Le programme “ETIncelles” annoncé fin 2023 vise à faire passer 1.000 entreprises du statut de PME à celui d’Entreprises de taille intermédiaire (ETI) avant 2027. Lancé le 21 novembre dernier, il a pour objectif principal de coller davantage au modèle économique de nos voisins allemands qui peuvent s'enorgueillir de compter plus de 12.500 ETI. La France dénombre à ce jour environ 5.600 entreprises qui emploient entre 250 et 4.999 salariés, et ont un chiffre d'affaires inférieur à 1,5 milliard d'euros. C’est bien moins que l’Allemagne, mais également bien inférieur à l’Italie (8.000 ETI) ou que le Royaume Uni (10.000 ETI).

Arnaud Vaissié, membre du comité directeur de l'Institut Montaigne, expliquait récemment que : « l’un des freins majeurs au développement des PME est que le chef d’entreprise en France appréhende la croissance de son entreprise en raison des seuils fiscaux ou sociaux qui jalonnent et freinent son développement ».

Mais ce n’est probablement pas le seul facteur... Nous pourrions également citer des raisons fiscales qui limitent la transmission de l'entreprise au sein de la famille, ou encore une réglementation structurellement et pratiquement complexe, des difficultés à pénétrer des marchés étrangers ou une mauvaise maîtrise de l’anglais. Mais il n’y a pas que des causes exogènes à prendre en compte, les raisons sont également endogènes mais surtout, profondément … culturelles.

Mais pourquoi avons-nous moins d’ETI en France ?

Une priorité : décloisonner notre économie, favoriser la circulation des idées et des talents
L’objectif du programme est « d’accompagner les PME qui ont le potentiel de devenir des ETI en identifiant notamment les freins administratifs à leur croissance en permettant un pontage direct avec les administrations pour avancer rapidement ». Cependant, si l’idée est excellente, les moyens mis en œuvre ne semblent adaptés ni à l’objectif, ni au délai évoqué, et encore moins à la réalité économique et culturelle de notre pays.

Première condition pour y arriver : Il est absolument nécessaire de décloisonner notre économie et de faciliter les échanges entre startups, PME, grands groupes, ETI, écoles. La France est un pays d'étiquettes et de tiroirs et ce cloisonnement est le principal frein au développement de notre économie et de nos PME.

Deuxième condition : déployer des mesures concrètes qui peuvent aider les PME à devenir des ETI. Par exemple, mettre en place des accompagnements afin d’affiner et d’ajuster leurs stratégies à moyen et long terme, en se fixant des objectifs mesurables. Ou encore pour identifier des sociétés sur des marchés identiques ou complémentaires, puis à faciliter leur rapprochement. Choisir de travailler sur ces sujets avec des chefs d’entreprise aguerris qui sont prêts à s’engager opérationnellement aux côtés des dirigeants de PME est un levier pour être plus efficace.

Autres pistes : créer davantage de passerelles entre startups et PME pour allier savoir-faire, expériences, potentiel de disruption, technologies… ; ou encore décloisonner, faciliter les échanges, allier idées nouvelles et expérience et intégrer au sein des PME tous les talents nécessaires pour qu’elles deviennent des ETI.

C’est cet environnement que nous devons installer durablement pour faire croître nos PME, plutôt qu'un “Pass VIP” auprès de nos administrations, pour espérer faire des ETIncelles ou tout du moins tenter de rattraper nos voisins Européens.