Si la liberté, l’argent, l’accomplissement personnel ou un meilleur équilibre vie privée et vie professionnelle figurent parmi les premiers arguments retenus pour devenir entrepreneur, la création d’une entreprise provoque un réel intérêt pédagogique. De nombreux établissements proposent à leurs élèves, surtout des lycéens, de réaliser un projet d’entreprise développant leurs compétences transversales.

Améliorer les compétences transversales des lycéens par l’entrepreneuriat

Pour cet exercice, l’objectif n’est pas forcément une commercialisation finale d’un produit ou d’un service, mais bien de faire vivre aux élèves la vie d’un projet. Cette ambition a permis à Enactus, association agissant en faveur du développement de l’entrepreneuriat économique et social étudiant, de concevoir son parcours “Lycéen”: " Au sein du programme Enactus pour lycéens, l'idée n’est pas de positionner les jeunes dans le monde du travail, mais de les sensibiliser aux grands enjeux de demain " , rappelle Elise Bouchard, responsable Enactus Lycéens Hauts-de-France.

" La spécificité de notre parcours d'entrepreneuriat est de travailler sur les valeurs, en partant des Objectifs de Développement Durable (ODD) et sensibiliser les lycéens à leur environnement, leur donner envie d'agir, de changer le monde autour d'eux pour qu'il devienne plus désirable. ".

Ainsi, les lycéens partent d’une problématique concrète qu’ils rencontrent au quotidien, et qui leur permet de mettre leurs compétences au service d’une cause qu’ils considèrent comme juste : égalité des sexes, valorisation des déchets, lutte contre l’exclusion, …

Cette démarche permet d’apprendre à gérer, en groupe, un projet d’ampleur, généralement en un ou deux ans. Les compétences demandées permettent de renforcer le savoir-être et le savoir-faire du lycéen dans son approche des autres matières plus scolaires. " Au cours d’un projet Enactus, les lycéens développent leur esprit d'équipe : l'union fait la force ! ", précise Élise Bouchard.

" Quand on développe un projet et qu'on le voit aboutir notamment lors des forums, cela permet aux lycéens de se sentir valorisés devant les professionnels qui leur posent des questions. C'est très important pour eux, à cet âge là, de se sentir confiants. Cela leur permettra, par la suite, d'entreprendre par eux-mêmes en tant qu’étudiant. ".

Et certains projets continuent, même après la fin du dispositif : " Des projets continuent plusieurs années, avec des classes qui ont un projet au stade de l'initiation qu'ils veulent poursuivre pour affiner le projet, pour qu’il devienne de plus en plus concret. ", conclut Elise Bouchard.

" Par exemple, on a un projet en Île-de-France, la Canne Connectée, qui permet aux personnes malvoyantes de se repérer dans la rue ! On a aussi en Grand Est la Petite Briquette, recyclage de carton pour en faire des granules de chauffe réutilisables pour chauffer des habitations auprès des plus démunis. ".

Un écosystème d’acteurs dédié à l’entrepreneuriat lycéen

Afin d’accompagner les lycéens dans leurs projets, certains dispositifs sont pilotés par l’Education Nationale, comme la mission Ecole-Entreprise, alors que d’autres nécessitent un partenariat avec l’intervention d’organismes extérieurs, comme les challenge Startup Lycée mis en place par l’association Tous Entreprenant. Cette dernière permet aux lycéens de se mettre dans la peau d’un entrepreneur durant 48 heures. Aussi, les dispositifs peuvent être annuels, ou ponctuels comme ceux dispensés par France Challenges.

Si certains organismes ont un champ d’application territoriale limitée comme Entreprendre Pour Apprendre Normandie, d’autres sont nationaux, voire internationaux comme Enactus. Cette dernière est spécialisée dans l’entrepreneuriat de l’économie sociale et solidaire, et sensibilise les lycéens aux enjeux de demain. " C'est intéressant pour les lycéens de comprendre que derrière les Objectifs de Développement Durable (ODD), se cachent des challenges pour le monde de demain. ", affirme Elise Bouchard. " Il faut montrer que les ODD sont leur quotidien et qu'ils peuvent avoir un pouvoir d'action dessus. Il faut qu'ils prennent conscience des choses qui les révoltent dans la société, et qu'ils comprennent qu’ils peuvent agir dessus, à leur échelle. ".

Le programme d'initiation lycéen d’Enactus est composé de 12 ateliers proposés, avec un temps de découverte des ODD, des qualités de l'étudiant, des thématiques sur lesquelles il veut agir, puis d’émergence de projet (sa problématique, son idée, son projet). Après avoir analysé son territoire, notamment avec une visite d’entreprise ESS, le lycéen apprendra à communiquer sur son projet : comment mettre en place son projet, comment le valoriser, le défendre et le présenter.

" Le parcours se termine par une étape d'envol : nous souhaitons que les jeunes se rendent compte du travail réalisé et de l'ampleur de ce qu'ils ont créé sur l'année. ", conclut Elise Bouchard. " Nous organisons chaque année un forum régional dans lequel une équipe projet par classe vient présenter son idée devant plus de 60 professionnels. Nous y accueillons près de 300 personnes, lycéens, enseignants et professionnels. Les élèves ont l'occasion de présenter leur projet sur des stands, décorés à leur image. Un beau moment avec de beaux projets ! Enfin, les gagnants pourront présenter leur projet au Festival Ose toujours, à Paris. ".