Quelles sont les principales différences entre un CFO d’une startup et celui d’une entreprise plus traditionnelle ?
Dans une startup, les évolutions des business modèles rendent les prévisions plus difficiles à établir que dans les grands groupes. C’est l’une des différences fondamentales. Par exemple, quand je travaillais chez Philips, avant Withings, les variations d’activité étaient plus limitées. En startup, à l’inverse, on sait que tout peut évoluer très rapidement.
Nous sommes aussi moins structurés, avec des équipes plus petites. En startup, le CFO doit mener tout un travail de construction, notamment pour fiabiliser l’information financière. Il faut toutefois noter que les choses ont bien évolué depuis la création de Withings en 2008 : désormais, il existe des CFO en temps partagé, qui arrivent beaucoup plus tôt dans les startups, ce qui permet de bien structurer les process, plus tôt.
En quoi les startups sont-elles précurseurs (ou pas) dans les outils et les méthodes liés à la comptabilité et à la gestion ?
De manière générale, les équipes en startup – en finance ou ailleurs – sont très demandeuses de nouveaux outils. Elles ont une bonne capacité d’adaptation et savent les adopter rapidement. Les startups ont donc une capacité à être assez précurseurs, à condition de choisir les bons outils, évidemment.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confronté aujourd’hui, au quotidien ?
Chez Withings, nous faisons des produits, pour lesquels nous devons acheter des composants à l’avance. C’est un marché sur lequel les délais se sont fortement allongés à partir de 2020, mais là, tout s’accélère à nouveau… Il faut donc gérer les stocks et les approvisionnements, pour s’assurer que nous avons commandé juste ce qu’il nous faut et anticiper les arrêts et lancements de produits. Mais c’est finalement un enjeu très classique pour le secteur du hardware.
L’autre défi, comme pour tous les CFO en ce moment, est de composer avec un environnement économique plus incertain. Difficile de prévoir le cash, l’Ebitda ou le CA à trois ans, quand on manque de visibilité à 6 mois ! Avec la baisse de l’euro, la hausse des matières premières et l’augmentation des coûts de transport, nous devons opérer des hausses de prix, pour retrouver un niveau de marge satisfaisant.
Au même moment, nous devons composer avec une complexité qui n’est pas propre à la fonction finance : les talents. Comme partout, il est plus difficile aujourd’hui de garder les bonnes personnes et de recruter. Sur notre marché, les candidatures qualifiées sont moins nombreuses que par le passé. Nous sommes pourtant dans un secteur assez porteur, celui de la santé, avec des produits très concrets. Malgré tout, nous avons réussi à recruter récemment deux personnes en contrôle de gestion avec des profils complémentaires, et nous avons promu une personne de l’équipe pour une création de poste.