Antoine Msika avait une conviction en arrivant dans le monde du travail en 2010 : il ne voulait pas travailler dans une grande entreprise. L’écosystème startup français était alors naissant et, sortant tout juste de son école de commerce (EDHEC), il décide de postuler à toutes les annonces qu’il trouve : « J’ai contacté une grosse partie des startups qui existaient à Paris à l’époque, commente Antoine Msika. Et il n’y en avait pas beaucoup. ». 

Il débute sa vie professionnelle, dans la communication pour la startup Pearltrees. « Au début, quand je disais à mes potes que je travaillais pour une startup, il fallait que j’explique ce qu’était une startup », s’amuse-t-il. En 2014, il rejoint la mission French Tech en tant que responsable de la stratégie numérique pour la communication et les relations presse. Il fera aussi ses armes chez Lydia (2015) et Doctolib (2017) avant de rejoindre Shine en 2019.

Cette dernière expérience est pourtant arrivée à un moment où Antoine Msika disait « en avoir marre des startups ». « Les startups en phase d’hypercroissance sont souvent très focalisées sur cette hypercroissance jusqu’à oublier le bien-être de leurs équipes, lâche-t-il. Cela m’a fatigué ». 

Shine : un engagement dans l’ADN des fondateurs

Quand il rejoint Shine, Antoine Msika est d’abord méfiant. Il refuse le CDI qui lui est proposé pour commencer sa mission en freelance. Il va pourtant très vite revenir sur ce choix quand il va découvrir l’entreprise de l’intérieur : « C’est une boîte que j’ai trouvé très saine. Il y a une sérieuse attention portée au bien-être des gens, à leur équilibre vie pro/vie perso. ». Shine n’avait que deux ans quand il la rejoint, mais les deux fondateurs à sa tête avaient déjà mis en place une politique de télétravail à volonté (dans une période pré-pandémie où cela était rare), ainsi qu’une journée par mois dédiée au freelancing, invitant ses collaborateurs à réaliser des missions à côté de Shine (il peut aussi s’agir de bénévolat aujourd’hui).

« Les deux cofondateurs (Nicolas Reboud et Raphaël Simon) se sont posés beaucoup de questions dès le début, explique Antoine Msika. Ils ne voulaient pas créer une énième startup et ils étaient sensibles au bien-être des employés… mais aussi au dérèglement climatique. Ils sont très inspirés par Patagonia, entreprise engagée sur ces sujets-là. ».

Vers la transition écologique de Shine

Le sujet s’emballe du côté de Shine le jour où les fondateurs se questionnent sur le fait de proposer une carte bancaire en métal pour leurs comptes premium. Les équipes se demandent ce qui serait plus respectueux de l’environnement avant de comprendre que le sujet était microscopique à l’échelle de l’empreinte de l’entreprise. Shine décide donc de réaliser un bilan carbone complet (sur les Scopes 1, 2 et 3 qui correspondent aux émissions directes de gaz à effet de serre, les émissions indirectes liées à l’énergie, ainsi que les autres émissions indirectes) qu’ils rendront public pour que leurs clients puissent le consulter.

« On s’est aussi engagé à le faire tous les ans pour contrôler nos avancées », confie Antoine Msika. Ce choix est remarqué par d’autres entreprises qui viennent questionner la startup sur la marche à suivre. La startup décide alors de lancer le Climate Act pour inciter le plus grand nombre d’entreprises à réaliser son propre bilan carbone et à le rendre public.

Entre-temps, Antoine Msika est devenu officiellement le responsable de la transition écologique de Shine, un poste qui dépend directement du PDG pour centraliser le sujet. « La question de l’empreinte carbone est maintenant vraiment intégrée en amont des projets chez Shine, explique Antoine Msika. Toutes les équipes viennent me parler en amont des projets pour voir si cela ne vient pas en contradiction avec nos objectifs CO2. Je suis d’ailleurs en train d’essayer de mettre en place l’attribution de budgets carbone à chaque équipe. En début d’année, on va définir le nombre de tonnes de CO2 que l’on vise d’émettre, puis l’on va dire que l’équipe marketing a le droit d’émettre la moitié, etc. Cela va obliger chaque équipe à vraiment intégrer ce budget carbone de la même manière qu’ils intègrent l’enjeu financier dans les décisions. ».

Un responsable de la transition écologique dans toutes les startups ?

La transition écologique de Shine se fait à tous les étages : l’entreprise est devenue BCorp, reverse 1 % de son chiffre d'affaires à des associations environnementales (dans le cadre de 1% for the Planet), s’oblige à réaliser ses séminaires en France et ne finance plus de repas carné pour ses équipes. Un changement de culture est en marche. Le rêve d’Antoine Msika serait maintenant de voir un responsable de la transition écologique dans toutes les startups de France. Une décision qui ne doit pas arriver trop tard dans l’histoire de l’entreprise : « Plus tu prends cette décision tôt et plus tu évites d’émettre des tonnes de CO2 en plus, s’exclame-t-il. C’est plus facile aussi de mettre une boîte de 30 personnes dans la bonne direction. C’est beaucoup plus difficile de faire pivoter une boîte de 300 ou 3.000 personnes ».