Déambuler dans les allées de Notre-Dame de Paris au fil des siècles devient possible grâce à Histovery. « Notre solution consiste à utiliser la réalité augmentée sur des tablettes interactives pour donner à voir à 360 degrés les scènes historiques reconstituées par ordinateur et ainsi faire revivre les riches heures du patrimoine », présente Bruno de Sa Moreira, cofondateur d’Histovery qui se positionne aujourd’hui comme leader mondial de la visite augmentée.

Avant de révolutionner les visites guidées et de renvoyer les audioguides au placard, avec son associé et ami Edouard Lussan, ils ont répondu à un concours de scénographie destiné au Château de Falaise. « Nous achevions la coproduction d’une docufiction pour Arte sur Guillaume le Conquérant, né dans ce château. Nous avions une bonne connaissance du site, un donjon normand du 11ème siècle. Nous avons eu l’idée de montrer ce lieu à cette époque. Le reconstituer physiquement demanderait un budget pharaonique alors que la technologie nous permet de le faire pour moins cher. »

Histovery rend le patrimoine ludique et convivial

Retenus, les deux hommes lancent alors Histovery en 2014 avec l’idée de développer les visites en réalité augmentée pour d’autres sites. Depuis, la jeune pousse a grandi jusqu’à compter désormais 35 salariés et proposer ses tablettes, les Histopads, dans une vingtaine de sites culturels en France et en Allemagne, et ainsi toucher 2,5 millions de visiteurs. « Notre atout majeur consiste à rendre la visite culturelle plus attractive, plus engageante et plus fun. Par ailleurs, quand l’audioguide isole l’utilisateur pendant la visite, nos tablettes créent de l’échange et du partage. » Bruno de Sa Moreira entend notamment réconcilier les jeunes et les vieilles pierres en s’appuyant sur la technologie moderne du jeu vidéo sans renier sur l’authenticité des faits. « Pour chaque projet, nous nous entourons d’un comité scientifique qui réunit des experts du sujet qui vont valider nos propositions. Pour les collectivités ou structures avec lesquelles nous travaillons, c’est le gage de la qualité et de la réalité. » 

Les visiteurs plus âgés échangent avec les jeunes, profitent d’un contenu de qualité tandis que la réalité augmentée leur permet d’avoir accès à des lieux qui restaient jusque-là inaccessibles. « Au Château de Chambord, au Palais des Papes, à la Conciergerie… On donne à voir l’invisible, que ce soit en reconstituant le passé ou en montrant, en un clic, ce qui se cache derrière une porte fermée à clé, en visitant les sous-sols par exemple. » 

Un patrimoine accessible à tous et partout

Accessible en plusieurs langues mais aussi adaptée aux malvoyants, malentendants et aux personnes à mobilité réduite, la tablette contribue, selon le cofondateur, à tendre la main au visiteur. « Les acteurs du patrimoine n’attendent plus qu’une curiosité de chacun les fasse venir. Ils satisfont un public moderne, particulièrement sollicité dont il devient difficile de capter l’attention, en lui offrant une médiation culturelle moderne mais respectueuse du passé. » Par l’intermédiaire des tablettes, les infrastructures profitent également de données à analyser sur le parcours du visiteur et son comportement lors de la visite. 

Désireuse de faire le pont entre des sites parfois délaissés ou perçus comme poussiéreux et une aventure numérique, Histovery devient ambassadrice du patrimoine national. Ainsi, l’exposition itinérante consacrée à Notre-Dame de Paris, dont les portes sont fermées le temps de sa reconstruction, sillonne le monde, du Mexique au Canada en passant, notamment, par le Japon en 2024 ou les Salines Royales d’Arc-et-Senans dans le Doubs, le 20 décembre. « Nous avons remonté l’histoire du lieu de sa construction au chantier qui l’occupe aujourd’hui. En se promenant dans l’exposition, la tablette donne à voir Notre-Dame dans le temps. Nous avons réalisé 20 scènes différentes comme celle de l’arrivée de Saint-Louis en 1241. » 

Chaque année, les tablettes profitent d’une mise à jour mais peuvent aussi intégrer de nouveaux contenus, améliorer les performances techniques ou s’adjoindre de nouvelles fonctionnalités, comme celle, pourquoi pas, permettant de faire un selfie historique.