Un tiers des Français de 18 à 64 ans écoute désormais des podcasts natifs, selon une étude CSA/HavasParis publiée à l’occasion du Podcast Paris Festival. Une progression en hausse de 10 points entre 2019 et 2021. Lors d’une table ronde organisée durant l’événement We Are French Touch, 5 des principaux acteurs de la production et de la diffusion de contenus audio étaient rassemblés sous la houlette d’Éric Naulleau.
L’heure était au bilan post crise sanitaire, qui a largement contribué à l’essor du podcast, et aux perspectives d’avenir pour le secteur. À plus grande échelle, l’événement dédié aux industries culturelles et créatives (ICC), réunissant 130 intervenants, est revenu sur les nouvelles transversalités qui parcourent la création, avec des masterclass, tables rondes, démos, etc..). Pendant deux jours, la French Touch a réuni 2500 participants et a mis à l’honneur ses plus belles success stories, du podcast aux défilés de mode, en passant par les enjeux environnementaux et sociaux du numérique.
Quel avenir pour les contenus sonores ?
‘Nous sommes jetés dans une bataille pour l’attention, pour l’e temps de cerveau disponible’, avec les industries du visuel. L’enjeu est de trouver de nouveaux utilisateurs et de les garder, explique Mathieu Gallet, ancien président de Radio France et CEO de Majelan. Nous avons fait le choix des formats courts (10-15 minutes), pour se glisser dans tous les moments de la journée : transports, tâches ménagères, ou, comme 25% de notre audience, le soir après 22h. »
Pas en reste contre le podcast, le livre audio gagne aussi des parts de marché, comme le rappelle Valérie Levy-Soussan, PDG d’Audiolib : « Avec le confinement, il y a eu une adoption massive du livre audio. Permettre de sortir du quotidien pour s’immerger dans une fiction, dans un univers, c’est ça le pouvoir de la voix » . Et en effet, près de dix millions de Français se sont mis à l’écoute de livres audio. « Un chiffre à la fois impressionnant et en retrait par rapport à nos voisins européens » , explique-t-elle. C’est pourquoi l’offre doit encore se développer, avec une attention toujours plus grande à la qualité des ouvrages et à une professionnalisation des interprètes pour trouver la voix parfaite.
La voix comme palliatif aux écrans
La voix représente sans doute la meilleure alternative aux écrans. Si, comme le rappelle Virginie Maire, présidente de Sybel, « les moins de 35 ans ont boudé la radio comme ils ont boudé la télévision » , ils se sont tournés vers de nouveaux modes de consommation. Des plateformes de SVOD aux podcasts natifs, les nouveaux usages émergent chez les plus jeunes. Et comme le rappelle la dirigeante, le marché de l’audio ne peut que croître, puisque nous pouvons (presque) toujours écouter du contenu, « mais nous ne pouvons pas toujours le regarder ».
D’ailleurs, la voix n’envahit pas seulement le secteur des ICC (Industries Culturelles et Créatives). Elle participe à la création d’un numérique qui n’est plus digital, mais vocal. En témoignent les nombreux services liés à la voix qui se sont développés ces dernières années : notes vocales sur les messageries, fonction dictée sur les logiciels de traitement de texte ou encore les commandes vocales pour la plupart des appareils électroniques (même les voitures). La voix fait un retour fracassant dans l’ère du tout numérique.