" Beaucoup de gens sont très curieux, très intéressés par les étoiles et l’univers, assure Laurent Marfisi, cofondateur et président-directeur général d’Unistellar, mais malheureusement, l’astronomie est une discipline assez complexe… 90 % des télescopes traditionnels finissent au placard. ". Quiconque possède un télescope “traditionnel” peut témoigner de la difficulté de s’en servir : Comment repérer une étoile, une nébuleuse ou une galaxie ? Comment pointer l’appareil dans la bonne direction ? Comment échapper à la pollution lumineuse en habitant dans une ville ?

C’est à partir de ce constat que Laurent Marfisi et ses trois cofondateurs créent un Big Bang dans le domaine de l’observation spatiale : la création et le lancement d’un télescope intelligent.

L’idée, lancée en 2015, repose sur deux points : " Simplifier l’expérience, la rendre plus accessible d’une part et d’autre part la rendre plus stimulante en ayant la possibilité de voir plus de choses ". Les deux modèles de télescopes intelligents d’Unistellar intègrent ainsi des capteurs très développés pour détecter les signaux les plus faibles, y compris avec de la pollution lumineuse, tout en ayant un rendu en excellente résolution qui permet par exemple de voir de la couleur sur des nébuleuses lointaines.

De plus, en étant connecté à un smartphone et à une immense base de données, l’appareil emmène " tout seul " l’utilisateur vers les objets célestes intéressants à observer. Le télescope d’entrée de gamme, baptisé eQuinox 2, est affiché au prix de 2.499 euros. Le deuxième télescope Unistellar, disposant notamment d’une meilleure résolution et nommé eVscope 2, revient pour sa part à 4.499 euros. " Il y a plusieurs mois maintenant, nous avons dépassé les 10.000 télescopes vendus dans le monde ", précise Laurent Marfisi, avec une grande tendance en Amérique du Nord (plus de 50 % des télescopes vendus). Viennent ensuite le marché européen, à hauteur de 40 %, puis le Japon et le reste du monde.

Communauté d’astronomie participative

Le fait que les télescopes Unistellar soient connectés permet aussi des expériences inédites. Par exemple, en mettant en place un système de relais entre les utilisateurs disséminés partout sur Terre et dans les deux hémisphères, le record de l’observation la plus longue de la voute terrestre a pu être établi. " Cette expérience a été le point de départ de notre partenariat avec la NASA ", relate Laurent Marfisi. L’Agence spatiale américaine accède ainsi à la communauté des observateurs et les sollicitent pour des expériences.

En fin d’année 2022, la NASA lance sa mission Dart avec pour objectif la déviation d’un astéroïde grâce à une sonde, mission d’anticipation si dans un futur plus ou moins proche un astéroïde menaçait de s’écraser sur Terre. " Cinq équipes scientifiques ont observé la mission soit directement depuis des appareils sur la sonde soit depuis la Terre, retrace le cofondateur, parmi elles, il y avait une équipe Unistellar composée de nos utilisateurs et de chercheurs. "

Le premier intérêt : observer directement un phénomène unique et intéressant. Ensuite, après l’impact de la sonde sur l’astéroïde, " les utilisateurs se sont relayés pendant un mois pour observer l’évolution de la luminosité ou de la trajectoire de l’astéroïde ", explique encore Laurent Marfisi. Résultat : tous sont mentionnés dans un article de la prestigieuse et très sérieuse revue scientifique Nature. Certaines missions sont plus pointues et techniques, comme l’observation d’exoplanètes ou celle d’une étoile pendant plusieurs heures pour suivre l’évolution de sa lumière.

Mais le cofondateur d’Unistellar insiste sur un point fondamental, ses télescopes permettent avant tout : " de rendre accessible à tout le monde la beauté de l’univers et de nous renvoyer à des questions aussi vieilles qu’existentielles comme celle de notre présence sur Terre. "