Dans un scénario net zéro à l’horizon 2050, le paysage énergétique n’aura plus rien à voir avec ce que nous connaissons depuis la révolution industrielle. La part des énergies fossiles très carbonées, comme le charbon, le gaz ou le pétrole, devra passer de près de 80 % aujourd’hui à moins de 25 %. Un scénario net zéro, c’est un monde où le photovoltaïque et l’éolien représenteront près du 1/3 de la production énergétique. Celle-ci devra être stockée grâce à des barrages, des batteries, ou d’autres dispositifs plus innovants comme par exemple les SMES (superconducting magnetic energy storage) durant les périodes où il n’y a ni vent ni soleil.

Un scénario net zéro, c’est un monde où les petits réacteurs nucléaires, les fameux « Advanced Modular Reactors », produiront de l’énergie en continu pour nos besoins industriels et pour produire des vecteurs énergétiques décarbonés, comme l’hydrogène. Un scénario net zéro, c’est un monde où la matière n’est pas jetée, mais retransformée pour être réutilisée, comme la biomasse ou les matériaux critiques de transition, tels que le lithium, le cobalt ou encore le nickel. Dans une société neutre en carbone, l’énergie est produite localement et chaque pays est maître de son destin.

La Terre est une grosse boule de matière flottant dans un espace, tantôt glacé, tantôt brûlant, voyageant à 29,8 kilomètres par seconde autour du soleil. Le défi est majeur pour les grands acteurs énergétiques. Au rythme des transformations nécessaires pour éviter la catastrophe climatique à grande échelle, rien que dans le secteur des énergéticiens, ce sont plus de 100 milliards d’euros de PIB qui doivent passer, chaque année, du fossile au renouvelable. Les entreprises qui voudront encore exister demain doivent dès aujourd’hui se transformer massivement et le temps nous manque déjà ! Il faut se rendre compte de l’extrême fragilité de notre existence. L’homme peut survivre plus ou moins entre -20 et 50 degrés Celsius. Il nous faut suffisamment d’effet de serre pour ne pas avoir froid, mais pas trop pour ne pas suffoquer. Or, depuis 1850, tels des apprentis sorciers irresponsables, nous modifions à un rythme qui s’accélère dangereusement le fragile équilibre du mélange des gaz qui forment notre atmosphère dont le volume est fini. Nous provoquons ainsi de façon certaine la cause de l’effet que nous déplorons : un changement planétaire qui rendra notre présence sur Terre impossible. Nous devons prendre conscience de cette vulnérabilité !

Le temps nous manque et le chemin à parcourir, gigantesque. D’après l’Agence Internationale de l’Énergie, près de la moitié des technologies nécessaires à l’atteinte de la neutralité carbone ne sont pas matures ou n’ont pas encore été inventées. En prenant en compte le temps nécessaire au développement de ces technologies et au déploiement des infrastructures qui les sous-tendent, les investissements critiques doivent tous être engagés et financés avant 2025.

J’en suis convaincu, il est essentiel d’investir aujourd’hui dans les technologies énergétiques de demain pour qu’il y ait, pour nous tous, un lendemain.