La génération Z fait les yeux doux au travail en freelance. Selon une étude menée par Fiverr en janvier 2024 et dévoilée ce 27 février, 72 % des Français de 16 à 26 ans envisagent de travailler en tant que freelance. Une proportion élevée, en augmentation de 14 points par rapport à l’année précédente, qui s’explique par plusieurs facteurs. « Cette génération est attirée par plus d’autonomie, plus d’indépendance, plus de souplesse, plus de liberté dans sa manière de travailler », constate Sacha Kalusevic, directeur senior du cabinet de recrutement de cadres Michael Page.

Le statut de freelance coche toutes les cases. « Il permet de travailler à distance, tard le soir, tôt le matin, mais aussi de varier les missions, quand CDI peut rimer avec une certaine monotonie des tâches », fait remarquer le directeur. « En freelancing, il y a aussi une certaine liberté dans la fixation de son prix. Le travailleur va pouvoir valoriser sa rareté ou son expérience et peut-être toucher un taux journalier moyen (TJM) supérieur à s’il était salarié en CDI. » 40 % des jeunes interrogés par Fiverr citent justement comme principale motivation au travail en freelance l’augmentation de leurs revenus.

“Génération test & learn”

D’après l’étude menée par la plateforme qui met en relation indépendants et entreprises, 43 % des Français de 16 à 26 ans sont intéressés par le fait de pouvoir établir leur propre routine et habitudes de travail. 31 % d’entre eux considèrent le travail en freelance comme une bonne solution de secours au cas où ils perdraient leur emploi, et 30 % comme un bon moyen de ne jamais être licenciés. « Cette génération va être capable de s’adapter et n’a plus les mêmes besoins que les générations précédentes, avance Sacha Kalusevic. S’ils trouvent un équilibre et un confort dans leur vie en freelance, ils vont s’y épanouir. Ils pourraient même avoir du mal à repartir sur du salariat au bout de plusieurs années. »

« Le freelancing est un marché généré par les jeunes qui ont découvert que ce nouveau mode contractuel de travail était digne d’intérêt pour eux et en accord avec leurs aspirations de carrière », note Manuelle Malot. Pour la ​​directrice Carrières et NewGen Talent Centre de l’EDHEC, la génération Z est une : « génération du test & learn. Rien n’est fondamentalement grave. On teste. Si ça fonctionne, on reste. Sinon, on part ». En somme, un jeune pourra aussi bien accepter un CDI qui lui correspond que se lancer en indépendant si aucune offre ne lui convient.

« Un marché totalement en faveur des candidats »

Si la jeune génération nourrit une exigence de flexibilité, c’est aussi parce qu’elle peut se le permettre. « On est sur un marché du travail qui est, depuis la dernière crise sévère en 2008-2009, un marché quasiment euphorique, totalement en faveur des candidats. Les entreprises ont besoin de main d'œuvre et, au fond, peu importe les modalités de travail, analyse Manuelle Malot. Jusqu’en 2030, plus de Français partiront à la retraite que l’enseignement supérieur ne produira de diplômés. » Les jeunes auront donc, pendant encore quelques années, des facilités pour trouver du travail, en freelance ou en CDI et CDD.

Le freelancing devrait ensuite rester plutôt stable. « Il correspond à une véritable réalité sociale et aspirationnelle qui devrait donc se maintenir, même après que les réalités démographiques soient rattrapées par l’économie », souligne Manuelle Malot.