Lorsqu’on évoque les générations les plus jeunes, les clichés vont souvent bon train. Fainéants, peu respectueux des hiérarchies, sans ambition… Les jeunes seraient désinvestis de leur travail et en complet décalage avec le monde de l’emploi. Pourtant, une étude réalisée par Sopra Steria, dont les résultats sont dévoilés en exclusivité par Maddyness, nous montre une réalité bien plus nuancée. Pour cette étude, ce sont de jeunes diplômés de l’univers de la tech qui ont été interrogés. Leurs envies, leurs priorités, leurs besoins : tout a été passé au crible.

L’une des leçons à en tirer concerne leurs priorités dans la recherche d’un emploi. Pour 59 % des personnes interrogées, c’est la rémunération qui demeure en première position. Un fait que Louis-Maxime Negre, DRH de Sopra Steria, ne juge “pas tant surprenant”, surtout compte tenu de l’âge des répondants, “pour lesquels l’accès à un salaire convenable est très précieux”. Ce qui l’a étonné en revanche, c’est ce qui vient ensuite.

33 % des diplômés de la tech en France plébiscitent les évolutions de carrière, ce qui en fait l’un des arguments les plus favorisés : "C’est une donnée rassurante car on entend souvent des discours présentant les jeunes générations comme des générations du court terme. Or on le voit bien : pour elles, la carrière compte. Il suffit que les entreprises soient en mesure de le leur apporter", nous explique Louis-Maxime Negre.

Du télétravail… mais pas trop

Parmi les priorités identifiées, un bon équilibre entre travail et vie privée est lui aussi très recherché et apprécié (41 %). Il s’agirait, pour notre interlocuteur, d’une tendance sociétale globale, “dans laquelle la pandémie a joué un rôle d’accélérateur”, notamment via la découverte ou le renforcement du télétravail. "De manière générale, nous dit-il, tous les jeunes interrogés partagent un intérêt pour le remote ou le télétravail. Mais contrairement à ce que l’on pouvait observer il y a deux ans, peu souhaitent vivre ainsi à 100 % du temps. Ils sont revenus de ces modèles du tout à distance, qui provoquaient pour beaucoup une perte de sens, de challenge ou de motivation.".

Aujourd’hui, ils sont par ailleurs 71 % à toujours rêver d’un CDI. Seuls 10 % veulent devenir indépendants pour le moment, même si 33 % l’envisagent à long terme (plus de trois ans).

La RSE, un levier de recrutement ?

D’autres sujets en vogue en revanche restent à la traîne, à l’image de la RSE, qui n’est vue comme une priorité dans la recherche d’emploi que dans 13 % des cas. "Peut-être parce qu’il s’agit d’une attente vis-à-vis du monde de l’entreprise en général, et non d’un levier de recrutement à proprement parler", relativise le DRH de Sopra Steria.

Notons par ailleurs que les femmes sont plus sensibles à ces enjeux qui leur “permettent de trouver une place dans un environnement où il reste encore beaucoup à faire en matière de mixité” - elles représenteraient à ce jour seulement 28 % des employés du monde de la tech.

Les jeunes diplômés envisagent une carrière dans une startup

Concernant les secteurs d’activité enfin, les logiciels arrivent en première position avec 48 % des suffrages. Viennent ensuite l’ingénierie et le conseil IT (28 %), la défense et l’aérospatial (28 %), la cybersécurité (24 %) et la santé (20 %).

Les jeunes diplômés se voient poursuivre ces carrières dans de grands groupes (59 %), mais les entreprises de taille réduite ou moyenne ne sont pas en reste, loin de là, avec un score de 66 %. Les startups quant à elles, remportent 51 % des votes.

Le succès des plus petites sociétés s’expliquerait notamment par l’envie, à la sortie de ses études, d’explorer des aspects ou modèles plus proches de l’entreprenariat, que l’on pense trouver plus facilement dans ce type de structures (même si, note Louis-Maxime Negre, le besoin de sécurité devrait prendre de plus en plus de place, en lien avec les tensions du marché américain actuelles).

"Il y a aussi cette croyance bien ancrée qu’il sera plus facile d’évoluer et décrocher des postes à responsabilité dans les petites entreprises, alors que c’est aussi possible dans les grandes, si elles s’en donnent les moyens en mettant en place des parcours accélérés par exemple", remarque le DRH de Sopra Steria. Aux entreprises, donc, de s’adapter…