L'incubateur Centrale-Audencia-Ensa, qui vient de célébrer ses 10 ans d’existence, est « né de l’idée que l’innovation pouvait avoir lieu aux frontières des disciplines portées par ces trois établissements d’enseignement supérieur et de recherche, reconnus au niveau national et international », raconte Pierre Durand, directeur de la structure. Une décennie pendant laquelle plus de 170 projets ont été accompagnés, environ 900 emplois créés, plus de 80 millions d’euros levés, dans quatre domaines d’innovation principaux : la santé, l’innovation digitale, la société et la consommation, l’énergie et l’environnement.

Pourtant selon Pierre Durand, « si l’incubateur a officiellement 10 ans, les premières collaborations datent de bien avant. C’est la suite logique de l’esprit entrepreneurial développé par les trois établissements depuis longtemps comme c’est le cas avec la création de Sirehna, une spin-off de l’école Centrale de Nantes dès 1986 ou encore Audencia qui avait créé dès 2003 un des premiers incubateurs de France dans la continuité de sa formation ».

Trois domaines d’expertise et trois programmes d’accompagnement

Trois écoles, trois domaines d’expertise — l’architecture, le management et l’ingénierie — et trois programmes d’accompagnement caractérisent l’incubateur. Inspire pour inspirer étudiants et enseignants-chercheurs qui souhaitent entreprendre, launch pour lancer son activité, accelerate pour structurer sa croissance. La durée d’incubation peut aller de 6 à 30 mois.

Pour Launch et Accelerate sont prévus un hébergement possible dans un lieu totem de 700 m² sur le Campus Centrale Nantes, la mise en réseau mais aussi bien entendu l’accompagnement par un program manager, un mentor et un réseau d’experts pour tous les sujets traités par le porteurs de projet. « Mais aussi dans certains cas du financement, car les écoles peuvent entrer au capital des startups, notamment Centrale Nantes sur la deeptech ou Audencia avec le format d’amorçage », ajoute Pierre Durand.

“La proximité des laboratoires est irremplaçable”

L'un des aspects unique de l'incubateur est sa proximité avec les laboratoires de recherche et les plateformes expérimentales qui permet l’émergence et le développement de startups deeptech.
« Nous sommes une entreprise de haute technologie et la collaboration avec les laboratoires de Centrale Nantes nous apporte une expertise clé pour développer nos innovations. La proximité des laboratoires est absolument irremplaçable ; quand un problème se pose, la possibilité d’aller chercher une ressource et de trouver une solution rapidement donne un avantage certain à l’entreprise », témoigne Stéphanie Houel, secrétaire générale de Farwind Energy, une spin-off de l’école centrale de Nantes passée par l’incubateur pour développer sa solution d’exploiter le vent en haute mer avec la création du concept de navire-énergie de 80 mètres de long et 30 mètres de large.

Un principe fondateur fort : l’hybridation

L’incubateur porte un principe fondateur fort : l’hybridation « des disciplines qui permettent de créer des projets innovants et responsables, mais aussi de composer des équipes mixtes fortes de regards croisés », souligne Pierre Durand.

Un des exemples type de cette hybridation se retrouve dans la startup D-Vine qui a trouvé sa source dans l’incubateur Centrale-Audencia-Ensa. Son idée de « Nespresso des grands crus », qui permet de servir un verre de vin dans les meilleures conditions d’aération et de température, a été rendu possible par un travail d’ingénierie notamment sur la mécanique des fluides avec l’école Centrale de Nantes, l’expertise stratégique d’Audencia qui a permis à la startup de pivoter du B2C au B2C et les qualités de design et d’UX pour proposer la meilleure expérience client avec l’ensa Nantes. « C’était vraiment à la croisée des chemins de ces trois cœurs de métier », explique Thibault Jarrousse, cofondateur de D-Vine qui a reçu deux prix au CES et la médaille d’or du Concours Lépine Europe.

Le positionnement impact

L’impact est aussi devenu un axe fort de l’incubateur, d’autant que « nous avons dans les fondements et lignes de forces dessinées dès 2013 la volonté ensemble entre les 3 écoles de promouvoir des innovations bonnes pour la société », précise Christophe Collignon, directeur général adjoint d’Audencia. Une ambition qui se concrétise notamment par l’ouverture de Gaïa, une école adossée à Audencia, dédiée aux stratégies et pratiques managériales à impact positif. Elle sera intégrée courant 2024 dans les programmes Launch et Accelerate pour faire grandir les entrepreneurs sur la mesure et l’appréhension systémique d’un impact dans le design de leurs business models.

« Les défis écologiques et climatiques actuels imposent une métamorphose dans l’accompagnement des startups et la notion d’impact doit être au cœur du projet de tout incubateur. Je suis aussi d’ailleurs très impressionné par l’énergie qu’ont nos étudiants à vouloir changer le monde, ce qui est porteur d’espoir pour des projets durables et ce qui pousse à la transformation de nos écoles avec cette richesse assez incroyable », se réjouit Pierre Durand.

La force de la région Pays-de-la-Loire

L'incubateur Centrale-Audencia-Ensa bénéficie aussi de la force d’une région qui connaît la 3e plus forte croissance démographique en France. La Loire-Atlantique a même connu en 2022 un chiffre record pour les levées de fonds des startups : 636 millions d’euros, soit trois fois plus qu’en de 2021 ! La région a la particularité d’être constituée d’un tissu économique divers mais près de la moitié des startups sont positionnées sur trois enjeux majeurs pour construire le monde de demain : santé, énergie et mobilité.