Des pièces anti-panique nomades, c’est ce qu’a mis au point la startup BlackEyes, créée en 2021. « Nous avons imaginé un système de clip à installer sous une porte, permettant de la lever et ainsi de la bloquer. Il peut être installé partout : dans les hôtels, les vestiaires, les toilettes... », indique Enzo, le fondateur. Membre de la brigade de recherche et d'intervention (BRI), ce policier-entrepreneur - au prénom d’emprunt pour conserver son anonymat - a mis au point un produit permettant de « confiner et alerter les concitoyens ». « J’ai réfléchi à un produit pouvant être utilisé par une personne vulnérable, en situation de stress, et même par un enfant. Ce système permet de se confiner mais aussi de se déconfiner, on peut ainsi créer sa propre panic room. »

En parallèle, la société a mis au point un système d’alerte nomade, par notification sonore et visuelle, pour prévenir jusqu’à 100 personnes d’une situation à risque. Et un troisième produit, nommé « BlackOtus », qui permet d’effectuer une levée de doute photographique de manière instantanée. Ses solutions, permettant de créer des espaces sécurisés, s’adressent aux écoles, aux hôpitaux, aux administrations, mais aussi aux lieux de culte, boutiques de luxe ou musées.

« Il n’est plus question d’attendre pour sauver des vies »

Alors que la plan Vigipirate vient d’être rehaussé au niveau Urgence attentat, après l'attaque terroriste à Arras le 13 octobre, l’ambition de BlackEyes est de sécuriser « tous les établissements recevant du public ». « Les récents événements tragiques et les tensions auxquelles nous sommes confrontés nous obligent à mettre en place des solutions permettant de se mettre en sécurité. Il n’est plus question d’attendre pour sauver des vies », estime le dirigeant. D’autant qu’une circulaire publiée en mars 2023 préconise d’installer des alertes dans les écoles, dans les musées et dans tous les lieux recevant du public. « Il s’agira bientôt d’une obligation pour tous les établissements, avance le fondateur. Car tout le monde est menacé, il suffit de regarder les faits divers. »

Pour le policier de la BRI, la mise sur le marché de ce type de produits devenait donc une urgence. « Je suis parent d’élève et je me suis rendu compte qu’on demandait encore aux institutrices d’installer des chaises devant leur porte pour protéger leur classe en cas d’alerte attentat. Je trouve ça aberrant qu’on en soit encore là. » Avec le Lockoff, l’objectif est de faire gagner de précieuses minutes aux forces de l’ordre.

BlackEyes, qui a déjà été primée au Concours Lépine International 2023, aux Trophées de la sécurité ( Lauréat Or 2023 ) et qui a reçu la Médaille d’Or du Concours Lépine International Paris ( prix du Ministère de l'Intérieur 2022 ), ne compte pas encore de salarié. Mais la startup envisage de recruter rapidement des commerciaux pour déployer sa solution. « Nous travaillons avec des distributeurs - des vendeurs d’alarmes incendie notamment - et en vente directe, via un site e-commerce. Nous comptabilisons déjà 500 ventes. Le but, désormais, est de susciter l’intérêt des politiques et d’accélérer », poursuit le fondateur qui envisage déjà de cibler l’international.