La pandémie a généré une tendance croissante à adopter une approche plus durable et responsable, et parmi ceux qui ont embrassé cette perspective se trouve Amélie Guicheney, fondatrice et PDG de Gaya, constructeur de vélos cargo électriques. Après avoir occupé des postes en tant que salariée, où elle a évolué avec succès dans le domaine de l'innovation produit et du conseil en stratégie et marketing, elle a choisi de mettre ses compétences au service du comité exécutif d'Evaneos, une scaleup dédiée aux voyages écoresponsables. Mais la pandémie vient transformer profondément le paysage de la mobilité et redéfinit ses priorités.

« Nous nous sommes tous mis à réfléchir au monde d’après. J’étais alors enceinte de mon premier enfant et ces nouvelles réalités ont non seulement souligné l'importance de l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, mais également renforcé mon engagement en faveur de l'impact social et environnemental dans le contexte professionnel. » En 2021, Amélie Guicheney - qui s’est récemment vue récompensée du Bold Future Award par la Maison Veuve Clicquot - fait la rencontre de Jacques Bonneville qui évolue depuis 35 ans dans le secteur de la mobilité en qualité d’ingénieur, et ensemble, ils décident de réinventer l’usage du vélo électrique. « Nous voulions une solution de mobilité qui s'adressent à toutes et à tous les urbains, habitués du deux roues comme néophytes, pour un usage quotidien. »

Des ajustements apportés pour coller aux attentes des utilisateurs

A l’été 2021, leur initiative se concrétise par le développement de deux prototypes distincts, à savoir le Gaya Compact et le Gaya Cargo. Durant cette phase cruciale, ils soumettent les prototypes à une cinquantaine de personnes pour des tests approfondis. « Les retours ont été empreints de bon sens et nous ont permis d'apporter des améliorations substantielles aux deux modèles qui, aujourd’hui regorgent d'ingéniosité. Capables de supporter jusqu'à 160 kg de charge, ils sont disponibles en deux tailles distinctes. Le modèle standard permet le transport de deux adultes, là où un vélo "classique" limite le poids du passager à 25 kg, tant sur le plan légal que technique. La version allongée offre quant à elle la possibilité de transporter deux enfants à l'arrière », témoigne la fondatrice.

Afin de surmonter les appréhensions fréquentes liées à la conduite en milieu urbain, en particulier celles ressenties par les femmes, des ajustements significatifs ont été apportés à la géométrie du vélo électrique. « Le diamètre des roues a été réduit pour améliorer la stabilité et la maniabilité. Pour une visibilité optimale et une sécurité accrue, des caractéristiques telles que des clignotants à l'avant et à l'arrière, un klaxon, ainsi qu'un phare imposant inspiré des mobylettes ont été intégrés », détaille Amélie Guicheney.

Pour pallier le frein d'achat lié au vol, un traceur GPS a été intégré au vélo électrique. Ce dispositif ingénieux, connecté au smartphone du propriétaire, offre une fonctionnalité essentielle en cas de suspicion de vol : la possibilité de bloquer l’assistance électrique du vélo. Cette approche axée sur la collaboration et les retours d'expérience représente une étape essentielle dans le processus d'idéation. « En parallèle, j'ai créé un site et lancé quelques campagnes marketing pour tester la traction digitale. Les indicateurs de conversion étaient bons », explique Amélie Guicheney.

Le développement se poursuit avec un financement participatif

Après des résultats prometteurs, l'équipe décide de concrétiser opérationnellement Gaya à l'automne 2021 et réussit à lever 2 millions d'euros au printemps 2023. Cette levée de fonds réunit Via ID, le fonds d'investissement et accélérateur de startups spécialisé dans les nouvelles mobilités de Mobivia, un partenaire de longue date, ainsi que Karmen, un leader du financement basé sur les revenus pour les entreprises digitales. Pendant cette période, ils lancent la commercialisation en ligne et inaugurent leur première boutique-atelier, idéalement située sur les rives du canal Saint-Martin. L'accueil a été immédiatement enthousiaste, et depuis lors, l'entreprise a généré un chiffre d'affaires dépassant les 6 millions d'euros. Actuellement, plus de 2.800 vélos, tous prévendus avant leur production, circulent sur les routes de France.

Pour poursuivre leur développement, ils lancent désormais une campagne de financement participatif sur la plateforme Lita.co. « Gaya est une marque communautaire. Le perfectionnement du produit, le développement d’accessoires s’est fait grâce à la communauté et nous venons de répondre à une de leurs attentes principales en rebasculant l’assemblage du vélo en Vendée. Le financement participatif s’inscrivait dans l’ADN de Gaya. L’objectif est d’aller chercher un million d’euros qui viendra compléter la participation de nos investisseurs historiques - Via ID et un investisseur industriel - qui se réengagent à hauteur de 2 millions d’euros. Ces fonds viendront financer plusieurs chantiers : faire de la croissance et s’ouvrir au réseau de détaillants sur la France, mais aussi à l’international, poursuivre la relocation des pièces à valeur ajoutée en mettant l'accent sur l'intensification de l'éco-conception afin d'accroître la réparabilité par les usagers. »