Benjamin Saada n’avait en rien prévu de devenir entrepreneur. Comme pour beaucoup, c’était juste un concours de circonstances. Il n’avait que 23 ans en 2011 lorsqu’il a créé Expliseat avec Jean-Charles Samuelian (aujourd’hui CEO d’Alan) et Vincent Tejedor (aujourd’hui directeur général du numérique et des systèmes d’information et de communication du ministère des Armées). Ils ont imaginé des sièges d’avion plus légers qui permettaient de consommer 3 % de moins en carburant.

Son réflexe n’est d’ailleurs pas de créer une startup. Benjamin Saada postule auprès de plusieurs entreprises qui deviendront par la suite des concurrents. « Je n’avais pas la volonté d’être entrepreneur, mais quand j’ai vu de quelle façon était traitée l’innovation dans ses entreprises, j’ai compris que la seule chance que cela arrive… c’était de faire la boîte nous-mêmes », explique-t-il à Maddyness. « Personne ne voulait voir arriver de l’innovation dans ce secteur, confirme-t-il. On a vécu cinq ans d’une campagne de dénigrement par une société cotée en Bourse qui faisait 2 milliards de chiffre d’affaires. J’avais 25 ans et je me faisais insulter sur les plateaux télé par le CEO de cette boîte. C’était dingue ! Et sur un salon, je me suis littéralement fait agresser par l’ingénieur d’un concurrent. »

Benjamin Saada se lance sur un nouveau secteur plein d’attentes

Au bout d’une dizaine d’années à développer Expliseat, l’entrepreneur décide finalement de suivre les traces de Jean-Charles Samuelian qui avait quitté l’aventure cinq ans plus tôt. Expliseat existe toujours, sous la direction d’Amaury Barberot (jusqu’alors COO de la startup). Mais Benjamin Saada souhaite tenter de nouveaux challenges.

Quand il lance Fairmat, Benjamin Saada rencontre la situation opposée à celle qu’il a connue chez Expliseat. « J’ai eu l’impression d’arriver sur un secteur où tout le monde n’attendait que cela, explique-t-il. De nombreux industriels rêvaient que cela existe, mais il y avait très peu de solutions activables à grande échelle. »

Fairmat se lance donc avec la mission de recycler la fibre de carbone (présente sur les avions ou les éoliennes par exemple) pour proposer un matériau avec des propriétés high-tech, mais à une fraction du prix. « On ne fait pas de concurrence à la fibre de carbone neuve, quand tu fais un avion, c’est important d’avoir la meilleure fibre de carbone possible. Nous, on vient remplacer de la fibre de verre ou de l’aluminium pour un prix équivalent. Il n’y a donc quasiment plus de barrière à l’entrée pour choisir cette solution. Chez Fairmat, on propose 70 % des propriétés de départ pour 10 % du prix. »

Une proposition qui a déjà séduit de nombreuses entreprises comme Withings, la dernière en date, pour qui la startup va remplacer des pièces de métal. Cela a aussi l’avantage de faire baisser le poids du produit, et donc l’émission de CO2 sur toute la dimension de transport jusqu’au client final.

Vers la création d’une boucle infinie

Cette année, Benjamin Saada compte dévoiler le démonstrateur d’une circularité parfaite. Le projet, surnommé « Infinity loop », vise à fabriquer un objet, le démonter, le recycler et le fabriquer à nouveau sur l’espace d’une trentaine de minutes. Cette boucle infinie symbolise l’espoir de Benjamin Saada pour la société de demain : un monde où les ressources déjà extraites de la Terre seraient suffisantes pour produire tout ce dont l’humanité a besoin. Ce jeune papa d’une fille de un an et demi et d’un bébé de cinq semaines a effectivement une motivation supplémentaire pour préparer le monde des générations futures.