Au cours des 12.000 dernières années, notre planète a été généreuse envers nous. Bénéficiant d'un climat stable, d'abondantes ressources en eau, d'un air pur, d'une biodiversité riche et d'une couche d'ozone protectrice, nous avons prospéré. Puis, avec la découverte de l'énergie fossile, nous avons créé des machines qui ont propulsé notre civilisation vers des sommets sans précédent.

La révolution industrielle des 150 dernières années a indéniablement amélioré notre qualité de vie, comme en témoigne le doublement de notre espérance de vie moyenne. Cependant, au fil de ce développement, nous avons perdu un lien fondamental : notre connexion à la nature et au vivant. Devenus aveugles à notre impact collectif, nous, "les humains", sommes devenus les principaux moteurs de changement sur Terre, dépassant même les forces géophysiques.

Les conséquences de cette rupture avec la nature se font sentir aujourd'hui en cet été 2023 - une crise climatique sans précédent. Les températures grimpent en flèche, les continents américain, européen et asiatique subissent simultanément des vagues de chaleur extrême, provoquant des pénuries d'eau et des feux de forêt incontrôlables. Le rythme alarmant de fonte des glaciers polaires et les températures océaniques record ne font que renforcer ce constat alarmant.

Ces événements dramatiques ont été anticipés par les scientifiques du GIEC, dont le dernier rapport confirme l'impact indéniable de l'activité humaine sur le réchauffement planétaire. Si rien ne change, la température devrait atteindre 1,5 °C en plus au début des années 2030.

Pourtant, nous préférons nous accrocher à des solutions miracles issues du monde des licornes plutôt que de prendre des mesures concrètes pour remédier à la situation. C'est notre propre modèle économique qui doit être révisé. Ironiquement, c'est également grâce à l'économie que nous pourrons nous adapter et résoudre cette crise.

La voie vers la neutralité carbone est tracée, et les chiffres parlent d'eux-mêmes : nous devons diviser par deux nos émissions à l’horizon 2030. Par conséquent, la décarbonation de notre économie devient le vecteur structurel d’activité le plus important des dix prochaines années, représentant de 6 à 10 % du PIB mondial et créant plus de 30 millions d'emplois, selon le FMI.

Isoler les bâtiments, rendre nos usines plus efficaces, accroître le nombre de voitures électriques en circulation et développer les énergies renouvelables sont autant de mesures concrètes à entreprendre pour réduire l'empreinte carbone de notre système.

Il n'est plus temps de tergiverser ou d'attendre des solutions miracles. Chaque acteur économique doit assumer sa part de responsabilité. Les entreprises doivent devenir les pionnières de cette transformation en réduisant activement leurs émissions. Les institutions financières doivent également jouer un rôle essentiel en dirigeant 4 à 6 trilliards d'épargne mondiale par an vers le financement de la transition vers une économie décarbonée.

La crise climatique est une réalité, et le moment est à l’action. Le temps de l'économie décarbonée est venu, et c'est à nous de saisir cette opportunité historique pour préserver notre maison commune.