Tout est d’une question de perception. Lorsque l’on demande de citer le nom des pays les plus innovants au monde, la Suisse ne vient pas spontanément dans tous les esprits. Le pays détient pourtant le plus grand nombre de brevets par habitant.

Le plus grand centre de recherche de Google dans le monde (après les États-Unis) se trouve à Zurich. C’est d’ailleurs là qu’est développée une grande partie de Google Maps. De la même manière, l’intelligence artificielle des iPhones vient aussi partiellement du pays. La Suisse a aussi une tradition de la montre de haute précision et héberge un grand nombre d’industries pharmaceutiques, une grande partie des vaccins à ARN messager européen provenait aussi de cette “petite” nation. Le CERN, ce centre de recherche fondamentale où se situe l’accélérateur de particules qui a prouvé l’existence du boson de Higgs.

Mais alors, pourquoi cette différence entre les perceptions et la réalité ? Alexandre Edelmann, actuellement directeur de la présence suisse pour le compte du département des affaires étrangères, a une théorie sur le sujet : " Il y a sans doute un phénomène lié au fait que nous avons très peu de produits BtoC en Suisse. Quand on a l’iPhone entre les mains, on se dit que les États-Unis sont innovants, de la même manière que la perception de la Corée du Sud avec les produits Samsung. Il y a pourtant peu de produits de grande consommation développés en Suisse. Ce qui n’enlève pas le fait que nous sommes considérés comme le pays le plus innovant du monde par certains classements. ".

Alexandre Edelmann reconnaîtra pourtant volontiers que chacun va choisir de citer le classement qui l’arrange. Sa mission au sein de l’organisme responsable de la promotion de l’image de la Suisse à l’étranger, c’est de faire évoluer cette perception pour que l’écosystème tech de la Suisse soit reconnu au niveau mondial.

La Swiss Tech n’est pourtant pas une initiative longuement mûrie pour rassembler les startups suisses sous une bannière commune. Si ça l’est devenu au fil des ans, l’appellation Swiss Tech est née à Viva Technology il y a plusieurs années. Le département des affaires étrangères suisse souhaitait être présent sur le salon français, il fallait donner un nom pour le stand ; le terme Swiss Tech semblait être bien explicite. L’écosystème a finalement adopté  l’appellation qui se retrouve aujourd’hui utilisée à l’occasion de nombreux événements pour symboliser la présence tech Suisse.

La France et la Suisse : deux écosystèmes bien différents

Si les deux écosystèmes sont voisins et partagent de nombreuses similitudes culturelles, il est très complexe de donner des points de comparaison prégnants entre la France et la Suisse. " Je pense que, si les défis sont assez similaires, l’organisation est très différente, partage Alexandre Edelmann. Déjà, la France a une image plutôt centralisée, avec la French Tech qui est rattachée à Bercy. En Suisse, c’est une agence de l’innovation située à Berne qui s’occupe du soutien aux startups et que chacun de nos cantons va avoir son propre système d’aide et d’encouragement. ".

Le soutien aux startups semble ainsi davantage centralisé en France. " Il y a une autre grande différence, rapporte Alexandre Edelmann à Maddyness. Le rapport entre le public et le privé est plus poreux en Suisse. Il y a un continuum beaucoup plus fluide entre ces deux mondes avec de nombreux centres de recherche qui s’installent ici avec un mix de soutiens publics et privés ". 

La Suisse, tout comme la France, semble donc réussir à doucement s’installer au rang mondial dans la liste des écosystèmes qui comptent. Même s’il ne s’agit pas du meilleur indicateur pour mesurer la force d’un écosystème (puisqu’il affiche simplement une valorisation importante), la Suisse compterait plus de cinquante licornes. Soit le double de la France alors que l’Hexagone compte dix fois plus d’habitants. 
" Nous avons de nombreuses licornes qui sont totalement inconnues du grand public, explique Alexandre Edelmann. Nous sommes loin d’avoir des exemples comme Blablacar avec un business attractif et compréhensible qui se retrouve sur le devant de la scène. ".