" Cela fait un moment que recruter un stagiaire est devenu compliqué ", constate Amaury Montmoreau. L’entrepreneur a fondé en 2013 Ajstage, un cabinet de recrutement pour stagiaires et alternants, devenu aujourd’hui Eiquem. Et depuis la création de la société, le marché s’est considérablement tendu. Alors que les entreprises avaient : " l’embarras du choix il ya encore 10 ans, ce n’est plus du tout le cas." Notamment parce que les stagiaires sont devenus centraux au sein des entreprises. " Pour les sociétés, c’est une main d'œuvre peu chère mais aussi le moyen de créer un vivier de talents à moindre coût.". Pour certaines entreprises, l’idée est en effet de recruter très tôt et de former plutôt que d’embaucher des personnes plus expérimentées et donc plus coûteuses. " Les entreprises donnent de plus en plus de responsabilités aux stagiaires. Les stages cafés-photocopies n’existent plus ", poursuit le dirigeant d’Eiquem.

Les entreprises cherchent les mêmes profils

Les employeurs sont donc de plus en plus exigeants. Et si leur objectif initial est de faire des économies, ils sont parfois obligés de mettre la main aux porte-monnaies pour attirer des profils intéressants. Le tout dans un contexte de difficultés de recrutement généralisé. " Le marché de l’emploi est particulièrement tendu et les stages ne font pas exception ", souligne Amaury Montmoreau. D’autant que les entreprises ont tendance à toutes chercher les mêmes profils et que le gouvernement incite les étudiants à privilégier l’alternance aux stages. " Alors qu’il n’y avait que les grands groupes qui réévaluaient les indemnisations il y a quelques années, les entreprises qui se cantonnent au montant minimum font désormais exception.".

Une frontière floue entre stage de fin d’études et période d’essai

La notion de stage semble mélanger en effet les stages d’une semaine en 3eme, ceux réalisés en BTS et les stages de fin d’études, après un master. La loi de 2014 a permis de protéger ces travailleurs en formation mais sans faire de distinction. " En 2010, 25 % des jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage. Et il n’y avait aucune réglementation par rapport aux stages, ce qui favorisait les abus. La réponse du gouvernement a donc été d’encadrer les stages en obligeant notamment à ce qu’ils soient réalisés dans le cadre d’une formation pour éviter les CDD déguisés. ". Aujourd’hui encore, le stage ne doit pas remplacer un emploi ni un congé maternité et les entreprises doivent respecter une période de carence entre deux stagiaires. Leur nombre est également limité. Dans une entreprise de 20 salariés, ils ne peuvent pas être plus de trois.

Pour autant, la frontière entre stage de fin d’études et période d’essai est parfois floue quand ce dernier découle sur un CDI. " La différence de coût est énorme et la prise de risque moindre pour les entreprises ", souligne Amaury Montmoreau. L’autre avantage pour les recruteurs est d’identifier plus facilement ces candidats. Ils s’adressent aux établissements scolaires plutôt que de se confronter à la “jungle du marché de l’emploi”.