Président de la Jamie Oliver Food Foundation de 2015 à 2018, Eric Archambeau -cofondateur d’Astanor Ventures avec George Coelho- met un premier pied dans le monde de l’agroalimentaire à travers le prisme des enfants et l’épidémie d’obésité qui les touche. Au cours de cette expérience, il constate "que tout le système agroalimentaire avait été progressivement développé pour vendre des calories pas cher” , analyse t-il. Les grandes surfaces se sont engagées pour le pouvoir d’achat entraînant les agriculteurs dans une spirale : les pousser à produire plus, au détriment d'une qualité qui n’est pas payée au juste prix. 

Soutenir l'agriculture de demain 

A partir de 2015, des recherches sont menées sur les sols. Les résultats mettent en évidence la fragilité de l'écosystème agricole. Son équilibre, et par conséquent le secteur agricole, sont menacés par de multiples facteurs : la sécheresse -qui va conduire à une augmentation du prix de l’eau-, une croissance démographique, l’utilisation massive d’engrais issus de la pétrochimie et le réchauffement climatique qui menace déjà certaines cultures. Pour répondre à ces multiples défis, “de nouvelles solutions se développent notamment dans les BioTech et dans le domaine de l'intelligence artificielle” , explique le cofondateur d’Astanor Ventures qui entend bien en financer certaines avec son fonds. 

Doté d’un capital de 264 millions d’euros, financé par plusieurs fonds souverains (dont Bpifrance et le Fonds européen d’investissement), des banques, des family office et des fonds de dotation, ce premier véhicule finance des startups de l’AgriTech et de la FoodTech, de la phase d’amorçage à la série C, en Europe, aux Etats-Unis mais aussi en Australie. Parmi les pépites de son portefeuille, on trouve Infarm -et son concept de ferme urbaine-, La Ruche qui dit oui -spécialisée dans le circuit-court-, la licorne Ÿnsect -cultivateur d’insectes- MiiMosa -plateforme de financement participatif- ou encore Umiami et ses alternatives végétales. 

Des investissements qui représentent bien la stratégie et la volonté du fonds : soutenir, non pas seulement les agriculteurs- mais toute la chaîne de valeur du milieu agricole, de la préservation des sols à la revente des produits agricoles en passant par la transformation de ces derniers. 

Le ticket moyen d'investissement s'élève à 11 millions d'euros avec un refinancement possible. 

Structurer son développement et son impact 

Pour sélectionner et accompagner les pépites qui vont transformer notre modèle agricole, le fonds a mis sur pied une équipe d’une trentaine d’experts reconnus internationalement. De manière non exhaustive on peut citer parmi les investisseurs : David Barber, co-fondateur d’une ferme-restaurant, d'une association et agence de conseil en agriculture, Kathleen A. Merrigan, experte des enjeux alimentaires et agricoles, également directrice exécutive du Swette Center for Sustainable Food Systems à l’université d’Arizona ou encore Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone. De son côté, George Coelho, cofondateur du fonds, possède une longue expérience d’investissement dans les nouvelles technologies au sein de la Silicon Valley. Le fonds possède également, dans son réseau, des scientifiques, des politiques et des spécialistes de l'agroalimentaire comme de la stratégie d'entreprise. 

Des compétences qui se complètent pour apporter le meilleur soutien possible à son portefeuille, sur des thématiques allant de la stratégie de développement à la mesure d’impact. “Le fonds a une place au conseil d’administration de la majorité des sociétés de son portefeuille afin de jouer un rôle actif dans la stratégie et mieux conseiller les entrepreneurs sur les questions de développement au quotidien” , souligne Eric Archambeau. 

Si par sa thèse d’investissement, Astanor Ventures finance déjà des sociétés à impact, le fonds a décidé de se doter d’une véritable politique d'accompagnement en la matière en aidant ses pépites à mettre en place et structurer leur stratégie RSE. Ce qui prend différentes formes : bilan carbone, analyse du cycle de vie, mise en place de KPIs extra-financiers, labellisation, etc.