Comme tous les autres secteurs de la tech, la santé digitale a connu des hauts et des bas, suscitant des interrogations légitimes de la part des observateurs. Les situations de BioSerenity, malgré les 80 millions d'euros levés depuis 2017, ou de Pear Therapeutics aux US (+400M$ levés) ont pu être interprétées comme un signal d'alarme. Mais ces cas isolés ne doivent pas occulter le potentiel immense de ce secteur. Au contraire, la baisse globale des valorisations du domaine de la santé digitale devrait constituer une incitation à investir et à soutenir cette industrie prometteuse.

Cette évolution en demi-teinte suit en réalité un pattern bien connu : après une période initiale d'excitation et d'investissements parfois imprudents, le marché s'ajuste. Les succès et les échecs servent de leçons et permettent une croissance plus saine et durable. Le domaine de la santé connaît ainsi une révolution digitale qui s’inscrit au quotidien et qui s’accélère avec l’utilisation de l'intelligence artificielle et l’évolution favorable de la réglementation en matière de données de santé et d’accès au marché et de remboursement.

L'histoire nous enseigne que les moments de doute et de défiance sont parfois les meilleurs pour investir

Aujourd’hui, en tant qu'investisseurs, il nous paraît essentiel de reconnaître le potentiel économique de la santé digitale. Investir maintenant, c'est anticiper les succès futurs et contribuer à une transformation profonde du secteur de la santé, en soutenant le développement de sociétés qui vont se hisser au rang de leaders mondiaux.

La santé digitale, malgré les difficultés récentes, est un domaine d'avenir. Doctolib, incontournable exemple, premier fruit de la digitalisation avec un cas d’usage initial simple de gestion d’agenda, a su s’imposer en répondant à des problématiques organisationnelles simples. Depuis quelques semaines, d’autres signaux faibles positifs se manifestent. La startup Phenomic AI, en concluant un accord stratégique avec Boehringer Ingelheim, laboratoire pharmaceutique mondial, montre la pertinence de sa technologie pour un secteur pharmaceutique en quête d’innovations. Cette collaboration qui vise à accélérer la découverte de nouveaux médicaments en utilisant l'intelligence artificielle pour analyser des données complexes illustre, plus largement, la manière dont la technologie numérique peut révolutionner la recherche et le développement dans le secteur de la santé. De la même façon, on pense naturellement à Aqemia qui a développé une plateforme combinant physique théorique et intelligence artificielle pour la recherche de médicaments et qui vient de nouer un partenariat de 140 millions de dollars avec Sanofi pour travailler sur les tumeurs cancéreuses.

Ces partenariats stratégiques récents ne sont que la partie émergée de l'iceberg

Ils illustrent l'intérêt croissant des grandes entreprises pharmaceutiques pour les innovations digitales et confirment l'immense potentiel de ce domaine. Les solutions de santé digitales peuvent répondre à certains des besoins cruciaux des systèmes de soins (démographie médicale, désert médicaux, chronicisation des certaines maladies dont le cancer…).

La santé digitale en Europe est riche de talents, d'innovations de rupture et de savoir-faire. Nos startups ne manquent ni d'idées novatrices, ni de compétences techniques. Ce qui leur fait souvent défaut, c'est le soutien financier et stratégique nécessaire pour franchir les premières étapes cruciales de leur développement ainsi qu’un soutien politique renforcé qui peut se matérialiser par l’accès à des remboursements clairs.

En tant qu'investisseurs, nous avons la responsabilité de reconnaître et de soutenir ce potentiel, réservoir de création de valeur pour les investisseurs et la société. Il est temps d'agir avec audace et vision : la santé digitale européenne est non seulement viable mais aussi florissante et innovante. Ne laissons pas des cas isolés et un contexte dégradé occulter cette réalité.