World of Warcraft, The Legend of Zelda, Assassin’s Creed, FIFA, Mario Kart…. Même les plus néophytes connaissent au moins le nom d’un jeu video. Et pour cause: le secteur foisonne de nouveaux jeux dont les studios n’hésitent pas à faire la promotion. Il faut dire que les enjeux sont de taille. En 2020, le secteur a généré 300 milliards de dollars de recettes et atteint pas moins de 2,7 milliards de joueurs et de joueuses dans le monde selon une étude du cabinet Accenture, Un succès qui se confirme également en France : 71% des Français s’adonneraient à cette passion régulièrement en 2020 contre 29% seulement en 2005 selon le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs. Une croissance qui en dit long sur la manne financière qui se cache derrière. 

Malgré tous ces signaux positifs, les studios indépendants peinent à trouver les ressources pour se développer. “La sphère financière n’est pas acculturée au business model et au fonctionnement du monde du jeu vidéo. C’est un secteur encore perçu comme très risqué ”, analyse Mathilde Yagoubi, déléguée générale de l’association Game Only. Résultat, ces sociétés sont approchées par des mastodontes du secteur désireux de les faire tomber dans leur escarcelle. “Depuis le Covid, notre nombre d’adhérents a augmenté. Beaucoup d’entre eux ont reçu ce type d’offres de la part d’investisseurs asiatiques ou américains. Ils ne souhaitent pas vendre à des entreprises étrangères et souhaitent plutôt se développer avec des capitaux européens” , constate la déléguée générale de l’association.

La région Auvergne Rhône Alpes en première ligne 

D’où le lancement de Game Only Ventures, un véhicule d’investissement dédié au financement -de l’amorçage à la série A- des studios de jeu vidéo implantés dans la région Auvergne Rhône Alpes. Celui-ci investira, en complément d’autres fonds, des tickets compris entre 150 000 et 6 millions d’euros. Encore en levée de fonds, le capital visé est de 20 millions d’euros d’ici à fin septembre, la moitié étant déjà sécurisée.

Connue pour sa gastronomie, la région “est un berceau du jeu vidéo en France” , rappelle Mathilde Yagoubi. Une créativité qui ne s’est pas perdue. “Plus d’une centaine d’entreprises de toutes tailles -de 2 à 100 salariés dont Ubisoft- et d’une grande variété” sont installées dans la région. Certaines sont spécialisées dans la création de jeux pour PC, pour console, pour mobile, d’autres travaillent sur les NFT ou la réalité virtuelle. 

Pour les accompagner, Game Only a lancé avec H7 son propre incubateur, Let’s GO, début 2021. “C’était une demande des acteurs” , souligne la déléguée générale de l’association qui présente le fonds -géré en collaboration avec Inviga- comme la suite logique de cette première initiative. Il ciblera les studios de jeux vidéo indépendants, installés en région Auvergne Rhône Alpes.

Un comité d’experts en soutien 

Game Only Ventures sera opéré par Inviga, un fonds européen spécialisé sur cette thématique fondé en janvier dernier par Edouard Miffre et Patrick Gigase. “Il s’agit d’un compartiment au sein d’Inviga” , précise Mathilde Yagoubi.

L’association est en train de structurer un comité d’experts composés d’entrepreneurs et d’experts du jeu vidéo qui “analyseront les decks des candidats” pour déterminer le potentiel des projets et leur marché. Les dossiers les plus intéressants seront envoyés à l’équipe d’investissements d’Inviga qui prendra la décision finale. Une initiative qui permettra également de rassurer les investisseurs du fonds. 

En parallèle de ce financement, c’est un véritable accompagnement que Game Only Ventures veut apporter aux entrepreneurs de son portefeuille. “Les experts que nous sélectionnons ont soif de partager leurs connaissances. Ils sont vraiment dans la transmission et prêts à aider des entrepreneurs qui sont souvent des créatifs et ne savent pas toujours comment structurer leur entreprise” , insiste Mathilde Yagoubi. Ils joueront alors le rôle de mentors pour aider ces jeunes pousses à pallier certaines faiblesses, à investir sur leurs forces ou à recruter les bons profils. 

La rémunération perçue par Game Only dans le cadre de ce projet sera réinvestie dans l'écosystème, ajoute Mathilde Yagoubi et plus précisément dans Horizon Jeu video, une association faisant la promotion du secteur auprès des jeunes et sensibilise à plus de diversité et de mixité dans le secteur.