Dans "un monde anéanti par une crise financière sans précédent et alors que l'économie des pays industrialisés est ravagée, que les chômeurs et les petits porteurs ruinés se comptent par millions, une valeur financière semble résister : l'être humain. Les représentants de l'élite de la société peuvent se faire coter en bourse et devenir des " Red Eyes ". L'introduction en bourse n'est donc plus le seul privilège de personnes morales, c'est aussi une réalité pour des personnes physiques, qui perçoivent un capital, portent au poignet une " rate watch " indiquant leur cote et répondent à leurs actionnaires dans leurs assemblées générales...".

Le postulat de HSE, une bande dessinée de Xavier Dorison et Thomas Allart qui posent des questions fondamentales pour le monde de demain, que ce soit sur la place de l'humain dans nos sociétés ou sur les modèles économiques de celles-ci.

Une idée qui résonne avec l'idée de Royaltiz, une jeune entreprise qui se lance avec un concept relativement proche et que la rédaction a pu interviewer dans le cadre d'une nouvelle série sur le capital humain et sur la place que nous donnons à celui-ci aujourd'hui.

Quelle a été l'idée à l'origine de Royaltiz ? Cela m'a fait penser à HSE, une bande dessinée, avec un parti pris similaire dans un futur, une source d'inspiration ?

L’idée est née d’une frustration, celle de croiser des personnes talentueuses et de ne pas pouvoir investir sur elles pour à la fois les aider et tirer les fruits de l’intuition de leur réussite future.

Le point commun entre Royaltiz et HSE ? C'est que le cœur de la création de valeur est intrinsèquement lié à l’humain et que chacun d’entre nous devrait être l’objet de toutes les attentions.

Pour autant, dans la BD, ceux qui sont cotés sont soumis à une énorme pression et que, très vite, leur vie est contrôlée par leurs actionnaires.

Avec Royaltiz c’est l’exact inverse, quand on investit sur un talent c’est qu’on lui fait confiance pour vivre sa vie comme il l’entend car c’est en lui que l’on croie. Il est le meilleur juge de ce qui est bon pour lui et donc pour ceux qui ont investi en lui.

Nous sommes un élément de croissance, de développement et donc de liberté soit l’exact contrepied de la thèse de HSE.

Comment vois-tu le développement de nos économies ? Penses-tu qu'elles seront reliées à l'humain avant tout ?

Elles le sont déjà, ce n’est juste pas formalisé comme tel. Mais ce sont des gens qui investissent, qui font les lois, qui décident de se retirer d’un pays, d’un secteur ou au contraire d’y injecter beaucoup d’argent. On oublie que derrière chaque institution publique ou privée ce sont des personnes qui décident.

Avec Royaltiz les choses sont plus claires et surtout plus justes, nous offrons la possibilité d’investir directement dans la carrière des talents et de partager leur succès. C’est ce qui a séduit les 100 000 users de la plateforme, c’est d’investir directement dans la carrière de talents auxquels ils croient.

La bande dessinée décrit un univers intégralement tourné vers la productivité à tout prix, penses-tu que nous allions dans cette direction ?

Non car des forces nouvelles et puissantes poussent une partie du monde à intégrer des valeurs autres que la productivité, le modèle de société évolue, plus de temps pour soi, pour les autres, pour la planète. Même si cela ne concerne qu’une partie encore très minoritaire de la planète.

"Des forces nouvelles et puissantes poussent une partie du monde à intégrer des valeurs autres que la productivité"

Sur Royaltiz, notre ambition est de créer un cercle vertueux pour mettre les outils de la finance à la disposition de ceux qui en ont besoin pour financer leur carrière. Depuis le lancement de la plateforme fin 2021, nous étions dans une première phase dans laquelle il était essentiel d’attirer des talents connus sur la plateforme, afin de donner de la crédibilité au projet et développer notre notoriété. Nous allons évidemment continuer à le faire, mais nous avons désormais les moyens de coter de jeunes talents, qui sont au début de leur carrière et qui ont besoin de financement. Imaginez, que vous puissiez investir dans la carrière d’une future star mondiale du foot ou d’un entrepreneur de génie, au moment où cette personne est encore jeune et cherche les moyens de se développer.

Avec Royaltiz, nous souhaitons rendre ça possible. De la même manière, qu’une entreprise va en Bourse pour lever l’argent nécessaire à son développement, nous souhaitons à terme être un vecteur de financement de jeunes talents. Dans le cadre d’un cercle vertueux, où le talent et la personne qui investit dans sa carrière trouvent un intérêt mutuel.

Si tu te prêtes à un exercice de prospective, quelles sont pour toi les grandes divergences / lignes de différences avec cet univers de fiction ?

On peut coter les humains, mais pas pour les asservir à des logiques productivistes et de court terme, mais au contraire pour les libérer. C’est la différence fondamentale entre la fiction portée par HSE et la réalité du projet Royaltiz.

Je vous donne un exemple très concret. Aujourd’hui il est très difficile de sérieusement financer / aider les personnes qui travaillent sur des solutions pérennes pour l’environnement ou la santé si ce n’est justement pas très rentable à court terme. Notre modèle de cotation lui le permet. Une personne qui travaille à la décarbonisation par exemple pourrait dégager des rendements pour ses investisseurs, non pas par le profit réalisé mais par son impact sur l’environnement, il suffit qu’on décide que dans nos algorithmes c’est ce critère qui soit prépondérant. Et là cela ouvre des perspectives totalement différentes.

Comment projettes-tu un collaborateur dans le monde de demain ?

Ce sera de plus en plus l’auberge espagnole. Les collaborateurs auront la vie pro' et personnelle qui correspondra à l’énergie qu’ils mettent. Avant on suivait un rail bien établi, maintenant il y a beaucoup plus de cheminements possibles. C’est plus de liberté et de choix, mais aussi plus de responsabilité. Paradoxalement dans un monde ouù les gens veulent globalement plus de temps libre, ils l’auront mais ils auront sans doute des métiers plus ennuyants. Ce qui ne change pas c’est que si vous voulez vous éclater cela demande de donner beaucoup de soi.

Chez Royaltiz, où nous sommes 25, chacun travaille d’où il veut et adapte son emploi du temps. La seule exigence est que le résultat soit au rendez-vous. Et quand je vois le chemin parcouru depuis le lancement, je suis fier de cette notre équipe et j’en profite pour la remercier !

Pour aller plus loin :