L’Industrial Tech n’a pas toujours été le secteur le plus attractif mais il est en passe de devenir l’un des secteurs à la croissance la plus rapide dans le capital-risque européen. Et la France n’est pas à la traîne. C’est ce que précise le rapport Speedinvest et Dealroom.co sur l'écosystème européen de l’Industrial Tech. 

Mais qu’est-ce que l'Industrial Tech ? 

L’Industrial Tech représente l’ensemble des initiatives technologiques qui aident à digitaliser ou disrupter le secteur industriel traditionnel : manufacture, construction et logistique. Et ce, tout au long de la chaîne de valeur : approvisionnement en matières premières, production et recyclage. Ce rapport, publié pour la troisième année consécutive, identifie dix-huit secteurs clés représentant 748 entreprises européennes proposant des innovations technologiques industrielles et partage les prévisions d’investissement en capital-risque sur ce segment de la tech.

Déjà 4,7 milliards de dollars levés en 2022

Avec plus d'un tiers de l’économie mondiale basée sur l’industrie, soit près de 23.000 milliards de dollars de production, le secteur des technologies industrielles connaît ces dernières années un engouement sans précédent de la part des fonds d’investissement.

Selon le rapport, et avec 4,7 milliards de dollars levés en 2022, le secteur est bien parti pour battre le record de l’année précédente avec des prévisions pour la fin d’année 2022 estimées à 6 milliards de dollars d’investissements en capital-risque. 

En relatif, cela le place comme le quatrième secteur connaissant la croissance la plus forte en termes d’afflux de capitaux en Europe entre 2021 et 2022 (sur les périodes janvier-août). Il arrive derrière le secteur immobilier (+ 50%), le tourisme (+27%) ou encore le domaine de la recherche d’emplois (+19%). Le secteur est notamment porté par l’intérêt des investisseurs pour certains sous-segments de l’Industrial tech comme la logistique, la robotique ou encore l’énergie.

La France en seconde position derrière l’Allemagne

L’engouement pour l’Industrial Tech à l’échelle européenne a permis à cinq nouvelles licornes de voir le jour, dont Exotec, qui devient la deuxième licorne industrielle française en janvier 2022 après Ivalua en 2019. La France, qui a investi près de 827 millions de dollars dans le secteur cette année, se place derrière l’Allemagne, avec 1,4 milliard de dollars, et devient le deuxième pôle d’investissements dans l’Industrial Tech en Europe. 

À ce sujet, Marie-Hélène Ametsreiter, General Partner chez Speedinvest, commente : “Il existe une corrélation directe entre le nombre d'acteurs industriels établis en France et le nombre de startups Industrial Tech. Le talent, les clients, le savoir-faire, ainsi que le capital, sont cruciaux pour le développement d'un écosystème prospère. La France, avec 18 % de son PIB provenant de l'industrie et l'Allemagne, avec 26 %, ont donc tous les atouts pour être des acteurs européens de premier plan de l’industrial tech”.

Investir face à l’urgence climatique

Avec 53% des opérations réalisées en Série D, le secteur des technologies industrielles semble avoir atteint un stade de maturité qui rassure et pousse les fonds à investir malgré le contexte économique incertain. Une évolution qui peut trouver une explication dans la prise de conscience des états et des entreprises face à l'urgence climatique et énergétique, ainsi qu’à la nécessité de décarboner les procédés industriels. Le secteur industriel étant, d’après Speedinvest, responsable de presque 70% du total des émissions carbone, en comptant la construction et la mobilité. "Les innovations de ruptures portées par l’Industrial Tech sont essentielles à la fois pour améliorer la productivité de l'Europe et garantir que le continent atteigne ses objectifs en matière d'émissions carbone grâce aux innovations technologiques liées au climat." déclare Marie-Hélène Ametsreiter, General Partner chez Speedinvest.

Avec le ralentissement économique actuel et une pénurie croissante de main-d'œuvre, l'Europe devient en effet de moins en moins attrayante en tant que lieu de production industrielle. Pour rester compétitive, elle doit donc accélérer l’automatisation et trouver des solutions alternatives en matière de production d'énergie. 

La Climate Tech regroupe les entreprises technologiques travaillant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’impose cette année comme un secteur porteur et stratégique, présent dans de nombreux sous-segments de l’Industrial Tech. D’après le rapport, l’investissement en capital-risque dans la Climate tech pourrait atteindre les 1,4 milliard de dollars d’ici la fin de l’année contre 1,2 milliard pour 2021.