C’est en faisant ses courses dans un supermarché qu’Héloïse Lamotte a eu l’idée de ce service intergénérationnel. « En voyant le nombre de personnes âgées dans le magasin, j’ai fait le lien avec une étude qui disait que les seniors étaient souvent isolés socialement. Je me suis mise à la place du distributeur : pourquoi ne pas capitaliser sur une expérience client avec ces personnes qui adorent faire leurs courses en supermarchés, en leur proposant les services d’un “compagnon d’emplettes“ ?». Selon une étude des Petits Frères de Pauvres de 2021, le nombre d’aînés isolés des cercles familiaux et amicaux a plus que doublé entre 2017 et 2021, passant de 900 000 à 2 millions. 

Diplômée de l’école de commerce l’ESSCA, la jeune femme de 26 ans commence par poser une affichette dans un supermarché des Pyrénées-Orientales d’où elle est originaire, pour tester son idée. « Les premiers retours clients m’ont beaucoup encouragée, raconte-t-elle. Pour certaines personnes, la sortie en supermarché était leur seule activité de la journée et elles étaient ravies de pouvoir être accompagnées par un étudiant, de l’accueil du magasin jusqu’au chargement du véhicule ». 

Mains d’Argent prévoit une levée de fonds en 2024

Le principe de Mains d’Argent est né de cette expérience : un service clé en main vendu aux supermarchés, à raison d’un abonnement mensuel à partir de 1400 euros par mois, de mise en relation entre étudiants et personnes âgées. Le service est gratuit pour le senior, tandis que le « compagnon d’emplettes », autoentrepreneur, est rémunéré à hauteur de 12 euros de l’heure. Un an et demi après sa création, la startup compte une vingtaine de supermarchés adhérents dans toute la France, une centaine de compagnons d'emplettes et 500 accompagnements par mois. 

Partie avec un pécule de 2000 euros, la jeune Perpignanaise atteint aujourd’hui un chiffre d’affaires de 200 000 euros et prévoit une levée de fonds de 500 000 euros au premier semestre 2024, qui viendra s’ajouter à l’accompagnement d’un an du French Tech Tremplin 2023. 

« Cela va m’aider à structurer l’entreprise et à recruter, pour passer de 3 à 6 ou 7 personnes. Je compte aussi diversifier le service auprès des collectivités avec les “compagnons de marchés“, toujours dans cette dynamique de lutter contre l’isolement social des personnes âgées. Les témoignages des clients et des accompagnants sont très touchants. Pour les étudiants, ce n’est pas qu’un job alimentaire. Il apprend à aller vers les autres et permet d’ouvrir les yeux sur les besoins de nos aînés ». 

Les distributeurs y voient également plusieurs avantages : valoriser leur image de marque grâce à un service inclusif qui leur permet de viser les labels RSE, et fidéliser leur clientèle âgée, pour qui les courses deviennent un vrai rendez-vous de sociabilisation.