25 octobre 2022
25 octobre 2022
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
13395

6 ans après son rachat par Exacompta Clairefontaine, Lalalab explique ce choix

Il y a dix ans, Lalalab se lançait sur un marché balbutiant. Quatre ans après son lancement, la startup se revendait au groupe Exacompta Clairefontaine. Récit de six années d’une revente qui ont été vécues comme une libération. 
Temps de lecture : 4 minutes
Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.

Créée en 2012, la startup Lalalab peut être considérée comme un pionnier de l’impression photo depuis mobile. À l’époque, plusieurs éléments technologiques étaient différents d’aujourd’hui : la qualité des photographies prises depuis un smartphone, le débit internet, et la maturité des stores pour télécharger les applications.

Mais ses trois fondateurs avaient parié sur l’avenir et se sont lancés sur ce marché. Un pari qui s’est avéré payant, quand on sait que 95% des photographies dans le monde sont aujourd’hui prises par un smartphone ou une tablette. De la même manière aujourd’hui, sur dix personnes prenant des photos, neuf n’ont jamais touché à un appareil photo de leur vie.

Dès 2014, l’application est présente dans plusieurs pays et elle réalise une levée de fonds de 400.000 euros pour accompagner son développement à l’international.

En 2016, Lalalab est à deux doigts de la rentabilité quand elle se revend à Photoweb (plateforme elle-même rachetée par le groupe Exacompta Clairefontaine deux ans plus tôt). La revente par un grand groupe est parfois décrite comme une perte d’indépendance, par l’arrivée de lourdeurs administratives et décisionnelles, et parfois comme un désastre complet.

Maddyness a souhaité se pencher sur le cas Lalalab, où la revente a eu un effet libérateur et a lancé l’entreprise sur une nouvelle dynamique. 

Contacté par Maddyness, Jérémy Charoy (fondateur et premier CEO de Lalalab) explique la décision complexe qu’il a eu à prendre en tant qu’entrepreneur à ce moment-là.

Au moment de la revente, Jérémy Charoy ne s’était pas encore versé de salaire : quatre ans qu’il travaillait sans la moindre rémunération, et avec le risque de voir son application se faire retirer des stores à tout moment. A cette époque, l’entreprise s’était faite attaquée par Polaroïd, qui n’avait pas apprécié de retrouver le préfixe Pola- dans le premier nom de l’entreprise.

" Avec cette revente, on sécurisait la boîte et notre travail ", explique-t-il à Maddyness. Le fait de rejoindre un groupe solide a été vécu comme une bulle d’oxygène. Pour Exacompta Clairefontaine, populaire pour ses cahiers Clairefontaine (mais aussi ses blocs-notes orange Rhodia, ou les agendas Quo Vadis), c’est une aubaine. En tant qu’expert du papier, à un moment où le monde se digitalise, ce rachat est considéré comme l’occasion unique de se diversifier et d’imaginer le futur du papier.

Lalalab atteint d’ailleurs très vite une excellente rentabilité, d’après Jérémy Charoy et Hélène Quériault, actuel CEO de l’entreprise.

Les conditions d’une cohabitation réussie

Pour Hélène Quériault, arrivée comme directrice marketing en 2018 et devenue CEO en mars 2021, le poids de la maison-mère ne se fait pas ressentir comme on l’imagine souvent dans ce genre d’opération. 

" Je pense qu’il y a une grande confiance et ils nous offrent une énorme autonomie dans nos choix. Je pense que c’est aussi lié au fait que nous soyons rentables et qu’ils voient que nous continuons à atteindre nos objectifs ". Elle concède qu’il arrive parfois qu’une décision soit un peu plus longue, mais elle assure que ce n’est pas un point problématique.

Au final, ce rachat arrivé tôt dans l’histoire de l’entreprise a eu un effet libérateur : Lalalab quittait la course aux levées de fonds, et ne se posait plus la question de l’exit. Tout cela était derrière l’équipe dirigeante, qui pouvait se concentrer alors sur un autre horizon de temps.

" L’horizon n’est pas le même, explique Hélène Quériault. On ne pense plus à la revente puisqu’elle est derrière nous. L’horizon, c’est repenser long terme : dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans… où sera cette boîte ? On est maintenant entré dans un temps plus long où l’on pense à la pérennisation de l’entreprise. "

Avec cette vision long terme, vient aussi le sujet de la responsabilité environnementale et sociétale. " Parce que quand ton objectif c’est d’être encore là dans 30 ans, tu dois forcément te poser ces questions ". 

De la même manière, toute l’équipe dirigeante est partie il y a quelques années. Hélène Quériault est déjà la troisième CEO de l’entreprise et elle parle sans complexe du fait qu’il y en aura certainement un quatrième un jour. 

" Dans 50 ans, je ne promets pas d’être encore là ", plaisante-t-elle. " Au moment des entretiens d’embauche, certaines personnes recherchent une boîte qui va faire fois dix tous les deux mois et qui va être le champion de la levée… ce n’est pas ce que l’on propose. Mais on garde un côté hyper fourmillant, plein d’idées, agile, rapide, etc. On reste malgré tout une petite structure très autonome et indépendante ".

Avec 40 collaborateurs aujourd’hui, Lalalab a décidé d’avancer à son rythme, de faire les choses bien, et de s’inscrire dans la durée.