Une étude portée par Colissimo a montré que 37 % de l’impact environnemental du e-commerce provient de l’emballage. Même si 80 % des commandes sont emballées dans du carton (20 % dans du plastique), « la filière du recyclage d’emballages est totalement submergée par les quantités à traiter », partage Anne-Sophie Raoult, cofondatrice de Hipli qui a travaillé 10 ans en supply chain, notamment pour le groupe Carlsberg. 32 % des cartons en France ne sont pas recyclés et finissent incinérés ou enfouis ; le carton n’est pas un matériau qui permet une réutilisation infinie (maximum 7 fois constate l’Ademe) et le procédé de recyclage reste très énergivore. Il consomme beaucoup trop d’eau, de solvants et d’énergie.

Le nombre de colis ne cesse d’augmenter

La montée en puissance des plateformes de vente de seconde main est une épée à double tranchant. D'un côté, ces marchés favorisent l'économie circulaire en offrant une seconde vie aux objets, réduisant ainsi l'empreinte écologique de produits fabriqués à l'autre bout du monde. De l'autre, cette démocratisation a un coût caché : l'explosion du nombre de colis en circulation. Chaque transaction effectuée sur des plateformes telles que Vinted, Le BonCoin ou eBay entraîne un nouvel envoi, et le nombre de renvois explose (4,5 % des ventes sur Vinted sont non conclues et sont ré-expédiées).

Même si certains de ces emballages sont recyclables, leur production, leur transport et leur traitement consomment des ressources et de l'énergie. Cette réalité crée une tension entre la volonté des consommateurs de privilégier une économie plus circulaire et la logistique résiduelle sous-jacente à la surconsommation. Alors que nous nous efforçons de donner une nouvelle vie aux objets, nous devons être vigilants pour ne pas créer un autre monstre : celui de la surconsommation d'emballages.

Un objectif inscrit dans la loi

La Loi AGEC, relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, adoptée en 2021, marque une étape significative dans la transformation des pratiques environnementales et industrielles en France. L'un des objectifs de cette nouvelle législation est d'augmenter la part des emballages réemployés par rapport aux emballages à usage unique. Un des objectifs pour 2027 est d’atteindre 10 % des emballages réemployés mis sur le marché français.

Bien que ce chiffre puisse sembler modeste, il entraîne un changement radical dans la manière dont les industriels, les commerçants et les consommateurs envisagent leurs modes de consommation d'emballages. Le modèle linéaire de "produire - utiliser - jeter" doit ainsi être réorienté vers un modèle circulaire, où les emballages sont conçus pour être réutilisés à plusieurs reprises.

Réconcilier l’économie circulaire et la supply chain du e-commerce

La proposition de valeur de la startup Hipli réside dans son approche circulaire visant à résoudre un problème linéaire : celui des déchets générés par une chaîne logistique. En offrant une solution d'emballage réutilisable, flexible, économiquement avantageuse et indépendante des services de transport, Hipli s'est imposée comme un acteur clé de la transition vers une économie plus durable auprès des marques.

Hipli a développé deux types de colis brevetés, réutilisables jusqu'à 100 fois : trois modèles de colis souples (des enveloppes) et trois modèles de colis rigides ("colis box"). Les marques partenaires proposent sur leur site internet l'option à leurs clients : soit un emballage classique, soit un colis réutilisable pour leur achat. À la réception du colis, les consommateurs ont le choix : soit retourner l'emballage à l'expéditeur en le déposant dans une boîte aux lettres de La Poste, soit l'utiliser à titre personnel.

Grâce à une application intégrant un QR code unique pour chaque colis, le retour à l'expéditeur s'effectue en un clin d'œil. La majorité des utilisateurs (environ les deux tiers) préfèrent renvoyer leur emballage pour qu'il entame une nouvelle vie. C'est ainsi que Hipli a réussi à créer une chaîne vertueuse où les clients sont incités à opter pour des emballages durables. La solution plaît et affiche un NPS (Net Promoter Score, taux de satisfaction) impressionnant de 93 %.

Lancée en juillet 2020, plus de 350 marques ont déjà adopté Hipli comme solution d'emballage durable. Cette offre donne aux entreprises l'opportunité d'être plus responsables sur le plan environnemental. « Au lancement, nos clients étaient surtout des marques de prêt-à-porter (Balzac Paris, Soi Paris, Lemahieu, etc.), puis des marketplaces comme la Camif, les Galeries Lafayette ou encore CDiscount. Enfin, nous avons élargi notre portefeuille de clients à des domaines plus vastes : la cosmétique (notamment le Laboratoire SVR), la santé (Lentilles Moins Chères) ou l'alimentation (Fauchon). Depuis le début de notre aventure, nous travaillons avec différents transporteurs Colissimo, Mondial Relay, Relais Colis… Avec eux, nous prévoyons d'élargir notre offre, que ce soit en termes de formats ou de facilités de retour. »

Hipli, la startup qui incarne l’innovation responsable

En conjuguant technologie, écologie, une solide éthique entrepreneuriale et un ancrage territorial fort, Hipli trouve toute sa place sur la carte du MaddyTour 2023 parmi les lauréates des belles startups à surveiller. Ce qui rend cette startup vraiment spéciale, c'est son ADN sculpté autour de trois piliers : l'impact positif sur la planète, la pérennité du modèle économique et une transparence totale.

« Ces trois objectifs ont été énoncés un jour, autour d'un café, au coin d’une table. Nous n'avons pas brainstormé longtemps pour nous accorder sur ce qui devait faire sens et guider chacune des décisions que nous prenons. Nous les appelons “nos étoiles polaires” : des repères infaillibles au fondement de ce projet collectif et qui, jusqu'à aujourd'hui, nous ont permis de naviguer dans ce monde complexe de la logistique, de l'e-commerce et de l'entrepreneuriat », partage Anne-Sophie Raoult, cofondatrice.

Aujourd'hui, l'entreprise rassemble une équipe d'une quinzaine de collaborateurs dédiés à la réalisation des ambitions de la startup : devenir l’acteur leader du colis réutilisable en Europe. « Nous avons des projets bien avancés aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre pour 2024. Nous sommes à l'étape importante de la validation de notre modèle sur le marché et il est passionnant de voir et d'agir sur le basculement majeur du paradigme de l'emballage durable », partage Léa Got, cofondatrice de Hipli.