Lors de la publication du dernier Eco-Innovation Index de l’Union européenne, l’Autriche se hissait dans le trio de tête, aux côtés de la Finlande et du Luxembourg. Désormais considéré comme un “green innovation leader” à l’échelle du continent, le pays voit ainsi ses efforts en la matière officiellement reconnus. Au cours des deux dernières décennies, le pays a en effet multiplié ses investissements dans la recherche et le développement : le taux de R&D, qui était de 1,53% en 1994, est passé à 3,26% en 2022  

Du côté des startups, un tiers de toutes les jeunes entreprises du pays s’attaquent à des défis environnementaux. Le pays compte également 20 leaders mondiaux dans le domaine des Greentech et Climate tech. Ce mouvement devrait se poursuivre : de 2022 à 2025, le « Fonds Zukunft Österreich » versera 140 millions d'euros par an pour financer des projets d'avenir tels que la préparation aux pandémies, l'intelligence artificielle ou les innovations de rupture. 

“Des aides autrichiennes spécifiques pour la phase de recherche et développement nous ont permis de compléter les financements venant d'investisseurs privés. Des programmes de la Chambre de Commerce nous ont aussi permis de nous ouvrir à de nouveaux marchés à l'étranger. Enfin, de nombreuses structures facilitent l'intégration dans l'écosystème des start-ups et investisseurs locaux”, liste Cécile Deterre, une Française qui a co-fondé la startup Blue Planet Ecosystems à Vienne. 

Le gouvernement autrichien a ainsi recensé pas moins de 2 700 entreprises dans le secteur des technologies liées à l’environnement, représentant 51 000 emplois dans des domaines aussi variés que la gestion des déchets, le recyclage, la production industrielle et l'économie circulaire. Une bonne partie de ces entreprises sont localisées dans la “Green Tech Valley”, située dans le sud de l'Autriche.  

Une sensibilité écologique particulière

Aurélien de Meaux, le fondateur d’Electra, une scaleup française qui vient de s’implanter en Autriche, avance un début d’explication à cette sensibilité écologique particulière : “quand on est au cœur des Alpes, on voit directement l’impact du réchauffement climatique. On le ressent vraiment dans nos discussions sur place : il y a plus d’engagement sur ces sujets et une plus grande maturité que dans d’autres pays. La question de la transition est très ancrée dans l’esprit des gens.” 

Pour Electra, qui déploie et opère un réseau de bornes de recharge rapide pour les véhicules électriques, l’Autriche s’est donc imposée comme une évidence dans son expansion : “le pays est plus ambitieux que l’Union européenne, puisqu’il a prévu un arrêt de la vente des véhicules à moteurs thermiques en 2030, contre 2035 à l’échelle européenne. En outre, il a un mix énergétique peu carboné, grâce à l’hydroélectricité,” explique l’entrepreneur épaulé sur place par l'équipe locale pilotée par Sébastien Aldegué.

70% de l'électricité consommée en Autriche est en effet d'origine hydraulique, un argument de poids lorsqu’il s’agit d’alimenter des bornes de recharge électrique. Pour 2030, le gouvernement a même fixé l’objectif d’atteindre 100% d’électricité renouvelable, avec en ligne de mire la neutralité carbone en 2040. 

"Les mesures incitatives du gouvernement autrichien en faveur de l'adoption des véhicules électriques, associées à une forte conscience environnementale au sein de la population, créent un marché réceptif. En s'implantant en Autriche, Electra peut contribuer de manière significative aux objectifs de mobilité verte du pays”, abonde Sébastien Aldegué.  

“Startup Package”, “Flexco” et interlocuteur dédié pour les startups

Tirant parti de ses différents atouts, l’Autriche redouble d’efforts en matière d’attractivité. En particulier, un “Startup Package” récemment mis en place simplifie la création d’entreprise, tandis que le statut de “FlexCo” nouvellement créé facilite la distribution de stock-option aux employés.  

Pour les entrepreneurs internationaux, l’ABA (Austrian Business Agency), via son offre d’accompagnement et de services gratuits, fait office de point d’entrée sur ce marché, qui peut également servir de tremplin pour s’implanter dans la zone DACH (Allemagne, Autriche, Suisse). En France, l’agence est présente sur plusieurs salons et événements tout au long de l’année, dont le salon Pollutec, à Lyon.