C'est dans une petite rue du 17è arrondissement parisien, dans un espace de co-working à l'allure décontractée que Patrice Van de Velde et Yosra Helal ont élu domicile pour Unblocked, leur PME dédiée au développement de la blockchain qui réunit chaque jour une équipe de " 10 jeunes mordus par leur métier " aiment dire ses fondateurs.

A 39 ans, cet ancien responsable delivery du site e-commerce de Moët Hennessy, dans l'univers de la tech depuis 15 ans, découvre le Bitcoin en 2017 et se passionne pour cette technologie. Passé responsable de la blockchain pour la Maison de champagne, il prend le large pour fonder son entreprise qu'il co-dirige aujourd'hui avec Yosra Helal (CTO) - une jeune trentenaire immergée dans l'écosystème de la blockchain depuis 7 ans.

La demande des grands comptes explose

"Quand je faisais de la veille technologique sur la blockchain chez Moët Hennessy, j'ai vu défiler beaucoup de projets, de  bonnes idées mais avec un manque de recul sur les aspects techniques. De là, est née l'idée d'aider de jeunes startups  qui se lancent en les accompagnant sur la partie Tech, notre cœur de métier. " insiste Patrice Van de Velde en même temps qu'il raccroche le téléphone avec un nouveau client. En partenariat avec plusieurs sociétés orientées marketing Web 3, Unblocked intervient sur la phase de réalisation de la blockchain - et souvent, des NFT. Et a aussi un beau portefeuille de clients en direct.

" Nous avons soit la jeune startup purement Blockchain, soit des grands comptes (souvent des marques) qui veulent se lancer dans le monde du Web3 et des NFT. Cette demande explose et la logique est d'augmenter leur cible, de trouver de nouveaux clients qu'ils n'auraient pas avec des canaux classiques, et  de lancer une collection de NFT pour fédérer une communauté autour de la marque." expose le CEO de cette jeune pousse.

Dernier exemple en date : Lacoste, pour qui Unblocked vient de créer la première collection de NFT " Genesis Pass ". " Nous avons assuré la mise en place de la plateforme, son hébergement et le monitoring pendant la durée de l’opération, le développement du smart contract et la création de la collection NFT. Il y a eu 4 millions de clics et la collection a été liquidée en moins de 24h " raconte l'équipe qui se rappelle de ses nuits blanches au moment du lancement !

… pour repenser la relation avec la communauté

" Le Web3, c'est un changement de paradigme sur la façon dont la marque communique avec ses clients et sa communauté. De façon classique, la communication se fait de la marque vers le client. Avec la technologie de la blockchain, c'est plus vertical : la marque peut s'adresser directement à ses clients et la communauté peut décider certaines orientations artistiques autour des produits.  Les détenteurs de NFT de sont considérés comme de véritables ambassadeurs. Les marques peuvent aussi élargir leur cible car les gens du Web 3 ne sont pas forcément dans le luxe mais en leur ouvrant l'accès, ils le seront probablement dans quelques années " résume Patrice Van de Velde, qui a plaisir à rappeler que " le NFT est à la blockchain ce que le mail a été à l’internet ".

Solidity : le langage de prédilection

Les yeux rivés sur son ordinateur, la CTO enchaîne les lignes de chiffres et de lettres pour un nouveau client : Joa, une startup prometteuse 100% blockchain qui propose de l'affacturage de facture (système de rachat de factures de façon décentralisée). Elle réalise un smart contract avec Solidity, un langage utilisé pour réaliser des applications sur la blockchain. " C'est le langage le plus utilisé pour le développement des smart contracts sur Ethereum. Pour la partie web2, on garde principalement des technos comme NodeJs ou Golang auxquelles on ajoute une couche web3 pour permettre l’interaction avec la Blockchain via etherJs ou web3Js " explique Yosra Helal.

A la voir aligner des lignes de code, cela semble un jeu d'enfants ! Mais elle est d'une extrême vigilance. Car le plus difficile lors d’une réalisation d’un projet web3, c'est la phase d'architecture et de conception. " Quand on déploie un smart contract, impossible de faire marche arrière. Puis quand on arrive à la partie développement, c'est la sécurité qu'il faut verrouiller car les smart contracts peuvent contenir des assets ou de l'argent et être hackés à tout moment " poursuit cette geek qui précise qu'il est indispensable de "prévoir de l'audit sur chaque contrat avant de se lancer ". Ensuite, elle va veiller à l'optimisation du code car plus on optimise le contrat, moins il y a de frais de transaction. " C'est un vrai travail d’orfèvre " lâche-t-elle.

Plusieurs façons de réaliser une application sur la Blockchain selon le besoin

Comme pour le cloud, il y a différentes façons d'envisager l'architecture de la blockchain et son utilisation. Tout dépend des besoins du client. " Il faut toujours aller dans le détail pour cerner leur besoin et leur proposer la meilleure réalisation. Le plus important, c'est le cadrage fonctionnel et technique pour déterminer la Blockchain la mieux adaptée (publique, privée, hybride), mais aussi, la faisabilité en terme technique ".
Si la " génération Bitcoin " qui a permis d’introduire la Blockchain en tant que technologie semble déjà loin, " c’est grâce à Ethereum que l’on a pu avoir des vraies applications décentralisées qui tournent sans intermédiaires ou presque grâce aux smart contracts " selon Yosra Helal qui souligne qu'Ethereum reste la première Blockchain utilisée sur le marché.

Mais avec des techniques qui évoluent constamment, elle avoue qu'il n'y a pas une semaine sans mises à jour sur  le langage Solidity et d'autres. " Il y a de plus en plus de protocoles et de services qui arrivent pour améliorer notre expérience que ce soit pour tracer la Blockchain, stocker des informations en mode décentralisé, débugger des transactions... C'est une technologie en perpétuelle évolution avec de plus en plus d'outils et de services ".