"Au début, le BlueSpace, c’était un établi et un bureau dans un coin, avec une petite imprimante 3D. Aujourd’hui c’est un espace climatisé de 40m2", explique Martial Petit, alors qu’il s’apprête à réceptionner une nouvelle machine à plus de 10.000 euros. Que de chemin parcouru en quelques année pour le projet de cet employé d’Airbus Helicopters ! Martial Petit a en effet commencé à imaginer cet espace en 2019, en réponse à un appel à projets de la direction pour créer de “l’empowerment” parmi les collaborateurs. Il a depuis été rejoint par son collègue Alexandre Facompré - un passionné d’impression 3D - et ce qui était à l’origine un POC de trois mois a été pérennisé.

Des gains de temps et d’argent

Au sein de ce lieu, les compagnons d’ateliers peuvent désormais mettre en œuvre rapidement leurs idées, avec des prototypes qui sont ensuite testés en conditions réelles. Le BlueSpace est également un espace où ouvriers et ingénieurs des bureaux d’études peuvent travailler ensemble et créer des liens. "D’habitude, les gens des bureaux d’études ont très peu de contacts avec les “bleus”. Eux-mêmes fonctionnent en silos, avec peu d'interactions entre les différents bureaux", explique Martial Petit.

Grâce aux imprimantes 3D du BlueSpace et à la méthodologie qui accompagne leur utilisation, de nouvelles pièces peuvent, par exemple, être facilement testées pour répondre à des problématiques de montage identifiées tardivement, en atelier. Ces machines sont également sollicitées pour répondre à certaines ruptures d’approvisionnement de petites pièces, avec à la clé des gains de temps et d’argent non négligeables pour le groupe.

Industrialiser l’intrapreneuriat

Lauréates en 2022 du “Prix de la rupture”, les équipes du BlueSpace sont depuis accompagnées par Bengs, un cabinet de conseil spécialisé dans l’intrapreneuriat. Celui-ci a notamment permis de structurer le dispositif et de démontrer son intérêt financier pour Airbus, à travers la création d’un business case.

"Dans les projets d'intrapreneuriat, le passage à l’échelle est souvent compliqué à opérer, ce qui crée souvent des frustrations. Pour industrialiser les choses, il y a toute une démarche à mettre en place", explique ainsi Bruno Cracco, cofondateur de Bengs.

8 à 10 autres “BlueSpace” en projet

"Nous avions créé notre petit truc dans notre garage, on n’avait pas du tout conscience de tout ce qu’on pouvait en faire", reconnaît pour sa part Martial Petit, même si, très tôt, son projet avait inspiré les équipes australiennes et néo-zélandaises d’Airbus.

Depuis, les filiales allemandes et espagnoles d’Airbus Helicopters se sont montrées intéressées par le concept du BlueSpace, tandis qu’aux Etats-Unis et au Canada, des équipes d’Airbus regardent également de près le sujet. "Les perspectives de déploiement pour le BlueSpace sont assez larges, à la fin de l’année ou en début d’année prochaine, il pourrait facilement y en avoir 8 ou 10 dans le groupe", prévoit le porteur du projet.