscrit dans notre Team Playbook (document qui regroupe les différents process de la vie chez Zenly, NDLR) comme une norme » , confie Claire Pluvinage.
Un congé que tous les salariés acceptent de prendre ? Pas vraiment. Si, parmi les startups interviewées, l’ensemble des salariés pouvant bénéficier de ce congé deuxième parent en ont profité, chez Aviva, par exemple, seuls 55 des 90 intéressés ont fait ce choix entre 2017 et 2019 selon Sylvie Chartier, directrice du bien-être du Groupe dans un article d’Europe1. Preuve que les mentalités n’ont pas encore totalement évolué en interne.