Adrienne de Malleray vient du monde des médias et Quentin Sannié vient de celui des startups en hypercroissance. Il peut donc être surprenant d’apprendre que le projet de GENESIS est profondément ancré dans le monde agricole : " Je cherchais à avoir un maximum d’impact, explique-t-il pour justifier sa reconversion. Et, comme beaucoup, j’avais pu constater l’impact délétère de l’agriculture sur l’environnement qui est un secteur dont on ne peut pas se passer. Il faut se nourrir trois fois par jour et 98 % de nos calories viennent de l’agriculture et des forêts.". 

En parallèle, il découvre ce qu’il nomme être un " abysse d’ignorance incroyable " quand on se tourne vers la recherche en matière agricole. " Il y a des centaines d'études qui montrent l'innocuité de la cigarette ou du glyphosate. Mais il n'y a pas d'étude qui relie l'état de santé des sols à l’état de santé de la plante ou à sa valeur nutritionnelle et organoleptique. On se nourrit trois fois par jour… ce sont donc des sujets qui sont à la base de notre existence. Mais la science ne semble pas s'intéresser au sujet. Il y a un milliard de bactéries dans un gramme de sol. Et qu'est-ce que l'on sait de ça ? À peu près rien ! ".

La rencontre

Adrienne de Malleray et Quentin Sannié ont quitté tous deux leurs aventures précédentes courant 2018. Ils se mettent en quête d’un nouveau projet et le monde de l’agriculture les attire tous deux. La manière d’appréhender le sujet diverge pourtant : " J’ai eu un réflexe de journaliste, partage Adrienne de Malleray. J’ai tout de suite commencé par rencontrer des chercheurs et des spécialistes alors que Quentin était parti voir des agriculteurs. Et puis une connaissance commune nous a alertés sur le fait que l’on réfléchissait aux mêmes problématiques au même moment. ". 

Ils se rencontrent et décident rapidement de s’associer pour fonder GENESIS. Ils passent tout d’abord par une phase d’initiation pendant laquelle ils continuent à creuser le sujet. La décision n’est pas comprise dans l’entourage des deux entrepreneurs : " Que ce soit dans l’univers de la tech ou des médias d’où l’on venait, précise Adrienne de Malleray. Personne ne comprenait notre décision de lancer une agence de notation des sols. Le sujet faisait rire. Le sol est le grand oublié des questions environnementales. On travaille beaucoup avec Monique Barbut, ancienne secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, qui nous disait : “Mais c'est fou, c'est comme si les gens avaient oublié qu'ils habitaient sur la terre” . Le sol, c’est le point de départ de la vie. ".

Dès la fin de leur phase d’initiation qui s’achève en 2019, ils recrutent une première personne : une biologiste spécialiste des sols. En parallèle, l’entreprise lance ses premières expérimentations en France et en Espagne avec une grande coopérative. Depuis octobre 2022, l’équipe considère être entrée dans une nouvelle phase : " On est maintenant suffisamment armés pour pouvoir vendre nos prestations, décrit Quentin Sannié. Puis, on entrera dans une période de très forte croissance en 2024. ". 

Tout le monde peut être client ?

Aujourd’hui, GENESIS compte déjà parmi ses clients des entreprises comme LVMH, Rémy Cointreau, Barilla ou le Crédit Agricole, mais aussi la Présidence de la République de Côte d’Ivoire.
" Mais quasiment tous les acteurs économiques pourraient être nos clients, lâche Quentin Sannié. Toutes les entreprises ont une relation au sol à un moment ou un autre. ". 

GENESIS propose ainsi un abonnement de cinq ans, durée pendant laquelle elle va réaliser des prélèvements de sol pour fournir ensuite un reporting d’impact complet qui va permettre aux entreprises de surveiller l’empreinte de leurs approvisionnements et en mesurer la durabilité. Il est ensuite possible de communiquer gratuitement un tableau de bord complet aux agriculteurs.
Quentin Sannié semble ainsi avoir su de nouveau mettre la technologie au service de son obsession : après la musique, l’agriculture. " Ce qui m’intéresse, confirme Quentin Sannié. C’est de porter des ambitions très fortes. ". 

De la même manière, la fibre journalistique d’Adrienne de Malleray n’a jamais eu autant d’impact positif qu’au profit d’une information qui va faire évoluer nos pratiques agricoles.