Née dans ce qui se nommait encore la Tchécoslovaquie, Barbara Paldus a réalisé une partie de ses études en France et en Allemagne avant de valider son baccalauréat au Canada. C’est ensuite dans la baie de San Francisco qu’elle s’est installée pour lancer ses premières entreprises qui sont immédiatement tournées vers la science. D’un côté avec Picarro et la détection des gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique, et de l’autre avec Finesse Solutions et la création d’équipements biotechnologiques pour les vaccins, les traitements contre le cancer et la thérapie cellulaire.

Pour cette dernière entreprise dont elle est la CEO, elle parcourt le monde pour en développer les ventes. Malheureusement, son fils est diagnostiqué d’un trouble déficit de l’attention qui la pousse à reconsidérer la fréquence de ses voyages. Elle revend alors Finesse Solutions à l’entreprise Thermo Fisher Scientific avant de chercher une nouvelle activité qu’elle pourrait développer depuis chez elle. Il se trouve que son fils avait aussi développé une allergie au phénoxyéthanol, une formule utilisée dans de nombreux produits dermatologiques tels que les crèmes pour la peau ou les crèmes solaires. À l’époque, des études creusent une possible relation de cause à effet entre cette formule et le trouble déficit de l’attention et l’autisme. La France a notamment essayé d’éliminer le phénoxyéthanol des produits pour les enfants âgés de 0 à 3 ans. 

Pourquoi détruire le microbiome naturel ?

Venant du monde de la biotechnologie, Barbara Paldus explore le sujet pour imaginer un système de conservation différent qui donnera naissance à Codex Labs. « Le phénoxyéthanol est une molécule basée sur le benzène qui est un carcinogène qui peut changer le développement du fœtus. Avec des produits comme le phénoxyéthanol ou la parabène, les cosmétiques entraient en guerre contre le microbiome naturel (une communauté de micro-organismes que l'on retrouve sur toute la surface du corps, ndlr) et je trouvais cela débile de détruire la symbiose avec ces bactéries qui sont naturellement sur notre peau depuis des milliers d’années », explique-t-elle à Maddyness. 

Avec ses équipes, elle va développer un système désormais breveté à base de ferments de lactobacillus. Cela va coûter deux à trois euros supplémentaires par tube et l’industrie refuse de l’adopter. « Ils voulaient voir si le client était vraiment prêt à dépenser deux à trois euros de plus pour ses produits. On est donc allé en Irlande où je connaissais une petite entreprise en difficulté qui s’appelait BIA. On les a rachetés. On a enlevé le phénoxyéthanol de leurs formules pour mettre notre système PreservX. » Le succès est immédiatement au rendez-vous pour Codex Labs avec un décollage qui se fait d’abord en Tchéquie et en Slovaquie. 

Une entreprise internationale par nature

Si Barbara Paldus vit en Californie, elle décide pourtant d’implanter l’entreprise Codex Labs en République tchèque : « On a décidé de ne pas lancer aux États-Unis parce qu’il y a beaucoup de bruit et de storytelling sur ce marché… il n’y a pas vraiment une croyance dans la science ou une curiosité scientifique comme il peut en avoir en Tchéquie. » La marque réalise néanmoins une partie de sa production aux Etats-Unis et se dit américaine.

Après le rachat d’un acteur irlandais qui lui servira de rampe de lancement, l’entreprise se cherche un partenaire pour réaliser l’ensemble de ses essais cliniques. « On a mis en concurrence 5 laboratoires. Un en Allemagne, un en France et trois aux États-Unis. La qualité de l’expérimentation et des essais cliniques américains étaient un désastre. Le laboratoire en France avait des résultats consistants, avec des résultats précis et crédibles. Leur méthodologie de recrutement des patients était aussi faite avec une diversité et une éthique très élevées. »

Codex Labs signe donc avec le laboratoire Eurofins Dermscan à Lyon, qui lui semble être la meilleure solution. Une collaboration qui a débuté en 2018 et qui se poursuit encore aujourd’hui. La France ne représente pourtant aujourd’hui que 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise qui fait la majeure partie de ses résultats en République tchèque. Une situation qui pourrait bien changer alors que Codex Labs souhaite poursuivre son internationalisation et a recruté une équipe de trois personnes travaillant sur le développement de la marque sur le marché français.