Ce débat semble ressurgir systématiquement en période de crise. Mais dans ce jeu de pouvoir, il est important de comprendre que le marché financier n’est pas un jeu à somme nulle. L’innovation ne signifie pas nécessairement la disparition des acteurs existants. Au contraire, l'ascension des fintechs a stimulé l’innovation parmi les banques, les incitant à faire évoluer leurs services et à adopter les technologies les plus récentes. Notamment en nouant des partenariats avec les fintechs les plus innovantes.

Les fintechs et les banques peuvent coexister et prospérer conjointement, pour le meilleur et pour le pire. Il est certain que ces premières ont sans doute affirmé leurs présence ces trois dernières années, avec des investissements records, de l’hypercroissance, un niveau d’agilité et d’innovation sans précédent; un bouleversement total des normes existantes, au service de l’expérience utilisateur.

Cela a notamment permis à la finance embarquée ou intégrée (“embedded finance”), qui consiste à fournir des fonctionnalités financières (paiements, prêts, assurances…) directement au sein de plateformes ou applications existantes, plutôt que de passer par des entités financières comme les banques ou les assurances, d’être aujourd’hui présente dans la plupart des outils du quotidien; chez les particuliers et les entreprises.

Par exemple, les services de paiement, une des fonctions régaliennes des banques, ont ainsi été métamorphosés pour transformer l’expérience: les particuliers ou les entreprises peuvent se payer sans passer par leur banque, les achats sur les sites d’e-commerce peuvent se faire par virement sans repasser par son interface bancaire, ou des financements sont accessibles en instantané pour effectuer ses achats en lignes ou payer ses factures fournisseurs.

Cette transformation a aussi poussé les banques à aller jouer sur le terrain de l’agilité et de l'innovation. Aujourd’hui le rapport de force s’est inversé. Les financements de startups sont à la baisse, et ouvrent la voie à une sélection par le haut des meilleures fintechs, capables technologiquement et serviciellement d’affronter une période difficile. Le secteur bancaire est probablement conscient du bénéfice que pourraient apporter ces synergies avec les fintechs, et que chaque partie peut enrichir l’autre et apporter un complément d’offre exceptionnel.

Les banques doivent donc se servir de leur solidité pour saisir l’opportunité pour continuer de renforcer le marché. Comment ? En continuant à investir dans les meilleures fintechs via des partenariats commerciaux, technologiques, des levées de fonds, ou des rachats. Ces collaborations peuvent permettre aux banques d'accéder à des technologies de pointe et de proposer de nouveaux services à leurs clients, tout en offrant aux fintechs les ressources nécessaires pour développer leurs produits. Elles peuvent également utiliser leur influence pour favoriser un environnement réglementaire vertueux, profitant à la fois aux banques, aux fintechs et aux particuliers et entreprises. C’est à présent au tour des startups de s’adapter. Une bouffée d’air frais pour une nouvelle génération d’entreprises ambitieuses et déterminées à changer les règles du jeu. La tech sera-t-elle au rendez-vous ? Voici ceux qu’il ne faudra pas manquer:

Ne pas se contenter de la simple amélioration du statu quo: les fintechs doivent se concentrer sur les innovations radicales plutôt que sur les innovations incrémentielles. Il est essentiel de prouver que les changements apportés sont des révolutions significatives, capables de changer le paysage financier de manière importante.

Ne pas rater le virage de l’IA générative : les capacités nouvelles que permettent les algorithmes d’apprentissage automatique a le potentiel de transformer le paysage financier. Cela représente une opportunité à la fois pour les fintechs et pour les banques de redéfinir leurs offres de services, d'améliorer l'efficacité opérationnelle et de créer de nouveaux canaux de valeur pour leurs clients. Son rôle disruptif dans le secteur financier ne fait que commencer. Avec des capacités allant de la personnalisation des services financiers à l'automatisation des tâches complexes, l'IA générative a le potentiel de changer radicalement la façon dont nous pensons et interagissons avec les services financiers.

Faire plus avec moins : Avec moins de liquidité, l’efficience et la frugalité sont des éléments essentiels pour naviguer dans cette période turbulente. Il faut gérer efficacement sa trésorerie, minimiser les dépenses non essentielles, et investir stratégiquement dans les domaines qui vont générer le plus de valeur.

Capitaliser sur la communauté : L’écosystème des startups français est fort mais c’est dans l’adversité que sa vraie valeur se révèle. En ces temps incertains, l’entraide et la collaboration sont essentielles. Les fintechs, en particulier, peuvent se renforcer en partageant des ressources, des bonnes pratiques et en formant des alliances stratégiques. Les investisseurs, quant à eux, doivent garder la conviction que nous ne sommes qu’à l’aube de révolutions profondes, qui ne se réaliseront qu’avec le soutien sur le long terme, des meilleurs acteurs de l'écosystème.

Dans le grand match fintechs contre banques, il n'y a pas de vainqueur. Au contraire, la convergence des deux offre une voie prometteuse pour l'avenir de l'industrie financière. Les fintechs apportent l'agilité et l'innovation, tandis que les banques offrent stabilité et confiance. En naviguant avec prudence face aux défis financiers,les fintechs vont perdurer et prospérer. Les banques, quant à elles, peuvent tirer parti de leur force pour faire évoluer le marché en investissant dans l'innovation. L'union des fintechs et des banques pourrait bien conduire à la prochaine révolution majeure dans le secteur financier. L'avenir sera plein d'opportunités et d'innovations, et il sera fascinant de voir cet équilibre en pleine évolution.