L'événement a fait salle comble ce jeudi 23 novembre à Lyon. Dans les locaux du siège lyonnais du CIC, avait lieu la finale Rhône-Alpes des CIC Start Innovation Business Awards. Organisé chaque année, ce concours vise à récompenser par des prix et dotations financières les startups les plus prometteuses des différentes régions, avant l'organisation d'une grande finale, qui aura lieu à Paris dans les locaux de Station F le 12 décembre.

Patrice Cauvet, directeur général de "CIC Lyonnaise de banque", a inauguré cette 8ème édition du concours qui vise à "mettre en valeur l'énergie entreprenariale sur les territoires". Il explique que sur 266 candidats - "bien plus que l'an dernier" -, le jury local a dû en retenir d'abord 20, venus pitcher lors des demi-finales à huis-clos. Ce jeudi soir, huit finalistes sélectionnés parmi eux devaient présenter face au public leur projet, en trois minutes chrono.

Le prix Scale attribué à une initiative écologique

Trois prix ont été remis aux gagnants, chacun donnant droit à 10 000 euros de fonds, qui s'ajouteront pour le grand gagnant à Paris à 30 000 euros supplémentaires. Le prix Scale, qui devait récompenser une jeune pousse affichant un chiffre d'affaires d'au moins 500 000 euros et ayant levé au moins un million d'euros, a été attribué par un jury d'experts et expertes à BeFC. Basée dans l'Isère à Grenoble, l'entreprise a développé une pile biologique en papier, organique, compostable et biodégradable. Elle est en effet réalisée avec des enzymes qui convertissent le glucose et l'oxygène... en électricité.

Son cofondateur, Julien Fournis, nous explique que son projet est né d'un constat simple : "on retrouve dans la plupart des appareils connectés des piles miniatures. Or ces piles ont un fort impact environnemental, puisqu'il est particulièrement cher et complexe de les recycler." "Chaque année, poursuit-il, on en produit 15 milliards dans le monde, ce qui équivaut en quantité de métal nécessaire, à 29 statues de la liberté..." BeFC, qui espère déjà bien gagner la finale à Paris, a déjà levé des fonds en série A, à hauteur de 16 millions d'euros. Pour son dirigeant, le concours devrait apporter une "belle visibilité", et notamment aider au recrutement. En forte croissance, la startup compte déjà 45 employés, mais embauche actuellement une dizaine de personnes chaque mois...

Une application mobile récompensée par le prix Impact

OOrion, basée à Lyon, a quant à elle été récompensée par le prix Impact. Stéphanie Robieux, venue présenter le projet, et Thomas Brisson, tous deux ingénieurs, l'avaient imaginée après la rencontre avec une personne aveugle. Christine, 45 ans, leur avait raconté avoir perdu 20 minutes à quatre pattes dans son hall d'immeuble, pour tenter de retrouver ses clés, malencontreusement tombées de sa poche.

"On s'est rapidement rendus compte qu'en fait, 1,7 million de personnes en France ayant une déficience visuelle perdaient leur temps à retrouver et localiser des objets...", explique la cofondatrice sur scène. Pour y remédier, ils ont imaginé une application mobile capable de localiser n'importe quel objet "de façon très précise, ce que les autres applications de ce type-là ne faisaient pas". "Il n'y a ni besoin de puce ou balise sur l'objet, ni d'une connexion à internet, ni de système de géolocalisation, nous précisera ensuite Stéphanie Robieux, le smartphone en main pour une démonstration. Tout fonctionne grâce à la caméra intégrée au téléphone et une IA qui reconnaît les objets de façon instantanée lorsqu'on balaye notre environnement." Plus elle s'approche de la plante verte en pot évoquée à l'instant par commande vocale, plus son téléphone se met à vibrer. Si elle s'en éloigne, un son l'alerte. Elle pourrait ainsi s'approcher et l'arroser sans difficulté, même si sa vision était fortement réduite.

Pour OOrion, 10 000 euros, "ce n'est pas rien". 300 000 euros ont pour le moment été levés par l'équipe, mais il reste encore de nombreux projets à financer. Parmi eux, l'expansion à l'international, en assistant notamment à des événements comme le mythique CES de Las Vegas. Et puis, il y a "la version pro" de l'application, qui permettrait à des entreprises ou organismes de pré-enregistrer des objets avec plus de détail. "L'exemple parfait, précise Stéphanie Robieux à ce sujet, c'est celui d'un musée qui pourrait répertorier les oeuvres qu'il propose. Une personne aveugle ou avec une déficience visuelle pourrait visiter le musée et découvrir les collections de cette façon."

Le coup de coeur du public : place à la Health Tech

Le prix Start coup de coeur du public, pour lequel toutes les personnes présentes sur place ou sur le live YouTube pouvaient voter, a été enfin attribué à ACS Biotech. La startup villeurbannaise, née au départ d'une collaboration avec le CNRS, a mis au point un gel "prêt à l'emploi" qui aide à réparer les lésions de cartilage pouvant survenir à la suite d'un choc traumatique ou d'une maladie dégénérative, comme l'arthrose par exemple. Pour sa fondatrice Pascale Hazot, le prix sera l'occasion de contribuer au financement de leur première étude clinique. "Mais il n'y a pas que la dotation financière, observe-t-elle. Ces derniers jours, on a pu bénéficier d'ateliers d'accompagnement dans le cadre du concours, pour nous aider par exemple à développer un site web plus attrayant, lever des fonds... Et puis, on a pu rencontrer et prendre contact avec des fonds d'investissements via le jury." Cela tombe bien, puisqu'ACS Biotech, qui a déjà levé un million d'euros, et deux de plus en non dilutif, prépare sa prochaine levée de fonds, dont le montant reste pour l'instant confidentiel....