Après une période de défiance face à la vague de l’IA générative qui a fait surgir le spectre de la disparition de millions d’emplois potentiellement automatisantes, les dirigeants d’entreprise semblent prêts à embrasser la révolution de l’IA. C’est ce qui ressort en effet des résultats du premier baromètre de la confiance des dirigeants de la tech dévoilé par Viva Technology et Wavestone. Dans ce cadre, ce sont plus d’un millier de dirigeants d’entreprise qui ont été interrogés par OpinionWay en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis entre novembre 2023 et janvier 2024.

Ainsi, cette étude révèle que 63 % des dirigeants identifient l’IA comme la technologie la plus prometteuse pour l'avenir de leur activité. Et par conséquent, 88 % d’entre eux prévoient d’investir dans ce domaine en 2024. «Les leaders et experts font confiance aux technologies pour résoudre les défis actuels et futurs. L'IA est privilégiée en raison de ses résultats concrets et immédiats, se démarquant des avancées technologiques récentes. La confiance dans une technologie s'accroît lorsque des gains tangibles sont espérés sur des sujets clés comme l'expérience client ou les gains de productivité», observe Eva Rosilio, responsable de l’accélérateur Shake’Up au sein du cabinet Wavestone.

La cybersécurité arrive en tête en France

Derrière l’IA, ce sont le cloud computing (49 %) et la cybersécurité (40 %) qui figurent parmi les technologies les plus plébiscitées par les décideurs. Il est même à noter que la cybersécurité est placée en première position par les dirigeants en France (60 % contre 57 % pour l’IA). Mais au-delà d’éventuelles inquiétudes autour de l’IA, c’est surtout le fait que près d’une entreprise sur deux (45 %) ait subi une cyberattaque réussie en 2022 qui explique le fort engouement des patrons tricolores pour les solutions de cybersécurité. En France, le big data tire également son épingle du jeu, en prenant la troisième place (31 %) devant le cloud computing (30 %). Ces champs d’action constituent de belles opportunités sur le marché de l’emploi aux yeux des Français, puisqu’ils sont 88 % à encourager activement leurs proches à considérer une carrière dans les nouvelles technologies.

Entre les défis à relever dans la cybersécurité, le besoin de nouvelles capacités de stockage dans le cloud et la révolution de l’IA pour doper leur productivité, les entreprises vont continuer à investir massivement dans les nouvelles technologies en 2024. Ainsi, 85 % d’entre elles vont augmenter leurs investissements en la matière au cours des 12 prochains mois, d’après le baromètre de Viva Technology et Wavestone.

Les patrons américains plus à l’aise que les dirigeants européens sur l’intégration des nouvelles technologies

De manière globale, 93 % des dirigeants interrogés estiment que la technologie est un allié pour faire face aux grands enjeux humains. Parmi ces derniers, l'accès à l'information et la lutte contre la désinformation (44 %), l’amélioration du système éducatif (43 %), la lutte contre les pandémies (39 %) et la crise climatique (37 %) arrivent en tête de leurs priorités pour relever les grands défis contemporains. Néanmoins, 77 % des dirigeants se disent préoccupés par les risques induits par le progrès technologique, comme la progression de la désinformation et la dégradation de la protection de la vie privée.

Cependant, ils sont 96 % à estimer que l'intégration des nouvelles technologies est un levier crucial pour doper la compétitivité de leur entreprise. Sans grande surprise, les dirigeants américains se montrent plus à l’aise que leurs homologues européens pour les utiliser afin d’améliorer la productivité et la relation client. «Cette différence s’explique en partie grâce à la dynamique d'innovation et de financement outre-Atlantique, propice à des succès plus visibles sur le court terme. Les dirigeants français et allemands adoptent quant à eux une approche plus mesurée concernant l'impact des technologies, influencée par leurs expériences personnelles. Toutefois, en dépit des défis financiers rencontrés récemment, une majorité de dirigeants voient leur perception des nouvelles technologies s'améliorer au fil de l'année écoulée», analyse François Bitouzet, directeur général de Viva Technology. En effet, 72% des répondants ont une opinion qui a évolué positivement au cours de l’année concernant l’utilisation des nouvelles technologies.

Si l’écrasante majorité des dirigeants interrogés s’accorde sur l’apport bénéfique de la technologie pour leurs activités, ils affirment être ralentis par quelques obstacles. Celui qui est le plus important est la pénurie de talents. Pour 45 % des répondants, il s’agit ainsi d’un frein à l’innovation et à la croissance de leur entreprise. Dans ce contexte, ils attendent un soutien accru des gouvernements, notamment au travers de facilités de financement pour encourager l'essor technologique des entreprises nationales. Dans ce registre, la France ne semble pas le pays le plus mal loti alors qu’une forte dynamique s’est enclenchée depuis 2013 et le lancement du label French Tech.