Le consortium WIDGeT (pour Viral Vector Intelligent Design for Gene Therapy) s’est donné pour mission d’accélérer le développement des thérapies géniques, notamment pour le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge ainsi que des podocytopathies héréditaires (maladies rénales). L’arme secrète de ce consortium, réunissant Sanofi, le laboratoire TaRGeT de Nantes Université et l'Institut Imagine, avec le soutien de Bpifrance, est la présence de Whitelab Genomics. La startup injecte une bonne dose d’intelligence artificielle pour assister au développement de thérapies qui seront plus performantes et plus rapidement sur le marché.

Créée en 2019, Whitelab Genomics compte une trentaine de collaborateurs pour développer une plateforme qui va accélérer le développement du secteur de la médecine génomique en rassemblant et organisant une vaste quantité de données. La startup annonce pouvoir diviser par trois le temps de développement d’une thérapie génique avant la phase clinique, passant de 5 à 7 ans en moyenne, pour descendre jusqu’à 2 ans.

Whitelab Genomics pour assister les scientifiques

C’est en 2014 que David Del Bourgo s’est plongé pour la première fois dans le domaine de la génomique. Il dirige ainsi l’équipe marketing et ventes d’un acteur du secteur alors que le domaine de l’ingénierie génétique est en pleine ébullition. Peu après, la Française Emmanuelle Charpentier reçoit d’ailleurs (avec l’Américaine Jennifer Doudna) le prix Nobel de chimie en 2020 pour son travail sur la technique de ciseaux moléculaires CRISPR. C’est en côtoyant certains de ces pionniers que David Del Bourgo va avoir l’idée qui donnera naissance à Whitelab Genomics.

« Je me suis aperçu que, malgré tout le talent de ces scientifiques et leurs connaissances immenses, eux-mêmes avaient du mal à appréhender la quantité d’informations qui leur arrivait, que ce soit des publications scientifiques ou des données biologiques. C’était une évidence pour moi : le cerveau humain n’est pas en capacité de gérer seul ce flux d’information. Je me suis dit qu’il faudrait qu’il y ait une plateforme d’intelligence artificielle pour venir les assister dans le développement de ces médicaments », explique-t-il à Maddyness.

D’abord incubé par le Genopole (le premier biocluster créé en France dans le domaine de la génétique), Whitelab Genomics est ensuite passée par Station F, Y Combinator et s’est vue honoré de nombreuses récompenses en rejoignant le Future 40, la French Tech 2030 ou encore la French Tech Health 20.

Sanofi, la porte d’entrée vers le consortium

Le chemin de la startup s’est pourtant lié à celui du géant Sanofi lors de son passage à Future4care, un accélérateur de startup dans le domaine de la santé, cofondé par Generali, Orange, Capgemini et Sanofi. En parallèle, l’entreprise a réalisé une levée de fonds de 10 millions d’euros auprès de OMNES Capital et Debiopharm en 2022.

À force d’échanger avec les équipes de Sanofi, la petite startup réussit à se faire embarquer fin 2023 dans la création d’un consortium faisant partie du plan France 2030 du gouvernement, pour pouvoir créer des filières souveraines en biothérapie. Financé à hauteur de 17,95 millions d’euros, cet assemblage de quatre acteurs très complémentaires annonce vouloir faire de la France un leader mondial de la thérapie génique.

« C’est un beau consortium avec une petite startup comme nous, très agile et rapide, qui a besoin que ça aille vite et qui a des moyens relativement limités. Un grand groupe pour coordonner le tout, puis deux acteurs plus académiques qui ont l’expertise clinique pour faire valider des candidats médicaments », explique David Del Bourgo.

Tout est encore à faire pour ce consortium, mais le CEO de Whitelab Genomics se montre confiant sur le fait qu’il aura un impact significatif sur les soins aux patients.