Vers une amélioration du quotidien

Ils étaient quatre sur la scène Talk dédiée à l’IA pour détailler leur technologie, le 8 février dernier. "XXII CORE, permet d’analyser des flux vidéos en temps réel. Une cinquantaine de villes en sont équipées pour, entre autres, monitorer leurs feux rouges mais aussi économiser l’électricité dédiée à l’éclairage urbain en l’utilisant uniquement lorsqu’un humain ou une voiture est détecté par la caméra.", explique William Eldin, Fondateur et CEO de XXII CORE, dont le software apporte, aussi, une aide aux opérateurs du retail et de l’industrie.

À ses côtés, Jeremy Jawish, Co-fondateur et CEO Shift Technology, décrit sa plateforme qui facilite le quotidien des assureurs en automatisant l’examen des sinistres et en luttant contre la fraude : "Lorsqu’on abîme son véhicule, le premier stress réside dans le fait de savoir si on va être couvert ou pas. Shift technology permet à des boîtes d’assurance d'ôter ce stress à leurs assurés en leur fournissant, en temps réel, des éléments quant à leur prise en charge.".

Vincent Luciani Fondateur et CEO d’Artefact, première société de conseil en Europe spécialisée dans la data science, améliore également le quotidien de ses clients à travers d’étroites collaborations, qui permettent de construire des IA qui répondent à leurs besoins. Récemment, la société a optimisé la gestion des stocks des boulangeries Carrefour : "Artefact a construit des boulangeries augmentés avec un algorithme simple d’usage. Il prend en compte des paramètres tels que la météo, le jour de la semaine ou les fêtes nationales et donne une estimation précise de la consommation heure par heure. Un an après sa mise en place, l’IA a permis d’éviter le gaspillage de 5 millions de croissants.". Si ces cas d’usages montrent que l’IA est un outil puissant pour réaliser des tâches complexes, le questionnement et l’examen des humains est indispensable pour éviter les effets de bord des décisions prises par ces neurones artificiels.

Augmenter l’humain tout en laissant la place au doute

C’est dans ce cadre qu’intervient Thales, comme l’explique Raphaël de Cormis, PDG de Thales Digital Factory, "L’une des missions de Thales consiste à s’assurer que nous puissions faire confiance à ce monde qui se numérise chaque jour davantage en lui donnant des fondations solides. L’IA doit laisser la place au doute. Un opérateur doit pouvoir questionner voire débrayer manuellement et non pas adopter automatiquement toutes les propositions qui lui sont faites.". William Eldin est du même avis, pour lui l’IA doit venir en aide à l’humain quand la masse d’information à traiter est trop importante. "Dans le cas de XXII CORE, la technologie permet d’automatiser la vision qui représente 70 % de l’information captée par l’humain. C’est nécessaire quand il y a trop de choses à voir.".

Un autocontrôle en attendant la régulation

Le rythme rapide de l’évolution de l’IA représente un véritable défi pour le régulateur. Si les avantages de l’IA sont indéniables, cette technologie pose des questions éthiques et il est nécessaire de veiller à ce qu’elle soit utilisée de manière responsable. Jeremy Jawish concède que Shift Technology veille systématiquement à ce que son IA ne soit pas ségrégative. "Dans son apprentissage , il n’était pas question que l’IA prenne en compte les critères qui peuvent être discriminant à l’instar du sexe, de l’origine, etc. mais il faut veiller à ce qu’avec la masse d’information que l’IA ingère, elle ne reconstruise pas certains paramètres de manière implicite. Ce n'est pas toujours évident de contrôler ce qu’il en sort et c’est d’autant que l’éthique est très géographique.".

Vincent Luciani valide le propos et se réjouit de voir que les acteurs de l’écosystème : "s'auto contrôlent et se fixent leurs propres limites" avant d’accorder qu’il n’est pas évident d’évoluer dans un secteur qui n’a pas de cadre réglementaire ou législatif. D’autant plus quand l’IA créatif vient succéder à l’IA prédictif : "L’’IA peut poser des problèmes de deep fake, et la maîtrise des effets de bord qu’exercent les acteurs de l’IA, notamment au travers de labels comme le franco-allemand Positive IA, ne peut nous rendre qu’optimistes. Mais il est nécessaire de trouver le bon compromis pour rapidement réguler, sans brider la créativité.".